Question de Mme DEROCHE Catherine (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 02/04/2020

Question posée en séance publique le 01/04/2020

Mme Catherine Deroche. La tension est forte s'agissant de la fourniture de protections individuelles, de matériels lourds tels que les respirateurs ou de médicaments. Certes, les masques commandés arrivent, mais ils sont pour l'instant réservés par priorité au personnel soignant au contact des malades hospitalisés ; peu sont attribués au personnel des Ehpad ou aux professionnels assurant les soins de ville. En ce qui concerne les matériels, le Président de la République a annoncé hier à Angers que la production maximale serait atteinte à la mi-mai. Or chaque jour qui passe est un jour qui compte.

Pourquoi ne pas envisager un essai clinique pour des médicaments du type de l'hydroxychloroquine, mené par les médecins de ville selon des modalités plus modérées sur des patients plus jeunes, afin d'éviter une hospitalisation ?

Comment seront indemnisés les professionnels de santé – kinésithérapeutes ou dentistes, par exemple – qui ont fermé leur cabinet mais participent à la réserve sanitaire ou à la prise en charge des urgences, et dont les assurances couvrent mal la perte d'exploitation ?

Le déconfinement peut et doit être anticipé et réussi, pour éviter une deuxième vague. Comment l'envisagez-vous et quid des tests ? La mise au point d'un test sérologique rapide a été annoncée à Rennes. Les laboratoires des conseils départementaux sont prêts à prendre toute leur part dans la réalisation des tests, mais ils n'ont toujours pas obtenu l'accord du Gouvernement.

Monsieur le ministre, soyez ferme en ce qui concerne le confinement, car c'est pour l'instant notre meilleur atout en matière de protection. Nous sommes derrière vous. N'accordons pas de dérogations, même pendant les vacances, et soutenons les policiers qui vont faire respecter le confinement dans des quartiers difficiles.

Enfin, il faut assouplir, décloisonner, éviter les procédures administratives tatillonnes qui freinent l'action.

Sachez-le, le Sénat, et notre groupe en particulier, entendent être les porte-voix des territoires, des collectivités et de celles et ceux qui travaillent au contact des patients en risquant parfois leur vie, mais sans aucun esprit polémique !


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 02/04/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/04/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice Catherine Deroche, il n'y a pas de vacances pour le virus ; par conséquent, il n'y en aura pas non plus pour le confinement ! (M. Bruno Retailleau approuve.) Je serai extrêmement clair : ce n'est pas parce que les vacances scolaires arrivent que, tout à coup, les Français vont pouvoir quitter leur lieu de confinement et se déplacer sur le territoire. Je comprends les difficultés que cela représente, pour nos concitoyens, d'être confinés depuis plusieurs semaines, mais il y va de leur santé et de leur vie ! Comme je l'ai indiqué hier, une étude anglaise montre que, toutes les dix minutes de confinement, une vie est sauvée dans notre pays, et cela va aller en s'accentuant.

Concernant les tests rapides, ceux, que vous avez évoqués, qui ont été mis au point par une entreprise bretonne font l'objet d'une saisine et d'une commande publique, à hauteur de 500 000 euros. Il s'agit de vérifier que ces tests remplissent bien tous les critères de qualité exigés, en termes de sensibilité et de spécificité du rendu des examens. Nous avons demandé à cette entreprise de se tenir prête à pousser la production au maximum aussitôt que les tests auront été qualifiés, d'ici sans doute à la fin du mois d'avril. Nous sommes maintenant dépendants des chaînes de production. Quoi qu'il en soit, nous achetons des tests partout dans le monde dès lors qu'ils sont fiables, mais c'est encore mieux s'ils sont français, et surtout bretons, diront certains ! (Mme Catherine Deroche sourit.)

Quant aux études cliniques, madame la sénatrice, il y en a au moins trois qui testent différents médicaments en prophylaxie, sur les formes peu sévères, contre placebo ou d'autres traitements. Une étude, qui démarre à Angers, porte sur l'hydroxychloroquine. Une autre a débuté à Montpellier pour tester l'hydroxychloroquine et la bithérapie hydroxychloroquine-azithromycine sur les formes légères, peu symptomatiques. Enfin, une étude en prophylaxie est en cours d'examen par le Comité de protection des personnes, pour vérifier qu'elle répond bien aux critères en vigueur en matière d'éthique. Nous sommes donc à « fond », si vous me permettez cette expression, sur les études dès lors qu'elles peuvent déboucher sur des avancées.

Enfin, j'ai indiqué hier aux principaux syndicats représentant les professionnels libéraux de santé que des négociations étaient ouvertes avec l'assurance maladie pour qu'ils puissent bénéficier d'une compensation de perte de revenus. Ceux qui le souhaitent pourront même bénéficier de dispositifs d'avance. Les conditions opérationnelles pratiques sont à voir avec l'assurance maladie.

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