Question de Mme MORHET-RICHAUD Patricia (Hautes-Alpes - Les Républicains-A) publiée le 13/01/2017

Question posée en séance publique le 12/01/2017

(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Mme Patricia Morhet-Richaud. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale.

Madame la ministre, un rapport sénatorial récent, s'appuyant sur des chiffres produits par votre ministère, a illustré les difficultés que rencontrent aujourd'hui les enseignants.

Alors que le marché du travail est tendu, le nombre de démissions d'enseignants stagiaires a triplé dans le premier degré depuis 2012. Il a doublé dans le second degré. C'est un signe.

Ce rapport relève notamment le caractère éprouvant de l'année de stage.

Votre ministère relativise ces chiffres. Je ne doute pas que vous me répondrez dans ce sens. Vous ajouterez certainement que l'éducation nationale fait face à un problème de moyens, et vous conclurez en invoquant la création de postes supplémentaires, passés ou à venir.

Je doute que vous ayez lu le rapport de la Cour des comptes de 2013, qui indiquait que le problème de l'éducation nationale n'était pas d'ordre quantitatif.

Ne pensez-vous pas que le pédagogisme, les réformes à répétition, ou encore la solitude dont se plaignent les enseignants vis-à-vis de leurs élèves expliquent en réalité le malaise que l'on observe aujourd'hui ?

Ne pensez-vous pas que l'éducation nationale et ses personnels ont avant tout besoin de missions claires, fondées sur la transmission du savoir, de perspectives et de soutien de la hiérarchie face à des classes de plus en plus rebelles à toute forme d'autorité ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 13/01/2017

Réponse apportée en séance publique le 12/01/2017

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice, je vous remercie de cette question.

Pour être tout à fait précise, le taux de démission parmi les enseignants s'élève à 0,15 %. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Je ne cherche absolument pas à relativiser cette réalité. Je tiens simplement à ce que vous ayez ce chiffre à l'esprit.

Un certain nombre d'enseignants en début de carrière constatent effectivement que ce métier n'est pas fait pour eux. Ils décident donc de le quitter.

Mme Isabelle Debré. Ce n'est pas cela !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Parallèlement, vous l'aurez sans doute noté, de plus en plus de personnes se tournent vers le métier d'enseignant après avoir suivi une autre carrière. Ainsi, près de 15 % des élèves inscrits en première année dans les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ESPE, sont en situation de reconversion professionnelle. Ce chiffre mérite d'être rapproché des 0, 15 % de démissions.

On constate tout simplement que nous vivons dans un monde où les salariés sont appelés à changer régulièrement de métier. Cette mobilité fait partie de l'évolution des cultures professionnelles.

Un sénateur du groupe Les Républicains. Tout va bien !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Pour notre part, ce qui nous importe – je vous le confirme –, c'est qu'une fois en exercice, les personnels enseignants soient bien formés, bien rémunérés, bien considérés et bien accompagnés.

L'atteinte de cet objectif passe par la recréation de la formation initiale ; elle passe également par les mesures que nous avons adoptées dans le cadre des parcours professionnels, carrières et rémunérations, les PPCR, qui nous conduisent à accompagner de manière beaucoup plus étroite les enseignants dans les premières années de leur carrière. Ainsi, nous sommes à même de répondre à leurs difficultés, de leur proposer les formations qui leur sont les plus utiles, et de ne jamais leur donner le sentiment d'être laissés à eux-mêmes.

Je tiens à vous rassurer : je ne fais pas partie de ceux qui estiment que tout va bien en matière de gestion des ressources humaines dans l'éducation nationale. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.) À mon sens, nous pouvons encore nous améliorer. Mais le travail a déjà été bien entamé au cours de ce quinquennat ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Jacques-Bernard Magner. Bravo !

M. le président. La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud, pour la réplique.

Mme Patricia Morhet-Richaud. Madame la ministre, votre réponse est convenue. Les résultats catastrophiques de la dernière enquête PISA impliquent de se poser les vraies questions. (Brouhaha sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Face à ces mauvais résultats, face à la désespérance des enseignants, plutôt que d'affronter les réalités, vous venez de nous expliquer qu'il convient de conforter et d'accentuer tous les mauvais choix qui ont conduit l'éducation nationale à cette situation préoccupante.

M. Jean-Pierre Sueur. On ne peut pas répondre avec des discours écrits à l'avance ! Il faut interdire les papiers lus !

Mme Patricia Morhet-Richaud. Vous me faites penser à cette citation de Bossuet : « Dieu rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. » (Applaudissements sur quelques travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Louis Carrère. Et bientôt, nous aurons des citations de Fillon ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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