Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 01/10/2020

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur le bilan à tirer de Parcoursup, la plateforme d'accès à l'enseignement supérieur qui a fermé jeudi 24 septembre à minuit.

En effet, face à l'afflux de lycéens généré par le taux record de réussite au bac, cette année, le ministère a dû prolonger cette phase. Si la solution trouvée – à savoir la création de 21 000 places pour faire face à cette vague – va permettre de scolariser tous les étudiants, elle a toutefois ses limites.

D'une part, il a fallu gonfler les effectifs possibles dans les filières et parfois « pousser » les murs des universités. Or, cela nécessite également de mobiliser des moyens pour bien former les étudiants. Il lui demande si les établissements d'enseignements supérieurs auront les budgets nécessaires pour y parvenir.

D'autre part, les étudiants n'ont pas trouvé de place dans les filières qui étaient leur premier choix et sont allés par défaut dans d'autres qui pouvaient les accueillir. Cette orientation « par défaut » va être problématique car une orientation subie risque d'entraîner des élèves démotivés plus rapidement au moment où, à cause du Covid-19, l'enseignement va se faire en partie à distance dans de nombreuses facs.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 25/02/2021

Avec 95,7 % d'admis, le taux de réussite global de la session du baccalauréat 2020 a été nettement supérieur à celui de 2019 (88,1 %). Le taux de réussite au baccalauréat général, de 98,4 %, a augmenté de 7,2 points par rapport à celui de 2019. Celui du baccalauréat technologique a gagné 7,6 points. Dans la voie professionnelle, avec 90,7 %, le taux de réussite a été en hausse de 8,4 points. Au total, 48 000 bacheliers supplémentaires ont été admis. Ces bacheliers étaient pour l'essentiel tous déjà candidats sur Parcoursup. En complément des dispositifs d'accompagnement et pour répondre à la demande de poursuite d'études de ces nouveaux bacheliers, le Gouvernement s'est mobilisé, dans le cadre du Plan #1jeune1solution, pour accroître de manière significative les places notamment dans les filières de formation en tension, avec l'appui des établissements d'enseignement supérieur et, pour les places en instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), des régions. L'objectif était à la fois de répondre aux demandes en nombre suffisant tout en tenant compte de la diversité des besoins des candidats : 21 500 places supplémentaires ont été financées : parmi ces places, on compte 5 700 places en sections de technicien supérieur (STS), 6 000 places de formation de type formation complémentaire d'initiative locale (FCIL) ou CAP en 1 an, 2 000 places dans de nouvelles formations courtes à l'université, 4 000 places dans les licences les plus demandées, et 3 800 places dans les formations paramédicales, notamment 2 000 places dans les IFSI. L'effort de création de places se poursuit pour la rentrée 2021, à hauteur de 20 000 places. Il ne s'agit pas que de places en première année, mais aussi en L2, en L3 et en master. Pour une part importante,  ces nouvelles places sont le fruit de la réforme des études de santé, avec des étudiants en PASS (parcours spécifique accès santé) ou L.AS (licence avec option accès santé) qui auront la possibilité de se réorienter l'année prochaine plutôt que de quitter l'université ; Des aides financières ont également été mises en place par le ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion pour faciliter l'intégration des jeunes dans des formations en apprentissage à la rentrée. Parcoursup accompagne et participe à cette mobilisation collective pour l'apprentissage en donnant sur la plateforme une forte visibilité aux centres de formation d'apprentis (CFA) et en leur permettant à la fois d'accueillir des candidats qui n'ont pas encore signé de contrat et de les accompagner dans leur recherche d'employeur jusqu'à 6 mois après leur rentrée. Cette mobilisation pour l'apprentissage s'est poursuivie sur Parcoursup tout au long du mois d'octobre aux côtés des acteurs de l'alternance pour accompagner les jeunes qui recherchent un employeur et permettre aux CFA de formuler des propositions d'admission à des candidats à l'apprentissage. Elle se poursuit encore aujourd'hui avec le ministère du travail qui met en place, avec l'appui des OPCO, des Direccte et des Carif-Oref, des actions pour que les jeunes rentrés en CFA sans contrat puissent trouver dans les entreprises de leurs territoires un employeur. Les aides aux employeurs d'apprentis ont d'ailleurs été prolongées au-delà du 31 janvier 2021. Un effort budgétaire sans précédent permet ainsi d'accueillir ces nouveaux étudiants : sur les années 2020 à 2022, le budget correspondant est de 180 M€. Par ailleurs, à la lumière de l'expérience du confinement, les universités ont bénéficié de moyens supplémentaires notamment pour mettre en place un soutien pédagogique. Entre l'été et l'automne 2020,  plus de 40 M€ ont été alloués aux