Question de Mme CANAYER Agnès (Seine-Maritime - Les Républicains) publiée le 13/07/2016

Question posée en séance publique le 12/07/2016

Mme Agnès Canayer. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Madame la ministre, encore ce matin, vous vous êtes félicitée des bons résultats du baccalauréat 2016 : 88,5 % des candidats ont été reçus. Vous vous attribuez le mérite de ce chiffre (Mme la ministre s'esclaffe et fait un signe de dénégation.), qui démontrerait la réussite de votre politique, quand bien même votre objectif de 80 % d'une classe d'âge n'est pas atteint.

Ces statistiques, que vous qualifiez de « progrès », semblent pourtant totalement décalées par rapport à la vingt-cinquième place de la France au classement PISA. (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Didier Guillaume. Depuis quand ?

Mme Agnès Canayer. Ces statistiques, valorisées chaque année par le ministère, ne prennent évidemment pas en compte les 20 % de jeunes de dix-sept ans qui se sont montrés incapables de déchiffrer un programme de cinéma lors de la journée défense et citoyenneté. Elles ne prennent évidemment pas davantage en compte les 120 000 décrocheurs annuels.

Comment expliquez-vous, madame la ministre, la contradiction entre ce que vous appelez « les bons résultats du bac » et le recul de la France dans les classements internationaux d'évaluation des connaissances des élèves ?

M. Jacques Chiron. 2002-2012 !

Mme Agnès Canayer. Ce recul de la France en matière d'apprentissage n'est-il pas la principale raison de la panne généralisée de l'ascenseur social ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 13/07/2016

Réponse apportée en séance publique le 12/07/2016

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il me semble qu'il faut faire un effort de pédagogie. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Le classement PISA porte sur le niveau scolaire des enfants de quinze ans, donc sur leur scolarité durant les années précédentes. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - Mme Hermeline Malherbe applaudit également.)

Mesdames, messieurs les sénateurs de la majorité sénatoriale, la vingt-cinquième place de la France dans les classements de l'OCDE est donc, par définition, le triste résultat de la politique d'austérité éducative que vous avez menée pendant dix ans. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Telle est, hélas, la réalité ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - Mme Hermeline Malherbe applaudit également.)

Revenons-en maintenant à votre question, plus générale, madame la sénatrice.

Les fondamentaux d'une politique éducative sont, en fait, assez simples. Je ne vais pas y aller par quatre chemins.

Il faut des professeurs dans les salles de classe. Nous en avons recruté 60 000 pendant ce quinquennat, quand vous avez détruit 80 000 postes. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - Mme Hermeline Malherbe applaudit également.)

Il faut de bons professeurs, ayant de l'autorité sur leurs élèves. Nous avons rétabli une formation initiale des enseignants et nous avons revalorisé leur rémunération. (Applaudissements sur les mêmes travées.)

Il faut des professeurs sur tous les terrains, en particulier là où ils avaient été particulièrement absents ces dernières années, c'est-à-dire dans les territoires ruraux et dans les quartiers populaires. (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous avons recréé ces postes ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - Mme Hermeline Malherbe applaudit également.)

Madame la sénatrice, le mérite, pour reprendre un mot que l'on aime bien utiliser sur les travées où vous siégez, c'est, finalement, pour la droite, être né au bon endroit. (Vives protestations et huées sur les travées du groupe Les Républicains, dont plusieurs membres frappent sur leur pupitre.)

Pour la gauche, pour nous, pour le Gouvernement, le mérite, c'est apprendre, c'est travailler, c'est réussir, quel que soit son milieu social d'origine. Nous nous en donnons les moyens ! (Applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et républicain. - Mme Hermeline Malherbe applaudit également. - Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Agnès Canayer, pour la réplique.

Mme Agnès Canayer. C'est l'école de la République, fondée sur le mérite et le travail, qui a été le facteur principal du renouvellement des élites.

Votre réponse, madame la ministre, prouve que votre politique est avant tout fondée sur la quantité - la quantité d'enseignants -, et non pas sur la qualité des apprentissages. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Ce n'est pas en rendant le bac accessible à tous, par une réduction des épreuves, ce n'est pas en offrant le bac au plus grand nombre que l'on garantira à ceux qui l'obtiennent la réussite de leurs études supérieures. (Mêmes mouvements sur les mêmes travées.)

Le mérite, l'évaluation, la notation ne doivent pas être suspects. Il y a urgence à redonner un sens à la notion d'« éducation nationale » ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Olivier Cadic applaudit également.)

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