Question de M. MENONVILLE Franck (Meuse - Les Indépendants) publiée le 11/06/2020

M. Franck Menonville attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la constitution des programmes scolaires d'histoire-géographie. Les programmes scolaires évoluent dans le temps. « La Première Guerre mondiale : le "suicide de l'Europe" et la fin des empires européens » est le quatrième et dernier thème du nouveau programme d'histoire pour la classe de Première. C'est un pan non négligeable de notre histoire contemporaine. A ce titre, la bataille de Verdun y a toute sa place. Toutefois, selon un rapport de l'association des professeurs d'histoire-géographie de Lorraine, seul un manuel scolaire sur dix consultés évoque cette bataille signifiante de la Grande Guerre. La bataille de Verdun représente non pas seulement un conflit temporaire mais bien une construction de la mémoire. La commémoration de cette dernière est signe de paix, d'amitié entre la France et l'Allemagne et de construction européenne.
Il souhaiterait savoir si le Gouvernement envisage d'intégrer définitivement la bataille de Verdun dans les programmes d'histoire-géographie des classes de Première.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 08/04/2021

Le thème du programme de première sur « La Première Guerre mondiale : le suicide de l'Europe » n'évacue aucunement la bataille de Verdun du cours sur la Grande Guerre. En effet, les programmes donnent des cadres de travail assez larges pour que la liberté pédagogique des professeurs puisse leur permettre de choisir les objets d'étude qui leur semblent les plus pertinents. Dans le chapitre « Un embrasement mondial et ses grandes étapes », qui vise à présenter les phases et les formes de la guerre (terrestre, navale et aérienne), la bataille de Verdun ne figure pas parmi les points de passage et d'ouverture obligatoires que sont les batailles de Tannenberg et de la Marne, l'offensive des Dardanelles, la bataille de la Somme et la dernière offensive allemande. Toutefois, cela ne veut pas dire qu'elle sort du programme : d'une part, ces points de passage et d'ouverture, s'ils sont obligatoires, peuvent être traités très rapidement si le professeur l'estime pertinent et nécessaire. De plus, pour expliquer et illustrer le passage à la guerre de position, il est parfaitement possible de travailler sur la bataille de Verdun, notamment en lien avec la bataille de la Somme. Le choix de ces points de passage a été fait pour amener les professeurs à mettre davantage en avant le caractère mondial de cette guerre, alors que son traitement en 3e se focalise plutôt sur l'affrontement franco-allemand. La bataille de Verdun est ainsi très souvent traitée en classe de 3e, et l'idée du programme de première est de se placer dans une autre perspective pour éviter la répétition. On peut donc tout à fait travailler sur Verdun si on se place dans cette vision mondiale en lien avec les autres batailles. Cette réalité peut expliquer la présence "réduite" de la bataille de Verdun dans les manuels scolaires. Cela dit, la liberté éditoriale des éditeurs fait que le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) n'a ni vocation ni pouvoir à s'impliquer dans les choix des concepteurs et auteurs de manuels, qui restent strictement indicatifs, même si, lors des dialogues avec les éditeurs de manuels scolaires, le MENJS insiste sur l'importance que les ouvrages respectent scrupuleusement les programmes en vigueur et les politiques éducatives en lien avec les grands enjeux de société. Pour ce qui concerne la construction de la mémoire, le dernier chapitre du thème, « Sortir de la guerre : la tentative de construction d'un ordre des nations démocratiques », amène à traiter « les enjeux de mémoire de la Grande Guerre tant pour les acteurs collectifs que pour les individus et leurs familles », avec un point obligatoire sur le soldat inconnu et les enjeux mémoriels. Cette question, et en particulier l'épisode du choix et du trajet du soldat inconnu, placent nécessairement Verdun et son rôle dans la construction de la mémoire de la guerre au cœur de la réflexion, du soldat inconnu à la conception et à la construction de l'ossuaire de Douaumont. La bataille de Verdun a donc toute sa place dans les programmes d'histoire de première, elle doit simplement être replacée dans une perspective mondiale pour ce qui est des combats, et analysée dans une perspective mémorielle affirmée dans le contexte de la sortie de guerre.

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