Question de M. RAISON Michel (Haute-Saône - Les Républicains) publiée le 21/05/2020

Question posée en séance publique le 20/05/2020

M. le président. La parole est à M. Michel Raison, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

M. Michel Raison. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Les soignants n'ont pas attendu l'épidémie pour démontrer leurs compétences. Les Français qui ont eu à connaître l'hôpital avant la crise sanitaire tenaient déjà en haute estime le personnel soignant, car ils mesuraient déjà le dévouement des aides-soignants, des infirmiers, des médecins, des brancardiers, des agents de nettoyage. Depuis des mois, unanimement, ces personnels appelaient à l'aide et dénonçaient leurs conditions de travail.

Ne commettons pas une nouvelle erreur de diagnostic : le mal est profond, le mal est ancien. La réponse ne doit être ni contextuelle ni provisoire, ce qui serait pire.

Prescrire médailles et participation à un défilé guerrier est dans le meilleur des cas une blague de mauvais goût, dans le pire, une pique incendiaire.

Le Président de la République a annoncé un plan pour l'hôpital, dont on ignore tout pour le moment. Nous souhaitons tous en connaître les contours et son articulation avec l'ensemble des acteurs de santé. Nous nous méfions des discours de théâtre.

Ce plan sera-t-il pensé de façon locale, articulé autour des territoires et des professionnels de santé, qui sont au plus près des malades, mais aussi des dysfonctionnements organisationnels ?

Êtes-vous prêts à engager une véritable décentralisation de la décision et à prévoir autre chose que des agences régionales de santé, simples courroies de transmission de l'État central ?

En d'autres termes, êtes-vous prêts à rompre enfin avec le « fléau bureaucratique », pour reprendre l'expression récente, que, pour ma part, je n'aurais pas osé employer, des professionnels de médecine exerçant à l'hôpital public ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Marie Bockel applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé publiée le 21/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 20/05/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Michel Raison, permettez-moi tout d'abord de m'associer à l'hommage que vous avez rendu aux personnels soignants pour leur action durant cette crise, mais aussi avant elle, qu'ils soient médecins, hospitaliers, infirmiers.

Oui, vous avez raison, il est désormais nécessaire, pour ne pas dire impératif, de mieux prendre soin de ceux qui nous soignent. C'est en partant de leur expérience, notamment pendant cette crise, que nous devons bâtir le plan pour l'hôpital que vous avez évoqué. Chacun devra y être associé : les partenaires sociaux évidemment, mais aussi les collectifs hospitaliers. C'est tout le sens du Ségur de la santé lancé par Olivier Véran. Une première réunion se tiendra lundi prochain.

Dès la fin du mois de mai, nous organiserons dans les territoires un retour d'expérience des soignants, afin d'évaluer les succès, les réussites, les attentes aussi de ceux qui ont fait tenir l'hôpital pendant cette crise.

Cette crise a parfois confirmé des choses que nous savions. Elle a aussi parfois bousculé nos certitudes. Elle a permis de l'inventivité, de la créativité, de nouvelles pratiques. C'est tout cela que nous voulons, monsieur le sénateur, faire remonter des territoires pour bâtir l'hôpital de demain.

Les Français aspirent à une protection sociale qui soit forte, à un modèle de santé qui soit à la hauteur, qui soit efficace, et le Gouvernement a envie d'aller vite. Les changements devront intervenir non pas dans plusieurs années, mais bien d'ici à quelques mois. Le ministre Olivier Véran l'a dit aujourd'hui à la sortie du conseil des ministres : « nous n'avons été ni assez vite ni assez fort ».

L'objectif, désormais, est que ce plan soit présenté cet été afin de le traduire dans le prochain projet de budget de la sécurité sociale, dont vous aurez l'occasion de débattre ici.

Nous n'avons pas besoin de faire un diagnostic, il est déjà connu ; il nous faut désormais avancer plus rapidement. Il n'y aura pas de sujet tabou, par exemple sur l'articulation entre le public et le privé. Les agences régionales de santé, que vous avez évoquées et que vous connaissez bien, ont su aussi montrer qu'elles pouvaient être en pilotage et en appui et que l'on pouvait collectivement, probablement avec des améliorations, gouverner en proximité.

M. le président. Il faut conclure.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Je conclus, monsieur le président.

C'est donc bien à l'échelle des territoires de santé qu'il faut penser l'organisation des soins de demain. Nous comptons bien évidemment sur les sénateurs pour apporter leur pierre à cet édifice dans les semaines à venir. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Michel Raison, pour la réplique.

M. Michel Raison. Merci, monsieur le secrétaire d'État, mais vous n'avez pas répondu à ma question sur la bureaucratie. Vous le savez, le taux de personnels administratifs en France par rapport aux personnels soignants est trop élevé. J'espérais une réponse concrète à cette question.

Vous allez certes organiser en quelque sorte des états généraux locaux – cela a été fait pour l'agriculture, mais cela n'a rien donn頖, mais, ce que je souhaite, pour ma part, c'est que l'on crée de véritables synergies entre tous les acteurs de la santé, qu'ils soient libéraux ou publics, qu'ils soient médecins ou infirmiers. Vous ne m'avez pas répondu non plus sur cet aspect. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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