Question de M. COURTIAL Édouard (Oise - Les Républicains) publiée le 22/07/2021

M. Édouard Courtial appelle l'attention de Mme la ministre des armées sur le développement des drones militaires. En effet, si la France est une grande puissance militaire qui dispose de technologies de pointe, elle accumule un certain retard en ce qui concerne les drones militaires et qui semble difficilement rattrapable aujourd'hui. Pourtant, ils sont un éléments indispensable pour nos armées.
Ainsi, compte tenu des enjeux, il y a urgence pour la France de réagir. Ainsi, il lui demande de lui indiquer les mesures qu'elle entend prendre dans ce domaine.

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Réponse du Ministère des armées publiée le 17/03/2022

La France met en œuvre une stratégie volontariste en matière d'équipement et d'emploi des drones par les forces armées, depuis les nano-drones de quelques grammes jusqu'aux drones MALE (moyenne altitude longue endurance) de plusieurs tonnes. En termes opérationnels, les programmes de drones français s'organisent en trois segments, MALE (Reaper et drone MALE européen), TACTIQUE (système de drone tactique ou SDT pour l'armée de terre et système de drone aérien marine ou SDAM) et CONTACT (élongation inférieure à 100 km). Ces segments correspondent à des besoins opérationnels différents et complémentaires tant en termes d'élongation, d'altitude, de mise en œuvre que de finalité. Du point de vue de l'équipement des forces, une forte montée en puissance est en cours depuis 2019, avec les livraisons de drones de contact (DROP et NX70 depuis 2019, SMDR depuis 2020) et les commandes de nouveaux segments de drones (notamment les systèmes de mini-drones aériens pour la marine ou SMDM fin 2020). Compte tenu des besoins croissants des forces dans ce domaine, il y a aura plus de 1000 drones en service dans les forces d'ici trois ans contre quelques dizaines il y a cinq ans. Le ministère des armées dispose désormais de solides retours d'expérience de l'emploi de ces systèmes par les différentes armées. On constate par ailleurs une structuration forte de l'ensemble des acteurs du ministère afin de disposer de ressources adaptées aux enjeux des drones. Au-delà de l'aspect quantitatif, la montée en puissance capacitaire se traduit par l'armement des drones, capacité disponible sur le Reaper depuis fin 2019, en opérations extérieures. Elle se traduit également par l'effort de développement actuellement porté par la France afin de disposer d'un drone tactique marine (SDAM) adapté à la mise en œuvre particulièrement exigeante depuis le pont d'une frégate, quel que soit le temps et le niveau de mer, et avec un haut niveau d'automatisation. En ce qui concerne la préparation de l'avenir, une veille technologique est assurée par les équipes de la direction générale de l'armement (DGA) et de l'agence de l'innovation de défense pour détecter les technologies et les innovations du monde civil susceptibles d'intéresser la défense. L'approche capacitaire renforcée mise en œuvre conjointement par la DGA et l'Etat-major des armées vise également à anticiper les grands changements à venir et leurs répercussions en termes d'évolutions des menaces. Elle permet de concevoir globalement les solutions à l'échelle des capacités plutôt que programme par programme afin de favoriser, d'une part, l'introduction d'innovations et, d'autre part, la cohérence d'ensemble des opérations d'armement. Cette approche s'avère particulièrement nécessaire dans un domaine dynamique comme celui des drones où les technologies sont accessibles à un nombre croissant d‘acteurs, industriels comme étatiques. Des études spécifiques ont également été lancées pour préparer les programmes d'armement. Certaines d'entre elles ont d'ores et déjà débouché sur des réalisations concrètes comme par exemple la liaison de données du SMDR et la boule optronique Euroflir 410 qui équipe notamment le SDT. La préparation de l'avenir se traduit également par le lancement de projets et de programmes d'armement au plan national ou en coopération (drone MALE européen) et la définition des étapes ultérieures des programmes en cours. L'enjeu n'est pas seulement le niveau technologique des équipements mais leur cohérence et leur coordination en vue d'être opérationnels. C'est tout l'objet de la démarche capacitaire, en particulier dans un domaine aussi diversifié que celui des drones. La France a ainsi largement pris la mesure du défi que constituent les drones et la montée en puissance impérieuse qu'ils nécessitent. Cet investissement large réalisé dans le cadre de la LPM 2019-2025, sur l'ensemble du champ capacitaire lui a permis de combler une part significative du retard passé.

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