Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - Socialiste et républicain) publiée le 03/08/2017

M. Rachel Mazuir appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la couverture vaccinale contre les infections liées au papillomavirus humain (HPV) chez les jeunes filles et les jeunes garçons.
Les papillomavirus sont des virus sexuellement transmissibles pouvant infecter les organes génitaux des hommes comme des femmes. Ils sont notamment, pour ces dernières, à l'origine du cancer du col de l'utérus touchant chaque année près de 3 000 femmes en France et causant 1 100 décès.
Pourtant depuis 2007, un vaccin protégeant contre 70 % des HPV a été mis sur le marché français. Il est aujourd'hui recommandé aux jeunes filles dès l'âge de 11 ans. Cependant, du fait notamment d'une défiance à l'égard du vaccin, la couverture vaccinale reste faible : seulement 17 % en France, classant notre pays au dernier rang européen. Grâce à l'introduction de la vaccination en milieu scolaire, elle atteint près de 80 % au Royaume-Uni, en Belgique, en Suède… où l'on observe, de fait, une forte diminution du taux d'infection mais également une réduction des cas de condylomes (verrues génitales) et de lésions précancéreuses du col de l'utérus. Il faut savoir que 31 000 lésions précancéreuses sont dépistées chaque année en France, dont la plupart nécessitent une intervention chirurgicale générant parfois des conséquences obstétricales et néonatales.
Du côté des jeunes hommes, les virus HPV peuvent entraîner des cancers du pénis - vingt fois plus fréquents chez les garçons homosexuels que chez les hétérosexuels - ; mais aussi de l'anus et de l'oropharynx (amygdales). La forte progression à l'échelle mondiale des cancers oropharyngés a d'ailleurs encouragé certains pays comme la Suisse, l'Autriche, l'Australie… à recommander la vaccination des garçons. La France vient de franchir le pas : le calendrier vaccinal publié le 24 avril 2017 par le ministère de la santé propose désormais aux hommes homosexuels de se faire vacciner jusqu'à l'âge de 26 ans.
Afin d'informer et de sensibiliser plus largement les sujets des deux sexes sur la nécessité de ce vaccin, il souhaite savoir quelles mesures le Gouvernement entend prendre et comment il compte améliorer le taux de vaccination bien trop faible des jeunes filles.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 07/09/2017

La couverture vaccinale du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) reste faible avec une estimation de 19,1 % pour trois doses chez les jeunes filles de 16 ans. Un nouveau schéma vaccinal à deux doses (au lieu de trois) est dorénavant préconisé et pourrait permettre d'améliorer la couverture vaccinale. Depuis plusieurs années, le ministère en charge de la santé a mis en œuvre plusieurs actions de promotion et d'information sur la vaccination en général. Ainsi, depuis mars 2017, un site internet grand public sur la vaccination élaboré par l'agence nationale de santé publique et la direction générale de la santé permet à tous les citoyens d'être informés sur les infections et les vaccins qui les préviennent. S'agissant de la vaccination contre les HPV chez les jeunes filles, plusieurs études ont montré, hors France, que le manque de connaissance sur les maladies liées aux HPV et les vaccins anti-HPV et l'incompréhension des parents sur l'indication à vacciner des jeunes filles pré-pubertaires avant le début de leur activité sexuelle étaient des freins à la vaccination. Des actions ciblées visant à mieux informer sur la vaccination contre les HPV sont menées en particulier durant la semaine européenne de vaccination. Cette année, l'Institut national du cancer a diffusé une infographie visant à rappeler aux familles l'intérêt de la vaccination contre les HPV pour se protéger du cancer du col de l'utérus. Les médecins généralistes, sages-femmes et gynécologues ont été destinataires d'un courriel leur adressant un document fait de questions/réponses pour faciliter le dialogue avec les familles dans le cadre de la prescription des vaccins anti-HPV. Par ailleurs, afin de mieux comprendre les réticences et d'agir sur les freins à la vaccination contre les HPV, une action spécifique du plan cancer 2014-2019 a pour objectif de « Promouvoir des études en sciences humaines et sociales et en épidémiologie descriptive sur l'acceptabilité de la vaccination en milieu scolaire pour les jeunes filles de 11 à 14 ans ». Cette action est toujours en cours. Elle se décline en plusieurs sous-projets. Elle permettra de faire un état des lieux de la vaccination anti-HPV en analysant les freins et les leviers de la vaccination en France et en Europe. À l'issue de cet état des lieux, une ou plusieurs études de recherche interventionnelle seront menées afin d'identifier des actions pouvant favoriser la vaccination contre les HPV chez les jeunes filles.

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