Question de M. PACCAUD Olivier (Oise - Les Républicains-R) publiée le 22/10/2020

Question posée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Paccaud. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, ainsi qu'au garde des sceaux.

Si je suis sénateur, je reste le professeur d'histoire-géographie que j'ai été, comme d'autres ici. Vendredi, un enseignant d'histoire-géographie, Samuel Paty, a été sacrifié sur l'autel du fanatisme islamiste, ce fascisme d'aujourd'hui, condamné à devenir martyr pour avoir accompli son devoir – enseigner la tolérance, tenter d'éveiller les consciences –, décapité pour avoir simplement fait son métier, transmis un savoir.

L'histoire et sa fille naturelle, l'éducation civique, sont des matières plus que précieuses, parce qu'elles révèlent nos racines, donnent un sens au long fil d'Ariane qui nous relie à nos aïeux, nous permettent de mieux comprendre comment vivre ensemble. Mieux vaut savoir d'où l'on vient pour ne pas se perdre et s'égarer sur les sentiers du malheur, telle est la leçon de vie, le talisman prudent, qu'offrent l'histoire et ses professeurs.

Or, depuis des années, ceux qui enseignent l'histoire et l'éducation civique sont parfois menacés. On veut les faire taire ! La Shoah, les croisades, les valeurs républicaines, la laïcité, les droits de l'homme, la femme égale de l'homme, les islamistes veulent en effacer les traces, ils veulent aveugler les esprits. Et certaines autorités ne veulent surtout pas de vagues – pensez que Samuel Paty avait été convoqué au commissariat pour se justifier !

Aussi est-il temps de réellement protéger les professeurs et de sanctuariser les cours d'histoire et d'instruction civique, mais aussi ceux de sciences, de lettres ou de sport.

Monsieur le ministre, ne doit-on pas désormais instaurer un délit d'entrave à la liberté d'enseigner dans le cadre, bien évidemment, des programmes définis par l'éducation nationale ? C'est l'un des moyens de faire cesser la guérilla permanente des ennemis de l'école émancipatrice. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 22/10/2020

Réponse apportée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Olivier Paccaud, je vous remercie d'avoir fait référence aux professeurs d'histoire-géographie. En effet, au-delà de l'hommage que nous rendons aux professeurs, regardons les enjeux de cette discipline. C'est un sujet dont je parlais ce matin même avec les représentants de l'association des professeurs d'histoire-géographie venus m'apporter leur soutien et leurs propositions dans les circonstances actuelles d'unité nationale.

Vous avez raison, les professeurs d'histoire-géographie sont souvent ceux qui sont en première ligne. Cela ne devrait pas nécessairement être le cas, parce que tous les enseignements, y compris dans le domaine scientifique, peuvent être confrontés aux mêmes difficultés. De fait, tous les enseignants sont en première ligne pour défendre la République et transmettre ses valeurs.

Monsieur le sénateur, je ne peux pas vous laisser dire que l'institution n'a pas apporté son soutien à Samuel Paty.

Tout d'abord, depuis mon arrivée à ce ministère, j'ai créé le Conseil des sages de la laïcité. Il existe désormais pour l'éducation nationale un ensemble de normes et de références extrêmement exigeantes en la matière.

Ensuite, nous avons mis en place des équipes « Valeurs de la République », qui sont intervenues dans cette affaire en soutien de Samuel Paty.

Je vous en supplie, ne relayez pas les mensonges, les fake news, des réseaux sociaux – nous venons justement de dire il y a quelques instants que ce problème était l'un des pires de notre époque. Il n'est pas vrai de dire que l'institution n'a pas apporté son soutien à Samuel Paty. C'est un fait, et l'inspection générale comme les autorités judiciaires le démontreront. Je vous en supplie, ne faites pas ce que nous reprochons justement aux ennemis de la République.

Il est extrêmement important de dire que le fameux « pas de vagues ! » n'est pas ou n'est plus, si vous préférez, la logique de l'éducation nationale. Je l'ai dit dès les premiers jours de mon arrivée au ministère il y a trois ans et demi, et je l'ai démontré ensuite. Dans cette affaire, ce n'est pas le « pas de vagues ! » qui est en question.

Bien sûr, il existe des problèmes, je suis le premier à les reconnaître et les nommer. Nous n'avons pas tout résolu, il y a encore beaucoup à faire, notamment pour encore mieux signaler et réagir. Nous avons commencé à avancer, nous allons continuer de le faire, et je suis ouvert à toute proposition pour aller encore plus loin. Je le répète, notre logique est celle du signalement et de la défense sans faille des principes de la République. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour la réplique.

M. Olivier Paccaud. Monsieur le ministre, vous ne m'avez pas répondu sur le délit d'entrave.

Oui, nous sommes en guerre ! Oui, la peur doit changer de camp ! Oui, la foi ne saurait être au-dessus de la loi ! Mais si la parole a des vertus, elle a des faiblesses. La République doit éclairer, mais aussi protéger. Alors, commençons par modifier l'article 431-1 du code pénal. Je tiens une proposition de loi à votre disposition pour aller dans ce sens. Charles Pasqua disait jadis : « Il faut terroriser les terroristes. » On pourrait dire qu'il faut se séparer des séparatistes. En tout cas, aujourd'hui, il faut paralyser les islamistes ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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