Question de M. GREMILLET Daniel (Vosges - Les Républicains) publiée le 28/01/2021

M. Daniel Gremillet attire l'attention de M. le Premier ministre sur l'urgence d'entendre la jeunesse.

En France, la jeunesse est multiple. Lycéens, apprentis, étudiants de facultés, de classes préparatoires aux grandes écoles, d'écoles d'ingénieurs ou de commerce, en brevet de technicien supérieur (BTS) ou en diplôme universitaire de technologie (DUT), jeunes à la recherche d'un stage, jeunes poursuivant des études avec ou sans activité rémunérée, jeunes diplômés à la recherche d'un premier emploi, jeunes qualifiés ou non, jeunes ayant accédé à un premier emploi, autant de situations individuelles mais un sentiment largement partagé d'être sacrifiés.

Le 14 mars 2020, le Président de la République annonçait la fermeture de tous les établissements d'enseignement, en découlait la mise en place de nouvelles formes d'enseignement mais aussi d'évaluation, corrélativement la fermeture de lieux habituels de vie transformait le mode de vie et toute forme de sociabilité de la jeunesse française. Il décidait la fermeture de sites pour nombre d'entreprises limitant, pour de nombreux jeunes, des alternances et des contrats d'apprentissage, affectant les emplois étudiants, paralysant les projets de stages, enlisant la prise de missions intérimaires. Avec la fermeture des frontières, la mobilité internationale s'en trouvait affectée.

Privés de vie associative et de vie sociale, les jeunes sont pour certains marqués par l'incertitude et la fragilité : des précarités sont apparues alors que d'autres se sont accentuées. Aux difficultés financières pour se loger, se nourrir, pour s'organiser, pour accéder au numérique se sont ajoutées des difficultés psychologiques : beaucoup se déclarent nerveux, tristes ou abattus voire découragés. Certains ont renoncé à se soigner. Les moins de 25 ans auraient le sentiment de passer à côté de l'insouciance si nécessaire à cet âge.

Le premier confinement s'est révélé être une épreuve pour la jeunesse, le second serait plus dépressogène. Des études concordantes témoignent que quatre jeunes sur dix ont modifié leurs projets professionnels à cause de la crise du Covid-19, d'autres ont revu leur parcours académique et leur orientation. Pour les jeunes diplômés, l'insertion professionnelle s'avère plus complexe que prévu. Les offres d'emploi accessibles ont chuté de pratiquement 40 % en 2020, par rapport à 2019. Les 25-30 ans seraient davantage préoccupés par les effets économiques et sociaux de la crise.

Si le Gouvernement a mis en place un plan jeune à la fin du premier confinement avec un développement du service civique tablant sur la signature de 220 000 contrats en 2021 (140 000 en 2018). Et si une reprise des travaux dirigés en présentiel en demi-groupe pour les étudiants de première année est de mise depuis ce 25 janvier 2021, le Président de la République s'est engagé, jeudi 21 janvier à Saclay, à la mise en place de deux repas par jour à 1 euros dans les restaurants universitaires pour tous les étudiants, le retour en présentiel à 20 % (un jour par semaine) ; le déploiement d'un chèque « psy » et d'un parcours de soin adapté, il s'avère que, malgré toutes leurs ressources reconnues : adaptabilité, vitalité, créativité, il s'agit, aujourd'hui, de pouvoir leur donner des perspectives encourageantes pour leur avenir à une période de leur vie qui est à la fois celle de la construction de leur personnalité d'adulte et des inquiétudes qu'elle porte, de la socialisation en dehors du cadre familial, de l'insertion dans le monde du travail.

Aussi, il demande au Gouvernement quelles mesures il entend mettre en œuvre afin de pouvoir leur éviter les décrochages, de leur permettre d'acquérir les connaissances nécessaires à la poursuite d'études, d'agir sur les bourses sur critères sociaux, de mettre en place un accompagnement humain et financier pour favoriser leur insertion professionnelle, de les laisser vivre leur jeunesse tout simplement.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 06/05/2021