établissements pour hybrider leur formation, si possible en se regroupant afin de pouvoir créer et partager davantage de ressources pédagogiques. Au total, ce sont donc 34 projets qui ont fait l'objet d'une reconnaissance de la part de l'État. Dans le cadre du Plan de relance, un volet « Hybridation et équipements numériques universitaires » est doté de 35 M€ ; ils permettront de compléter les 21 M€ déjà débloqués pour financer des projets de développement numérique déposés par les universités. Ils concernent la formation des enseignants à l'utilisation des outils numériques et à la scénarisation de cours, le recrutement d'ingénieurs pédagogiques, la création des cours avec des tournages de vidéos, l'achat de ressources et d'équipements. Concernant le risque d'échec des néo-bacheliers, plusieurs dispositifs prévus par la loi Orientation et réussite étudiante (ORE) ont permis d'engager une réforme du premier cycle, en mettant notamment à disposition des établissements d'enseignement supérieur divers leviers parmi lesquels deux dispositifs spécifiques : le contrat de réussite pédagogique qui permet la construction d'un parcours de formation personnalisé répondant à la diversité des étudiants et de leurs objectifs ; la création de dispositifs de réussite grâce auxquels certains étudiants peuvent bénéficier d'un soutien académique et méthodologique. Leurs effets sur la réussite des étudiants sont aujourd'hui avérés, ainsi que l'a montré une mission menée par l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), auprès de 28 universités. Il en ressort que le nombre de néo-bacheliers bénéficiant d'un parcours personnalisé est en forte progression (il a été multiplié par 6 par rapport à l'année précédente), tout comme le nombre d'universités qui en proposent (22 établissements contre 7 l'année précédente). 65 % de ces étudiants bénéficient de modules complémentaires et 35 % d'un allongement de la durée de leurs études. La récente étude du service statistiques ministériel montre que pour l'année 2018-2019, le taux de passage en 2e année de licence des néo-bacheliers a été de 45,4 %. Après quelques années de stabilité, autour de 40 %, ce taux a augmenté de 4,4 points entre 2016 et 2018. Cette hausse semble imputable à deux effets, liés à la loi ORE : un changement de structure de la population en 1re année de licence et le bénéfice des accompagnements pédagogiques à l'égard des entrants à l'université. Concernant les étudiants qui souhaiteraient se réorienter l'an prochain, ils bénéficieront du même égard que les années précédentes dans le cadre de la procédure Parcoursup. Durant cette année marquée par les effets de la crise sanitaire, de très nombreuses mesures ont été reprise en soutien des étudiants et pour lutter contre le décrochage. L'enveloppe des aides spécifiques d'urgence, allouées que l'on soit boursier ou non, a été doublée pour atteindre 50 M€. Une aide de 150 euros supplémentaires a également été octroyée à tous les étudiants boursiers au mois de décembre et le ticket repas Crous à 1 euro a été étendu à tous les étudiants. En outre,  l'accompagnement psychologique a été renforcé, avec le recrutement de 60 travailleurs sociaux dans les Crous, 80 psychologues dans les universités et 1 600 étudiants référents dans les résidences Crous pour lutter contre l'isolement social, détecter les situations de mal-être, et faire perdurer une vie étudiante adaptée dans le respect des règles sanitaires. Un dispositif d'accompagnement psychologique permettra enfin aux étudiants de consulter des psychologues gratuitement dans le cadre d'un parcours de soin. Des étudiants tuteurs sont recrutés pour accompagner les étudiants en difficulté, notamment en première année. 20 000 emplois supplémentaires pour des missions de tutorats ont été créés, pour une durée de 4 mois. Étudiants en année supérieure, ils auront pour mission d'accompagner leurs pairs de première et deuxième année dans leurs études (aide à la recherche documentaire, aide à la réalisation des T.D., appropriation de l'espace numérique de travail, etc.), mais aussi de jouer un rôle d'interface avec les enseignants et l'ensemble des services à la disposition des étudiants (sociaux, santé, numérique, scolarité, etc.). Lorsque la demande existe, les formations universitaires accompagnent les projets d'orientation dès le premier semestre, favorisant les réorientations en interne ou en collaboration avec d'autres formation. La loi ORE fixe dans ses principes un premier cycle revisité, les portails organisés en majeur–mineur offrent déjà un premier choix d'orientation, mais pour certains il faut aller différemment. Certaines universités comme Bordeaux, Lille ou Amiens proposent des réorientations sur des formations courtes (BTS, BTSA, DUT) via une plateforme ; d'autres proposent une réorientation suite à un stage de réorientation, une étude de leur dossier en commission pédagogique, d'autres proposent des DU pour « Réagir, Rebondir, Réussir ».

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