Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 11/06/2020

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la situation dramatique dans l'unique centre de traitement Covid-19 que Médecins sans frontières (MSF) gère à Aden.
Ce centre constitue la seule structure dédiée au Covid-19 pour tout le sud du Yémen. Du 30 avril au 17 mai 2020, 173 patients y ont été admis, souvent déjà dans un état critique, et au moins 68 sont décédés. D'autres signes traduisent une situation très inquiétante à Aden puisqu'on compte de nombreux soignants parmi les malades et une très forte augmentation des enterrements, qui ont triplé dans la première quinzaine de mai. Le système de santé est très affaibli par cinq ans de guerre et les autorités n'ont pas les moyens de répondre à l'épidémie : pas d'argent pour payer le personnel, peu d'équipements de protection individuelle, très peu de tests et un manque d'approvisionnement en oxygène. Certains hôpitaux ont dû fermer, faute d'équipements adaptés, ce qui menace l'ensemble de l'accès aux soins.
Alors que l'épidémie risque d'être particulièrement dévastatrice au Yémen, il lui demande ce qui peut être mis en œuvre afin de faciliter le travail des organisations médicales comme MSF et d'autoriser l'entrée d'équipements et de personnel international en renfort.

- page 2621

Transmise au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 07/01/2021

Le Yémen est durement touché par la pandémie de la Covid-19, qui exacerbe les besoins humanitaires et alimentaires préexistants et accentue la vulnérabilité des populations. L'aide mobilisée par la France vise notamment à lutter contre les effets de la pandémie. Le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l'Europe et des affaires étrangères a ainsi financé trois projets en ce sens au cours du dernier semestre 2020 (soutien à des centres de santé dans la province de Hajjah, projets d'eau-assainissement-hygiène dans les provinces d'Aden et de Taizz). L'appui apporté par la France aux agences des Nations unies et organisations internationales humanitaires en 2020 (2,7 millions d'euros pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) ) contribue également à la lutte contre la pandémie, en complément des efforts déployés pour en atténuer les effets sur l'insécurité alimentaire et nutritionnelle à travers l'aide alimentaire programmée (2M€ pour le PAM, 1M€ pour le CICR). Le CICR, à titre d'exemple, précise dans son dernier rapport semestriel (janvier-juin 2020) que ses actions ont notamment visé à renforcer les capacités des sites de quarantaine des centres d'isolement et des établissements de santé (fournitures de kits d'hygiène, de matériel de nettoyage, d'équipement médical). Le CDCS a engagé, dès le début de la crise de la Covid-19, un dialogue étroit avec les acteurs humanitaires français, notamment Médecins sans frontières, afin de pallier les difficultés d'accès liées aux mesures restrictives de déplacement et à la quasi fermeture de l'espace aérien. C'est dans ce contexte que le CDCS a financé le Réseau logistique humanitaire, qui a participé activement à la mise en œuvre du pont aérien humanitaire porté par la Commission européenne. Ce dispositif a permis, entre juin et août 2020, la mise en place de 7 vols vers Sanaa et 2 vols vers Aden, acheminant du matériel médical, des équipements de protection individuelle et du fret humanitaire essentiel au Yémen. Ce pont aérien humanitaire a rendu possibles 66 vols au total, entre avril et septembre 2020, vers des pays prioritaires avec le soutien des États membres de l'Union européenne, dont la France. La France maintiendra, en 2021, son action humanitaire pour venir en aide aux populations les plus vulnérables au Yémen, tant par ses contributions aux organisations internationales que par ses financements aux organisations de la société civile, tout en contribuant au dialogue politique entre les parties, pour lever les entraves à l'accès humanitaire, ainsi que pour parvenir à une solution pacifique et inclusive du conflit au Yémen.

- page 50

Page mise à jour le