Question de Mme VÉRIEN Dominique (Yonne - UC) publiée le 08/11/2018

Mme Dominique Vérien interroge M. le ministre de la culture sur l'avenir de la diffusion des compétitions sportives féminines face à la réforme de l'audiovisuel public.

La réforme de l'audiovisuel public, qui a été engagée, prévoit l'arrêt de la chaîne France 4 sur la télévision numérique terrestre (TNT) pour la basculer exclusivement en format numérique, privant ainsi 50 % du territoire national qui n'a pas accès à un débit internet suffisant pour une telle diffusion. De ce fait, la chaîne qui diffuse le plus grand nombre de compétitions sportives féminines sur le service public va disparaître de nos postes de télévision.

Or, la représentation du sport féminin dans les médias est un enjeu majeur qui touche aux sujets plus généraux que sont la place des femmes dans notre société, la pratique d'une activité sportive par la population ou encore l'économie du monde sportif.

C'est une satisfaction de voir que la part d'antenne des compétitions sportives féminines est passée de 7 % des diffusions sportives en 2012 à près de 20 % en 2017. Cette augmentation a été rendue possible grâce à l'audiovisuel public mais également grâce à l'implication des chaînes privées comme W9, D8 ou encore TMC qui ont perçu le potentiel financier et l'importante rentabilité de ces programmes.

De plus, des événements sportifs comme la finale de la coupe du monde féminine ont été de grands succès, à tel point que quatre des dix plus grosses audiences de la TNT sont des retransmissions de compétitions sportives féminines.

En corrélation avec ces succès, le nombre de femmes licenciées dans une fédération sportive est en nette augmentation, marquant à la fois la réussite mais aussi la nécessité de poursuivre ce développement.

L'arrêt de la chaîne France 4, qui était le principal canal de diffusion du sport féminin de l'audiovisuel public, ne doit pas mettre en danger ou freiner ce phénomène. Bien au contraire ! Il doit être un nouvel élan du développement pour le sport féminin et lui permettre d'être retransmis sur des chaînes principales comme France 2 ou France 3.

Dans le cas contraire, l'arrêt de France 4 sur la TNT affecterait les parts de diffusion et laisserait intégralement aux chaînes privées ce filon économique et la promotion du sport féminin, alors qu'une bonne médiatisation des compétitions féminines permettrait de sortir d'une spirale infernale de faibles investissements par manque de diffusion et de faible diffusion par manque d'investissements.

L'approche de la prochaine coupe du monde féminine de football en juin 2019, organisée en France, pourrait d'ailleurs être l'occasion de diffuser sur une chaîne principale du service public une compétition 100 % féminine.

Elle aimerait connaître son engagement afin que soit retransmises sur les deux chaînes principales de France télévisions des compétitions sportives féminines.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 21/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 20/11/2018

Mme Dominique Vérien. Ma question s'adresse à M. le ministre de la culture, mais je suis sûre que M. Blanquer est intéressé par son sujet.

La réforme de l'audiovisuel public prévoit l'arrêt de la chaîne France 4 sur la TNT, pour la basculer exclusivement en format numérique, en privant ainsi 50 % du territoire national, qui n'a pas accès à un débit internet suffisant pour une telle diffusion. De ce fait, la chaîne qui diffuse le plus grand nombre de compétitions sportives féminines sur le service public va disparaître de nos postes de télévision.

Or la représentation du sport féminin dans les médias est un enjeu majeur, qui touche à des sujets plus généraux tels que la place des femmes dans notre société, la pratique d'une activité sportive par la population, ou encore l'économie du monde sportif.

C'est une satisfaction de voir que la part d'antenne des compétitions sportives féminines est passée de 7 % des diffusions sportives en 2012 à près de 20 % en 2017. Cette hausse a été rendue possible grâce non seulement à l'audiovisuel public, mais aussi à l'implication des chaînes privées comme W9, D8 ou encore TMC, qui ont perçu le potentiel financier et l'importante rentabilité de ces programmes.

