Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SER) publiée le 01/04/2021

Mme Victoire Jasmin appelle l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la précarité et la pauvreté grandissante dans les territoires d'outre-mer.
Le 13 septembre 2018, le Gouvernement présentait la « stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté » décliné autour de 5 axes majeurs et de mesures phares qui étaient destinées à enrailler la pauvreté et la précarité. Un budget de 8,5 milliards était dédié à l'atteinte de cet objectif.
Les territoires d'outre-mer, déjà très marqués par les retards structurels et le chômage de masse qui touche particulièrement les jeunes, les mesures d'accompagnement et de relance non spécifiques, ne prend pas en compte la réalité des problématiques existantes.
Suite aux effets dramatiques de la crise sanitaire induite par la Covid-19, nous pouvons mesurer l'inefficacité des mesures présentées et l'urgence de mettre en œuvre des dispositifs adaptés à nos territoires « pauvres ».
En Guadeloupe, où 75 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, parler d'égalité des chances dès les premiers pas pour rompre la reproduction de la pauvreté est une urgence.
En effet, la Guadeloupe présente un taux de couverture très faible en terme d'accueil du jeune enfant. Les structures d'accueil collectives sont peu nombreuses et l'accueil individuel assuré par les assistantes maternelles est fragile. Les modes de garde restent inaccessibles pour certains parents car le coût reste très important ; et, pour d'autres, il s'agit de l'absence de structure à proximité de leurs lieux de résidence qui représentent un frein supplémentaire.
Des initiatives prises par le conseil départemental ont impulsé une dynamique, territoriale, privée, associative, pour concourir à offrir un mode de garde adapté aux besoins des familles, cohérente avec l'aménagement du territoire.
La pauvreté de nos territoires se traduit aussi dans la qualité, la diversité et le prix de l'alimentation de la plupart des citoyens de ces territoires.
Outre les produits de dégagement qui sont régulièrement acheminés sur nos territoires, proposés à la vente à des prix modiques, beaucoup de foyers ne sont pas en capacité de consommer des denrées de qualité et d'avoir une alimentation saine et variée car les produits de premières nécessité restent chers et donc inaccessibles pour la plupart des Guadeloupéens.
La pandémie due à la Covid-19 a eu des répercussions sur notre économie. Ainsi depuis mars 2020, on constate une forte réduction de l'activité économique, une perte de revenus pour les travailleurs, des suppressions d'emplois, des fermetures d'entreprises...
Ces conséquences économiques dramatiques ont conduit à une réduction drastique du reste à vivre pour les foyers, de l'endettement, des impayés de loyers...
Sur nos territoires, la notion sociologique de « nouveaux travailleurs pauvres » se banalise car ils sont chaque mois un peu plus nombreux.
À mesure que la précarité et l'isolement s'accroissent au sein de la population, un phénomène s'accentue : la paupérisation des 15 30 ans.
Le plan de relance du Gouvernement ne comporte aucun volet garantissant un revenu décent.
Les solutions temporaires et les aides ponctuelles ou exceptionnelles proposées dans le cadre de cette crise « durable » ne peuvent à elles seules répondre aux problématiques constantes dans lesquelles s'enlisent durablement les foyers ultramarins.
Elle demande au Gouvernement d'exposer le détail des mesures qui seront prises pour répondre réellement aux difficultés d'outre-mer et souhaite que les spécificités des territoires soient considérées afin d'opérer une déclinaison adaptée des orientations nationales prises dans ce cadre.

- page 2140

Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


Transformée en Question orale (n°0002S)

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