Question de M. BONNE Bernard (Loire - Les Républicains) publiée le 22/02/2018

M. Bernard Bonne attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la fermeture annoncée de 36 classes à la rentrée 2018 dans le département de la Loire.
L'examen attentif de ces retraits d'emploi laisse apparaître que plus des trois quarts des suppressions de classes le seront en milieu rural, alors que dans le même temps l'Inspection d'académie prévoit l'ouverture de 30 classes au titre du renforcement des apprentissages fondamentaux en éducation prioritaire REP+ et de 40 classes au titre du renforcement des apprentissages fondamentaux en éducation prioritaire REP.
Or, la plupart de ces créations de postes et ouvertures de classes se feront dans les quartiers en zones urbaines ou péri-urbaines afin de permettre le dédoublement de classes de CP et CE1, mesure phare du ministère et qui doit s'étaler d'ici 2019.
Ainsi, alors que le département de la Loire ne comptera à la rentrée 2018 que 15 enseignants de plus par rapport à cette année, la seule solution consiste à fermer des classes en milieu rural.
Cette mesure est d'autant plus incompréhensible qu'elle est contraire aux promesses du président de la République qui, dans son discours du 17 juillet 2017 lors de la conférence des territoires, avait indiqué que les territoires ruraux ne pouvaient être la variable d'ajustement et qu'il n'y aurait pas de fermeture de classes dans les écoles primaires.
Même face à une légère baisse démographique, il paraît compliqué d'expliquer à des habitants, qui déjà se sentent quelque peu délaissés avec l'abandon de nombreux services publics et une désertification rurale qui s'accentue, que l'on va fermer leurs classes afin que les enfants vivant en zones urbaines puissent étudier dans des classes de 12 élèves.
Il convient de noter que la problématique de l'illettrisme, les difficultés sociales, etc. existent aussi en milieu rural et que les élèves et leurs familles sont impactés par les temps de transport.
Aussi lui demande-t-il si le Gouvernement va enfin accompagner de moyens suffisants les annonces en faveur des zones d'éducation prioritaire et revenir sur le manque d'effectifs criants afin que les classes en milieu rural ne soient pas les sacrifiées de la prochaine rentrée scolaire.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 23/08/2018

La préparation de cette rentrée 2018 est marquée par un soutien budgétaire incontestable en faveur du premier degré. Ainsi, il y aura 32 657 élèves de moins dans le premier degré et dans le même temps, 3 881 emplois de professeurs des écoles seront créés. Si la baisse démographique avait été appliquée strictement, 1 438 postes auraient été supprimés. Cet effort budgétaire se traduit concrètement par un meilleur taux d'encadrement sur l'ensemble du territoire dans le premier degré. Le ratio « nombre de professeurs pour 100 élèves » sera de 5,55 à la rentrée 2018 contre 5,46 à la rentrée 2017. Pour mémoire, il était de 5,20 à la rentrée 2012. Dans chaque département, il y aura davantage de professeurs par élève à la rentrée 2018 dans le premier degré, ce qui facilitera la mise en œuvre des priorités du ministère de l'Education nationale. Pour combattre la difficulté scolaire, il faut agir à la racine. Le choix a ainsi été fait de cibler les efforts sur l'éducation prioritaire où les besoins sont les plus importants en desserrant les effectifs de manière significative, avec le dédoublement des classes de CP et de CE1 échelonné sur les rentrées scolaires 2017 à 2019. Au plan national,  dès la rentrée 2017, le dispositif est opérationnel dans les classes de CP en REP+ avec près de 90 % des classes dédoublées physiquement et 10 % comptant deux professeurs. Cette mesure ambitieuse est intégralement financée par des créations de postes car le ministère de l'Education nationale se donne les moyens de son ambition qui est la réussite des élèves, et notamment des plus fragiles : les capacités de remplacement ne sont pas diminuées et sont même améliorées, avec une part de postes consacrés au remplacement estimée pour 2018 à 9 % (ce taux est passé en 2017, de 8,7 % à 8,9 %) et le dédoublement n'est pas gagé par la fermeture d'autres classes. Cet effort significatif en faveur de l'éducation prioritaire ne se fait donc pas au détriment des territoires ruraux qui restent une priorité ; certains territoires ruraux étant également classés en éducation prioritaire. Les services académiques de l'éducation nationale sont sensibilisés à la situation des écoles rurales et veillent à éviter les fermetures d'écoles, conformément à l'engagement pris par le Président de la République lors de la conférence nationale des territoires. Néanmoins, des fermetures de classes restent possibles dans le cadre de la carte scolaire, lorsque les effectifs d'élèves ne sont plus suffisants. Les fermetures envisagées doivent être fondées sur des éléments objectivés et partagés avec les élus, comme par exemple : la constitution d'un regroupement pédagogique intercommunal, la mise en œuvre d'un projet territorial en cours de réalisation, l'incapacité à maintenir des conditions d'enseignement minimales pour les élèves. Ces situations particulières sont examinées au cas par cas dans les différentes instances de concertation locales. S'agissant du département de la Loire, le département a bénéficié de la création de 15 emplois à la rentrée 2018 avec une prévision de diminution des effectifs d'élèves de 310. Pour autant, l'école primaire s'adaptera au mieux aux spécificités des territoires avec seulement un solde négatif de 2 classes dans les territoires ruraux les plus fragiles, c'est-à-dire ceux qui sont les plus éloignés des pôles urbains et des bassins d'emplois. Le taux d'encadrement qui était de 5,14 postes pour cent élèves (P/E) à la rentrée 2013 est passé à 5,33 à la rentrée 2017, supérieur à la moyenne académique de 5,25. Pour la rentrée 2018 ; le P/E devrait encore s'améliorer à 5,38. Plus globalement, le ministère de l'Education nationale a proposé aux élus des départements ruraux ou de montagne d'engager une démarche contractuelle pluriannuelle d'améliorations qualitatives de l'offre éducative de proximité dans ces territoires, qui s'est traduite par la signature de conventions ruralité dans plus de 40 départements. La charte pour une école au cœur des territoires ruraux, signée le 19 décembre 2016, par le président de l'association des maires de la Loire, le président de l'association des maires ruraux de la Loire et les services déconcentrés de l'Etat et de l'éducation nationale, au titre de laquelle 5 emplois d'enseignants ont été attribués s'inscrit dans cette démarche. Cette charte permet de maintenir une offre scolaire de qualité adaptée au contexte local. Elle favorise le dialogue entre les élus et l'inspecteur d'académie, directeur académique des services de l'éducation nationale, de soutenir l'évolution des structures scolaires et, concernant les classes uniques et les structures scolaires particulièrement isolées, d'établir des conventions spécifiques. Le sénateur Alain Duran a été chargé d'une nouvelle mission pour améliorer encore la couverture des départements ruraux, avec l'objectif de signer une vingtaine de nouvelles conventions. 100 emplois supplémentaires étaient réservés dans le budget 2018 du premier degré, au titre de ces conventions « ruralité ». Au-delà de la question des moyens, le volet qualitatif des projets pédagogiques est renforcé dans les territoires isolés, avec de nouvelles pistes de réflexions pour les écoles (par exemple : l'intégration de l'école et du collège rural d'une même commune dans un même ensemble immobilier pour favoriser la qualité des parcours des élèves en maternelle à la 3ème et l'innovation pédagogique, le développement des classes de CM2-6ème expérimentales , la revitalisation de certains internats, à l'appui de projets d'établissements attractifs et accompagnés, …).

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