De plus, des événements sportifs comme la finale de la Coupe du monde féminine de football ont été de grands succès, à tel point que 4 des 10 plus grosses audiences de la TNT sont des retransmissions de compétitions sportives féminines.

En corrélation avec ces succès, le nombre de femmes licenciées dans une fédération sportive est en nette augmentation, marquant à la fois la réussite, mais aussi la nécessité de poursuivre ce développement.

L'arrêt de la chaîne France 4, qui était le principal canal de diffusion du sport féminin de l'audiovisuel public, ne doit pas mettre en danger ou freiner ce phénomène. Bien au contraire, une telle situation devrait permettre de donner un nouvel élan au sport féminin, en permettant sa retransmission sur des chaînes principales, comme France 2 ou France 3.

Dans le cas contraire, l'arrêt de France 4 sur la TNT impacterait négativement les parts de diffusion et laisserait intégralement aux chaînes privées ce filon économique et la promotion du sport féminin. En revanche, une bonne médiatisation des compétitions féminines permettrait de sortir de la spirale infernale des faibles investissements par manque de diffusions et des faibles diffusions par manque d'investissements.

L'approche de la prochaine Coupe du monde féminine de football, qui se tiendra en juin 2019 et sera organisée en France, pourrait d'ailleurs être l'occasion de diffuser sur une chaîne principale du service public une compétition 100 % féminine.

J'aimerais donc, monsieur le ministre, connaître votre engagement en faveur d'une retransmission sur les deux chaînes principales de France Télévisions des compétitions sportives féminines.

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Vous avez raison, madame la sénatrice, cette question m'intéresse. J'y réponds toutefois en remplacement de M. Franck Riester, ministre de la culture, aujourd'hui en déplacement officiel à Bruxelles.

L'exposition du sport dans toute sa diversité est au cœur de la mission de service public de France Télévisions. Attentif au respect de cette mission, le Gouvernement se félicite du fait que le CSA ait dernièrement souligné, dans son avis sur l'exécution 2017 du contrat d'objectifs et de moyens de France Télévisions, la pluralité des disciplines sportives retransmises sur ses antennes.

Nous partageons également votre satisfaction s'agissant de la représentation croissante du sport féminin sur les chaînes de service public, qui ont contribué à le populariser ces dernières années, au point que certains acteurs privés de la télévision se positionnent désormais sur les droits des compétitions majeures. Les droits de la Coupe du monde de football féminine 2019, qui se déroulera en France, ont ainsi été acquis l'année dernière par TF1 et Canal+.

Au sein de l'offre de France Télévisions, le sport féminin n'est pas exposé uniquement sur France 4 : il trouve sa place sur l'ensemble des antennes de la société, en jouant sur leur complémentarité.

À titre d'exemple, 10 des 14 premières parties de soirée consacrées au championnat d'Europe de football de 2017 par France Télévisions l'ont été sur France 2 et France 3.

Nous encourageons bien évidemment France Télévisions à poursuivre l'exposition du sport féminin sur ses antennes, notamment les plus populaires, tout en étant respectueux de la liberté éditoriale de la société en la matière.

Cela étant dit, comme vous le savez, la transformation de l'audiovisuel public que porte le Gouvernement vise à redéployer des moyens consacrés jusqu'à présent aux seules antennes linéaires, pour construire une offre numérique de service public enrichie et adaptée aux nouveaux usages et attentes des Français.

À horizon 2020, cette modification de l'offre de service public supposera nécessairement le basculement de certains programmes d'une diffusion hertzienne à une diffusion exclusivement numérique, linéaire ou non. Cela vaudra aussi pour les programmes sportifs dans leur ensemble.

Compte tenu de l'enjeu que revêt la diversité des programmes sportifs et du sport féminin en particulier, et en tenant compte aussi de leur exposition croissante sur les chaînes privées, nous serons bien sûr attentifs à ce que les évolutions nécessaires des modes de diffusion ne se traduisent pas par un appauvrissement de l'offre de programmes ou par une dégradation de leur exposition, bien au contraire.

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