Question de Mme HARRIBEY Laurence (Gironde - SOCR) publiée le 19/07/2018

Mme Laurence Harribey appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur la police de sécurité du quotidien dans les territoires en zone de sécurité prioritaire.

Si la volonté du Gouvernement de rapprocher les forces de l'ordre et la population pour récréer un climat de confiance est louable, les moyens de l'application effective du dispositif interrogent les élus locaux.

Le cas du territoire des Hauts de Garonne et du commissariat de Cenon, qui couvre un secteur d'environ 80 000 habitants entre les villes d'Artigues près Bordeaux, Bassens, Cenon, Floirac, Lormont et une portion de Bordeaux rive droite, est frappant. Normalement doté de 160 agents pour couvrir la zone classée « sécurité prioritaire », le territoire se retrouve en sous effectif, conséquence de la mise en œuvre du plan vigipirate rouge : les hommes dévolus à ce commissariat sont souvent versés à celui de Bordeaux.

La gestion de la menace terroriste est primordiale, mais elle lui demande quels sont les moyens que l'État est prêt à mettre en place afin que celle-ci ne se fasse pas au détriment de la police se sécurité du quotidien, police au demeurant saluée par les élus.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 06/09/2018

Le Président de la République a fait de la sécurité un des enjeux fondamentaux du quinquennat. Les Français et leurs élus attendent beaucoup des mesures qui seront prises. Si la lutte contre le terrorisme est une priorité, renforcer la sécurité quotidienne de nos concitoyens constitue l'autre défi majeur dans le domaine de la sécurité intérieure. Pour répondre à ces enjeux, le Gouvernement, sous l'impulsion du Président de la République, a fait le choix de renforcer les moyens humains et matériels des forces de l'ordre. 10 000 postes seront ainsi créés au sein de la police nationale et de la gendarmerie nationale durant le quinquennat, dont 7 500 au sein de la seule police nationale. D'importants moyens financiers sont engagés, avec par exemple une hausse de 2 % des crédits consacrés à la police nationale en un an et une programmation immobilière ambitieuse, dotant la police nationale d'un budget immobilier de 196 M€ au titre de la programmation triennale, soit 5 % de plus par rapport à 2017. Si l'efficacité des forces de sécurité intérieure de l'État repose sur des moyens confortés, elle suppose également des transformations en profondeur. Lancée début février 2018, la police de sécurité du quotidien (PSQ) monte progressivement en puissance sur l'ensemble du territoire national. La PSQ se traduit d'abord par un engagement fort de l'État pour renforcer les moyens des forces de l'ordre. La circonscription de sécurité publique de Bordeaux, dont relève la ville de Cenon, comptait 1 609 agents fin juillet 2018 (hors renseignement territorial) et disposera fin janvier 2019 de 1 625 agents. La mise en œuvre de la PSQ se traduit, sur le plan des effectifs, par un renfort d'une quinzaine de policiers dès le mois de septembre. Gage de proximité et d'efficacité, leur répartition se décide sur le plan local, en fonction des besoins opérationnels. La ville de Cenon, qui relève de la division des Hauts-de-Garonne de la circonscription de sécurité publique de Bordeaux, bénéficie d'un commissariat divisionnaire ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et doté de plus de 130 policiers. Ce commissariat assure tant des missions d'accueil du public que des missions de voie publique et des missions judiciaires, disposant en particulier d'un groupe d'enquêtes criminelles. Son fonctionnement ne rencontre pas de difficultés particulières. Il convient de rappeler que cette division dispose aussi de commissariats de secteur à Floirac et Lormont. Elle peut naturellement recevoir le renfort, en tant que de besoin, d'autres unités de la circonscription de sécurité publique de Bordeaux. Il convient, par ailleurs, de souligner qu'aujourd'hui comme dans les mois à venir, cette circonscription de police bénéficie d'un nombre de gradés et de gardiens de la paix nettement supérieur à son effectif de référence. La PSQ constitue aussi une réforme majeure des modes d'action de la police nationale. Elle va permettre de disposer de policiers mieux équipés, davantage présents sur le terrain, dotés de nouvelles capacités d'initiative à l'échelon local, avec pour objectif d'opérer un changement dans la relation avec la population et les acteurs de la société civile et d'apporter des réponses mieux adaptées aux réalités de chaque territoire et aux besoins de la population. La PSQ s'appuiera aussi sur les chantiers de modernisation en cours visant à simplifier la procédure pénale et à supprimer les missions dites périphériques, qui vont permettre aux policiers de se recentrer sur leur cœur de métier : la voie publique et l'enquête. La PSQ va également se traduire par une action renforcée dans un nombre limité de quartiers, dits « quartiers de reconquête républicaine » (QRR), là où l'insécurité est la plus forte, là où l'économie souterraine et les trafics sont importants et perturbent la vie quotidienne des habitants. Des moyens humains et matériels spécifiques y seront concentrés en priorité. Bordeaux fait partie des villes qui bénéficient, dès septembre, de la mise en œuvre de la première vague de quartiers de reconquête républicaine, dans le quartier « Bordeaux Maritime ». À Cenon comme partout en France, tout est donc mis en œuvre pour doter les forces de l'ordre des moyens et de modes d'action qui leur permettent d'être plus proches du terrain et d'agir plus efficacement contre l'insécurité du quotidien. L'implication des élus locaux est, elle aussi, l'une des clés de la réussite.

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