Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 28/05/2020

Mme Dominique Estrosi Sassone interroge M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la situation de la filière apicole française et les moyens de lutter contre le parasite Varroa destructor.

Même si la production française repart en hausse cette année grâce à une météo clémente et que les ventes augmentent en raison d'initiatives comme celle portée par le Sénat d'inscrire sur les pots l'origine géographique des miels, que le Gouvernement a finalement précisée par décret, moins de 10 000 tonnes de miel ont été produites en France en 2019, contre plus de 40 000 il y a vingt ans.

Les apiculteurs mettent en évidence deux difficultés que les abeilles doivent affronter. D'une part, avoir suffisamment de terres cultivées pour leur permettre de se nourrir et dans ce cas le travail des agriculteurs est essentiel au travers de la diversification de leurs cultures. D'autre part, se battre contre un parasite originaire d'Asie, le Varroa destructor face auquel les abeilles et les apiculteurs disposent de peu de moyens.

En Suisse, les apiculteurs tentent de freiner la progression de cet acarien avec des traitements mais ce parasite s'adapte et devient résistant. Au Pays de Galles, les apiculteurs aménagent les ruches afin de ralentir autant que faire se peut la progression du parasite. Mais, l'exemple de ces deux pays démontrent l'urgence de lancer un programme de recherche public et privé afin d'éradiquer ce parasite nuisible.

En France, le miel est un produit essentiellement artisanal découlant d'un savoir-faire local comme dans la région Sud, première région productrice de miel, qui serait particulièrement touchée en cas de progression du parasite avec 165 000 ruches exploitées par environ 4 500 apiculteurs.

Elle lui demande s'il compte mettre en place des mesures nationales pour garantir un « bol alimentaire » diversifié aux abeilles grâce au travail reconnu des agriculteurs avec notamment le développement des cultures agricoles mellifères mais également ce qu'il entend mettre en œuvre contre le Varroa destructor en matière de recherche scientifique nationale et européenne.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de l'alimentation


Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 16/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2020

Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, auteur de la question n° 1198, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Monsieur le ministre, je regrette que le ministre de l'agriculture ne soit pas présent pour répondre à ma question, qui porte sur la protection et le développement des abeilles. Plus spécifiquement, je veux interroger le Gouvernement sur la lutte contre un parasite originaire d'Asie du Sud-Est qui colonise les ruches d'Europe, puis décime les colonies d'abeilles, Varroa Destructor.

En France, le miel est un produit essentiellement artisanal, qui découle d'un savoir-faire local, notamment dans la région Sud – Provence-Alpes-Côte d'Azur, première région productrice de miel avec 8 % de la production nationale.

Si la production de miel français est repartie à la hausse en 2020, Varroa Destructor reste la principale menace mortelle pour les colonies d'abeilles.

Face à ce parasite, les apiculteurs disposent de peu de moyens, alors que la surmortalité liée à ce parasite est constatée en Europe depuis les années 1980. Les apiculteurs attendent aujourd'hui un signe du Gouvernement, afin que les productions françaises puissent être pérennisées face à une concurrence mondiale importante.

Le Gouvernement entend-il appuyer un programme de recherche ambitieux, par exemple à l'échelle de l'Union européenne, alors que les études en matière d'abeilles se limitent essentiellement aux travaux d'expérimentation des associations régionales de développement de l'apiculture ?

Certains traitements existants permettent d'obtenir des résultats contre Varroa Destructor, mais les méthodes d'application ainsi que les périodicités d'utilisation ne sont pas encore harmonisées. Par exemple, dans les Alpes-Maritimes, les hivers sont doux : les abeilles et leurs parasites ne sont donc pas mis en hibernation par le froid. Le Gouvernement compte-t-il harmoniser les méthodes de lutte contre ce parasite ou, à tout le moins, les adapter localement ?

Enfin, pour sauvegarder l'apiculture, le Gouvernement compte-t-il faciliter l'installation de ruches sur l'ensemble du territoire ? Surtout, compte-t-il adopter une stratégie de long terme pour les abeilles ?

Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué.

M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Madame la sénatrice Estrosi-Sassone, j'aurais pu vous entretenir de la ligne ferroviaire de Coni à Vintimille par Tende et Breil-sur-Roya, mais je m'en tiendrai à la réponse qu'a préparée à votre attention M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, retenu aujourd'hui à Bruxelles par une réunion du Conseil de l'Union européenne.

Vous interrogez M. Denormandie sur la situation de la filière apicole française et, notamment, sur les moyens de lutter contre le parasite Varroa Destructor, acarien de l'abeille adulte, mais aussi de ses larves et de ses nymphes. Ce parasite provoque des pertes économiques importantes en apiculture ; il est l'une des causes de la diminution du nombre d'abeilles.

Comme M. Denormandie et Mme Pompili, ministre de la transition écologique, l'ont annoncé récemment, un plan Pollinisateurs sera présenté dans les toutes prochaines semaines. Il comportera plusieurs volets concourant à l'amélioration de l'état de santé des colonies d'abeilles domestiques, des autres pollinisateurs et de leur environnement, ainsi qu'au développement de la filière apicole. Les travaux sont en cours ; ce plan fera l'objet d'une concertation avec l'ensemble des acteurs concernés.

Je peux toutefois vous indiquer d'ores et déjà que, parmi ses grandes orientations, le plan abordera la question de la protection sanitaire des pollinisateurs et des mesures de lutte contre les agresseurs de la ruche.

Il est également prévu, dans ce cadre, de travailler avec la filière apicole, car son implication est indispensable pour élaborer et déployer des mesures de prévention, de surveillance et de lutte vis-à-vis de Varroa Destructor. Ces mesures pourront s'appuyer sur la mise en place de réseaux de surveillance, sur l'homologation de nouveaux médicaments vétérinaires, ou encore sur la recherche de nouveaux moyens de lutte. Tel est l'objet des travaux qui seront menés dans les semaines à venir.

La nécessaire mise à disposition de moyens de lutte efficace contre le frelon asiatique sera également évoquée.

Ce plan constituera donc bien un outil d'accompagnement de la filière apicole vers l'augmentation et l'amélioration de la production des produits de la ruche. La France doit en effet inverser la courbe descendante de sa production de miel.

Mme le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. J'entends votre réponse, monsieur le ministre. Je voudrais simplement rappeler qu'il est très important que le Gouvernement s'implique auprès des apiculteurs, non seulement pour les aider à continuer de développer la production de miel et à mieux lutter contre ces parasites, mais aussi pour faire en sorte de parvenir à des évolutions à l'échelle européenne. Nous attendons avec beaucoup d'impatience un décret qui devrait paraître dès le 1er janvier 2021 sur l'étiquetage du miel, autre façon de préserver la production locale de miel en dépit de la concurrence étrangère.

Mme le président. Il faudrait conclure, ma chère collègue.

Mme Dominique Estrosi Sassone. J'entends bien que le Gouvernement continue à suivre ces mesures.

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