Le Gouvernement est pleinement mobilisé afin d'assurer le juste équilibre entre la gestion de la crise sanitaire et l'accompagnement des jeunes vers l'autonomie, en leur permettant de traverser cette crise le plus sereinement possible. Des éléments de réponse à cette crise ont déjà été mentionnés dans la question. Toutefois, des éléments complémentaires issus du volet jeunesse du plan de relance, intitulé « un jeune une solution », se doivent d'être cités. Les premières mesures adoptées ont été construites autour de trois grands axes, permettant de répondre aux enjeux décrits dans la question : - le premier axe, « faciliter l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle », comprend notamment des mesures en direction des entreprises telles qee la compensation de charges de 4 000 € pour tout jeune recruté entre août 2020 et mars 2021 et une aide exceptionnelle de 5 000 € pour recruter un alternant mineur ou de 8 000 € pour recruter un alternant de plus de 18 ans (ayant signé un contrat d'apprentissage ou de professionnalisation entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021). Le Gouvernement renforce aussi le soutien à l'emploi sportif par le biais de son opérateur, l'Agence nationale du Sport, en créant 2 500 emplois supplémentaires sur 2021-2022. Et la création de 2 000 emplois supplémentaires pour les jeunes dans les associations a été permise via le renforcement des moyens du FONJEP (fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire) ; - le deuxième axe, « orienter et former 200 000 jeunes vers les secteurs et métiers d'avenir », vise à pouvoir donner des perspectives encourageantes pour l'avenir des jeunes. Il propose notamment de nouvelles formations qualifiantes ou pré-qualifiantes, des formations numériques à portée de tous, des places de formations supplémentaires pour les lycéens et étudiants (CAP, BTS et études supérieures). Cet axe vise aussi à améliorer les conditions de suivi des formations : une revalorisation de la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle (200 € par mois pour les mineurs et 500 € pour les 18-25 ans), le doublement du nombre d'élèves bénéficiaires des cordées de la réussite et des parcours d'excellence, le renforcement de prêts-études garantis par l'État (majoration de l'enveloppe de 16 M€, soit un quintuplement du montant, pour 58 000 étudiants bénéficiaires), etc. ; - le troisième axe, « accompagner plus particulièrement les jeunes éloignés de l'emploi en construisant 300 000 parcours d'insertion sur mesure ». Dans ce cadre, le Gouvernement renforce l'accompagnement de jeunes vers une qualification en vue d'un emploi dans les métiers d'encadrement du sport ou de l'animation en finançant le parcours SESAME. Il renforce également des dispositifs d'inclusion durable dans l'emploi (60 000 Parcours emploi compétences en plus des 20 000 initialement programmés en 2021 et 60 000 contrats initiative emploi « jeunes » créés sur 2020-2021). Le parcours d'accompagnement contractualisé vers l'emploi et l'autonomie (PACEA), doté d'une allocation pour certains jeunes, ainsi que la garantie jeunes sont aussi renforcés. Des résultats sont déjà visibles : le ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion indique qu'entre août et novembre 2020, plus d'un million de recrutements ont été réalisé, soit un nombre analogue à 2019, et que 440 000 contrats en alternance ont été signés en 2020 (90 000 de plus qu'en 2019). En outre, le Premier ministre et la ministre chargée du Travail ont annoncé le 26 novembre 2020 un renforcement dudit plan par des mesures complémentaires : - la création de 20 000 emplois étudiants pour accompagner les décrocheurs et notamment les étudiants de première année. Il s'agit de contrats courts de 10 heures par semaine pendant quatre mois, que le CROUS va bientôt pouvoir proposer (mesure chiffrée à 50 M€) ; - le doublement du montant des aides d'urgence versées par les CROUS aux étudiants en difficulté financière, ce qui permettra d'aider 45 000 jeunes supplémentaires pour se loger et se nourrir (pour un coût de 56 M€) ; - l'instauration d'une aide exceptionnelle pour les travailleurs précaires. Cette aide exceptionnelle et rétroactive de 900 € par mois est prévue entre novembre et mai inclus. Au total, 70 000 jeunes devraient être concernés parmi les 400 000 travailleurs précaires ciblés par cette mesure ; - la multiplication par deux des bénéficiaires de la garantie jeunes, assortie d'une aide financière pour faciliter les démarches d'accès à l'emploi, pour atteindre la cible de 200 000 jeunes fin 2021 ; - des dispositions pour les jeunes en fin d'études et entrant sur le marché du travail avec un accompagnement par Pôle emploi et l'APEC, assorti d'un soutien financier allant jusqu'à 500 € mensuels pendant leur recherche d'emploi. Il convient toutefois de préciser que, si de nombreux dispositifs existent à destination des jeunes et sont valorisés sur la nouvelle plateforme https://www.1jeune1solution.gouv.fr, le problème du non-recours aux droits et services qui leur sont offerts demeure une préoccupation majeure du Gouvernement, cela ayant été mis encore davantage en lumière à l'aune de la crise sanitaire. Un travail important est réalisé sur le terrain par les différents réseaux au service des jeunes, notamment le réseau info jeunes, qui, fort de ses 1 500 structures information jeunesse implantées sur l'ensemble du territoire, y compris les territoires ultra-marin, permet de délivrer aux jeunes une information généraliste, de qualité et gratuite. Tel qu'annoncé par le Président de la République le 1er mars, le Gouvernement va mettre en place à partir du portail internet « 1jeune1solution » un simulateur d'aides, permettant aux jeunes de pouvoir facilement identifier les offres et services qui peuvent leur être destinés. Le Gouvernement a par ailleurs annoncé à la rentrée dernière la revalorisation des bourses sur critères sociaux. Enfin, depuis la rentrée 2020, afin qu'aucun jeune ne soit laissé dans une situation où il ne serait ni en études, ni en formation, ni en emploi, l'obligation de se former est prolongée jusqu'à l'âge de 18 ans. Une des mesures clé de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, l'obligation de formation permet de repérer et d'amener vers un parcours d'accompagnement et de formation les jeunes en risque d'exclusion.

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