Question de M. CAPUS Emmanuel (Maine-et-Loire - Les Indépendants) publiée le 27/01/2022

Question posée en séance publique le 26/01/2022

M. le président. La parole est à M. Emmanuel Capus, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

M. Emmanuel Capus. C'est désormais une certitude : l'inflation fait de nouveau partie du paysage économique. Elle s'établit à 5 % dans la zone euro, bien au-delà des prévisions des économistes.

Heureusement, le choc est plus modéré en France. La question ne porte pas sur les causes de cette inflation. Personne ne remet en cause le « quoi qu'il en coûte ».

M. Jérôme Bascher. Nos impôts !

M. Emmanuel Capus. Du moins, personne ne l'a contesté au plus fort de la crise, quand notre pays mobilisait ses forces pour lutter contre le virus.

La question porte sur les conséquences, à court terme comme à long terme, de cette inflation. À court terme, le Gouvernement a mis en place des dispositifs d'urgence, qui ont largement atténué ses effets. Je ne veux pas relancer ces débats, que nous avons déjà eus ici.

Ma question porte sur les conséquences à long terme de l'inflation.

Parmi les scénarii possibles, celui d'un relèvement des taux d'intérêt inquiète. Ce risque n'a jamais paru aussi élevé. Aux États-Unis, le patron de la Banque fédérale a reconnu que l'inflation n'avait rien de transitoire. Il laisse entendre qu'il pourrait relever les taux pour éviter une crise sociale. En Allemagne, le rendement des obligations d'État à dix ans est repassé au-dessus de zéro, une première depuis 2019. Il est hautement improbable que la France soit épargnée.

Face à cette hypothèse, notre pays a deux atouts : la croissance la plus forte et l'inflation la plus faible de toute la zone euro. Mais, madame la ministre, il a une faiblesse : sa dette publique. Le gouverneur de la Banque de France a rappelé hier que le taux d'entêtement actuel n'est pas soutenable à long terme.

Ma question est donc simple, madame la ministre : comment évaluez-vous le risque de relèvement des taux d'intérêt ? Pouvez-vous nous rassurer sur la capacité de la France à rembourser sa dette ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur des travées du groupe UC. – MM. Alain Richard, Martin Lévrier et Yves Bouloux applaudissent également.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 27/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 26/01/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Monsieur le sénateur Capus, comme vous le signalez dans votre introduction, la France a deux atouts : la croissance la plus forte et l'inflation la plus faible de la zone euro.

Cette situation favorable s'explique par une politique, celle du « quoi qu'il en coûte ». Cette politique, vous l'avez souligné, n'a pas été contestée. Surtout, elle a aidé à relancer la croissance, puisqu'elle a préservé l'outil de production et les compétences, ce qui a permis un redémarrage extraordinairement rapide.

Lors de la crise de 2008, les mesures prises avaient, certes, permis de sauver le système bancaire européen, mais elles avaient eu deux inconvénients.

D'une part, le chômage partiel étant trop bas, nous avions constaté une véritable hémorragie d'emplois : en particulier, 139 000 emplois avaient été supprimés dans l'industrie.

D'autre part, la fiscalité s'était alourdie trop rapidement, ce qui avait bloqué le rebond de la croissance.

Ayant appris de la gestion des crises passées, nous abordons cette situation de reprise dans les meilleures conditions possible.

Vous avez raison d'insister sur la dette. Je souligne, pour ma part, ce que l'économiste Paul Krugman a déclaré : la gestion de la crise en France, d'un point de vue économique, est une des meilleures du monde. D'ailleurs, l'Institut des politiques publiques nous dit que, si nous n'avions pas pris ces mesures, nous aurions accumulé dix points de PIB supplémentaires de dette.

Cette stratégie, que vous avez soutenue, a donc été la bonne. Comment ferons-nous, demain, pour gérer ce problème de dette ? De fait, 115 % du PIB, c'est évidemment beaucoup.

Nous devrons veiller à la crédibilité de la gestion de nos finances publiques. (M. Jérôme Bascher s'exclame.) Pour l'instant, les ministres des comptes publics qui se sont succédé, et le ministre de l'économie, ont toujours fait mieux que le budget qu'ils avaient annoncé. Au cours de cette mandature, nous sommes sortis de la procédure de déficit excessif qu'avait intentée la Commission européenne. Cette crédibilité limitera les conséquences d'une hausse des taux. (Protestations à droite. – Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Colette Mélot et M. Emmanuel Capus applaudissent également.)

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