Question de Mme de LA PROVÔTÉ Sonia (Calvados - UC) publiée le 02/07/2020

Mme Sonia de la Provôté attire l'attention de M. le ministre de la culture sur la situation du monde de la photographie.

Si elle était déjà dangereusement fragilisée par les évolutions sociétales, la profession de photographe l'est encore davantage aujourd'hui, compte tenu de la crise sanitaire.

Les trois mois qui viennent de s'écouler et qui ont conduit à l'arrêt de l'activité des photographes, qu'il s'agisse des commandes comme de la diffusion, furent en effet désastreux. Pour ne rien arranger, le déconfinement et ses perspectives le sont tout autant, entre un été sans grands événements ni expositions, et le pouvoir d'achat d'un public lui aussi frappé de plein fouet.

Dès lors, pour les photographes professionnels, comme pour de trop nombreux autres secteurs malheureusement, les conséquences économiques et financières de la crise sanitaire sont et seront dévastatrices.

Or, les mesures annoncées par le président de la République et le Gouvernement, notamment lors de l'annonce du plan pour la culture 6 mai 2020, ne suffisent pas. Les fonds sectoriels, par exemple, tels qu'ils sont actuellement organisés, sont largement déficients.


Aussi, au-delà de l'impérieuse nécessité de faire face à la crise actuelle pour permettre la survie de ce pan entier de la culture, il est surtout indispensable d'adopter une démarche prospective afin d'assurer la viabilité de l'activité des photographes professionnels.

Face à de nouvelles formes de pratiques déloyales et illégales, l'État se doit de défendre le droit d'auteur et la valeur de la photographie, pour que particuliers et entreprises retrouvent l'envie et la volonté d'investir dans la photographie française.

Pour tous ces motifs, elle souhaite connaitre les intentions du Gouvernement afin d'aider les professionnels de la photographie à survivre à la crise actuelle, et surtout de leur garantir un avenir.

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Transmise au Ministère de la culture


Réponse du Ministère de la culture publiée le 17/12/2020

Les difficultés rencontrées par les photographes professionnels, renforcées par la crise sanitaire et ses répercussions, sont communes à l'ensemble des créateurs des arts visuels. Les données statistiques sur les revenus des professionnels pour l'année 2018 montrent que nombre de photographes-auteurs ne tirent de leur activité que des revenus modestes : si le revenu artistique moyen pour les quelques 4 328 photographes artistes-auteurs est de 28 711 €, la médiane s'établit à 16 473 €. Les graphistes (13 680 affiliés) ont un revenu moyen inférieur (25 510 €), la médiane étant quant à elle de 18 688 €. Les plasticiens disposant pour leur part de revenus d'activité artistique encore moindres, avec une moyenne de 21 048 €, et une médiane de 9 940 € pour les 5 945 peintres. Le Gouvernement a mis en œuvre pour l'ensemble des secteurs économiques un fonds de solidarité et une prise en charge de l'activité partielle, mesures qui ont pu être mobilisées par les entreprises du secteur de la photographie et les photographes indépendants. Des mesures spécifiques ont été ouvertes, par le Centre national des arts plastiques, pour compléter ces mesures générales. Ces réponses à une situation d'urgence sont complétées par un véritable plan de relance pour la culture, plan dans lequel les arts visuels et la photographie ont toute leur place. L'enjeu du plan de relance pour la culture est à la fois de reconstruire les secteurs culturels et de refonder les politiques culturelles, afin de pouvoir soutenir les reprises d'activité et se projeter dans l'avenir. Cette relance impliquera entre autre, un plan de commande d'envergure de 30 M€ et s'inscrira dans un effort vertueux et durable de meilleur partage de la valeur avec une juste rémunération des artistes-auteurs des arts visuels. C'est bien ce que le ministère de la culture entend porter, dans le cadre de la transposition de la directive sur le droit d'auteur dans le marché unique numérique, pour que les opérateurs de l'internet ou GAFA, et les plateformes, qui bénéficient de l'exploitation des contenus artistiques et photographiques contribuent également aux revenus des auteurs des œuvres et au financement de la création.

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