Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 17/12/2020

Question posée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, les résultats de l'enquête Timss (Trends in International Mathematics and Science Study) sont tombés : les élèves français de CM1 sont les derniers en mathématiques dans l'Union européenne et les avant-derniers parmi les pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ; nos collégiens de quatrième ont en mathématiques le niveau de cinquième de leurs aînés de 1995 ; 15 % des élèves de CM1 n'atteignent même pas le niveau dit « bas », contre 6 % de leurs camarades de l'Union européenne…

Monsieur le ministre, vous occupez le fauteuil de Jules Ferry depuis trois ans et sept mois : vous êtes comptable, au moins pour partie, de ces résultats. Comment expliquez-vous que se poursuive et s'amplifie cette trajectoire plongeante, qui inquiète les Français et fait mal à tous ceux qui aiment l'école de la République ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 17/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Max Brisson, vous savez très bien que je suis le premier préoccupé par ce type de résultats.

Je rappelle que les résultats fournis par les enquêtes internationales arrivent toujours en retard par rapport aux observations faites. En l'occurrence, les élèves ont été testés pendant l'année scolaire 2018-2019. S'agissant d'élèves de quatrième, l'honnêteté conduit à reconnaître que l'action que nous avons menée n'a pas pu porter pleinement ses fruits pour eux. (Mme Sylvie Robert s'exclame.)

Vous savez fort bien, monsieur le sénateur, car nous avons de longs débats sur ces sujets, que nous avons pris la mesure de la situation dès 2017 : nous avons lancé le plan Villani-Torossian, qui comporte vingt et une mesures, dont dix-sept sont déjà appliquées. Évidemment, elles porteront leurs fruits dans la durée, puisqu'elles ont trait à la formation initiale des professeurs, à leur formation continue et aux ressources pédagogiques. Chacun peut en consulter les détails sur le site internet du ministère.

En particulier, 1 200 référents mathématiques environ ont été désignés, un dans chaque circonspection de l'éducation nationale. Par ailleurs, chaque professeur des écoles de France bénéficiera d'une formation continue très poussée en mathématiques, alimentée aux meilleures pratiques mondiales.

D'ailleurs, notre plan a inspiré plusieurs pays dans le monde, à l'instar de celui de Singapour, un État avec lequel nous travaillons sur ces questions.

La pente à remonter est considérable ; je suis le premier à le dire. Il n'y a pas lieu de polémiquer sur le sujet, mais plutôt d'analyser notre stratégie pédagogique, inscrite dans la durée et dont je suis disposé à discuter de tous les détails, dans tous les cadres que vous souhaiterez. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, vous m'avez répondu en fin connaisseur des rouages de votre ministère. C'est vrai, vous n'avez pas lésiné sur les réformes. Mais est-ce là vraiment le cœur du problème ?

Au-delà des enquêtes et de leurs limites, la Nation constate chaque jour la baisse généralisée du niveau des élèves ; elle s'interroge et s'inquiète.

Les mathématiques sont un révélateur implacable : elles ne font pas bon ménage avec une école qui freine les meilleurs pour que les autres suivent, une école qui a chassé de son vocabulaire les mots « effort », « notation », « mérite » et « excellence », une école en dilettante, celle que suggère le Premier ministre en rendant la classe facultative à la veille des vacances…

M. Olivier Paccaud. C'est un scandale !

M. Max Brisson. Pour renouer avec l'apprentissage réussi des mathématiques, ne faut-il pas que l'école retrouve les chemins du dépassement de soi et de l'excellence ?

Il fut un temps où un tiers des élèves de Polytechnique étaient d'origine populaire. Ils avaient rencontré des maîtres exigeants, qui ne leur parlaient pas d'inégalité de destin, mais d'effort et de travail.

M. Olivier Paccaud. Très bien !

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, la méritocratie est, pour les classes populaires, la garantie d'une école de l'équité, fidèle à la promesse républicaine ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports se lève pour répondre à l'orateur.)

M. le président. Non, monsieur le ministre, ici, il n'y a pas de deuxième session ! (M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports se rassied.)

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