Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 17/07/2020

Question posée en séance publique le 16/07/2020

M. Stéphane Piednoir. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Entre 90,1 et 98,4 % : il ne s'agit ni du taux d'approbation des dernières orientations du Politburo ni du résultat d'un vote à main levée dans un parti politique en mal de démocratie interne. Non : ces chiffres traduisent le niveau de réussite au baccalauréat session 2020, de la filière professionnelle à la filière générale. Ce taux de réussite atteint globalement, à 95,7 %, un record national qui sera bien difficile à battre, en tout cas tant que nous consentirons à rester sous la barre des 100 % ! (Sourires.)

Après avoir assuré la continuité pédagogique, les professeurs ont donc été particulièrement attentifs à la demande de leur ministre de tutelle en se montrant bienveillants lors de l'examen des dossiers des candidats au baccalauréat.

Certes on peut se réjouir de cette indulgence des jurys de délibération, mais le risque de dévaluation du diplôme n'est quand même pas très loin…

Ce taux de réussite exceptionnel a en outre un effet collatéral : conjugué à une classe d'âge assez nombreuse, il va mécaniquement produire une augmentation du nombre d'étudiants sur les bancs de l'enseignement supérieur d'environ 35 000, soit l'équivalent des étudiants de l'université de Nantes !

À ceux-là viendront s'ajouter les jeunes qui choisiront de poursuivre leur formation pour repousser leur entrée sur un marché du travail sinistré.

Nos universités, qui sont déjà en souffrance, s'inquiètent de la rentrée à venir, qui s'annonce comme la quadrature du cercle : accueillir davantage de monde dans des locaux exigus construits il y a plus de quarante ans ; appliquer des règles sanitaires de distanciation sociale pour éviter la propagation du virus ; proposer des modules de remédiation pour tenir compte d'une année scolaire qui a été très largement tronquée.

Madame la ministre, que proposez-vous aux établissements d'enseignement supérieur pour leur permettre de faire face à ces lourdes contraintes ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 17/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/07/2020

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Piednoir, permettez-moi tout d'abord de féliciter l'ensemble des lycéens qui ont obtenu leur baccalauréat après une année scolaire aussi perturbée, aussi difficile. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.) L'immense majorité d'entre eux a eu néanmoins le courage de continuer à suivre des enseignements dans des conditions de confinement extrêmement difficiles à vivre pour l'ensemble de nos concitoyens, et plus particulièrement pour les jeunes. Permettez-moi aussi de saluer le travail de tous les enseignants qui les ont accompagnés.

Oui, vous avez raison, cette année, nous devrons accompagner l'ensemble de ces jeunes : ceux qui vont entrer dans l'enseignement supérieur, ceux qui désireront poursuivre leurs études, et ceux qui vont entrer sur le marché du travail. Et nous savons que ce sera compliqué. C'est pourquoi le Président de la République, le 14 juillet, et le Premier ministre, hier, lors de son discours de politique générale, ont indiqué que notre priorité serait de trouver une solution pour chacun de ces jeunes.

Vous le savez, puisque vous avez tous, ici, participé à la construction de la loi Orientation et réussite des étudiants : nous avons des outils à cette fin. Plus d'un milliard d'euros sont investis dans le plan Étudiants, et des outils ont été créés par les établissements pour accompagner les jeunes et les prendre tels qu'ils sont de manière à les amener vers la réussite. Quant à la plateforme Parcoursup, elle a fait la preuve de sa robustesse : avant les résultats du baccalauréat, tous les lycéens y sont inscrits ; à la veille de la clôture de la première phase, 88 % des lycéens ont reçu une proposition, et nous sommes en train d'en accompagner individuellement plus de 9 000. Nous avons travaillé à la création de plusieurs milliers de places en BTS, en filières courtes, en formations professionnalisantes, et de plus de 1 000 nouvelles formations en apprentissage, parce que nous devons aussi accompagner les jeunes qui ont besoin de l'apprentissage pour étudier.

Nous trouverons une solution pour chacun de nos jeunes ; cet engagement a été pris au plus haut niveau.

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.

M. Stéphane Piednoir. Madame la ministre, je ne doute pas de votre volonté et de celle du Président de la République de régler ce problème. Néanmoins, nous avons un problème structurel. Les services du ministère ont programmé, jusqu'en 2028, une augmentation considérable des effectifs dans l'enseignement supérieur. La rentrée s'annonce singulière, avec cette crise sanitaire. Je ne suis pas sûr que le nombre de places en BTS et en apprentissage que vous avez annoncé suffise à accueillir ces 35 000 étudiants supplémentaires. Nous suivrons évidemment cela avec attention. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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