Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 03/02/2022

Question posée en séance publique le 02/02/2022

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Madame la ministre, le dimanche 23 janvier dernier, M6 diffusait un reportage sur les dangers de l'islam radical, au cours duquel de nombreux Français ont dû découvrir, avec effroi, la réalité de ce qui se passe sur notre territoire.

Depuis lors, la journaliste Ophélie Meunier et le juriste Amine Elbahi, auxquels nous apportons évidemment tout notre soutien, ont dû être placés sous protection, en raison des nombreuses menaces dont ils sont victimes. En France, trente-cinq personnes seraient ainsi placées sous protection policière, pour des propos jugés par certains hostiles à l'islam.

Madame la ministre, trouvez-vous normal qu'il faille vivre caché ou protégé lorsque l'on dénonce une idéologie mortifère, qui n'a pas sa place dans notre pays ? Ou bien faut-il, pour vivre tranquille, se taire sur certains sujets ?

Qu'avez-vous fait concrètement, depuis cinq ans, pour faire taire ces pressions ? Pour dénoncer l'islamisme et lutter contre cette idéologie et contre l'entrisme des Frères musulmans, qui continuent de mettre en place leur projet, inlassablement, inexorablement, sur notre territoire ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur - Citoyenneté publiée le 03/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/02/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur, chargée de la citoyenneté. Si vous me le permettez, madame la sénatrice, je souhaite commencer par saluer votre engagement sur ces sujets. (Marques de satisfaction sur des travées du groupe Les Républicains.) Vous avez été très impliquée à nos côtés quand nous avons, ensemble, examiné le projet de loi confortant le respect des principes de la République. Nous avions alors partagé le constat, mais également l'objectif et l'urgence de lutter contre la menace islamiste dans notre pays.

Cette loi, qui a été enrichie puis adoptée ici, par vous, mesdames, messieurs les sénateurs, a justement permis de nous doter d'un certain nombre d'outils plus pratiques, plus utiles, plus concrets. Cela répond, madame la sénatrice, à votre question sur ce que nous avons fait : nous avons élaboré et fait adopter cette loi, qui manquait. Ce texte s'inscrit dans la droite ligne du discours des Mureaux du Président de la République, Emmanuel Macron, qui a enfin décidé de nommer la menace – le séparatisme – et de dire la réalité de ce que nous vivons en France.

Cette loi nous a permis de nous doter du « contrat d'engagement républicain », que j'évoquais précédemment, mais également de renforcer notre protection face aux menaces qui peuvent exister, en particulier sur les réseaux sociaux. Voilà à peine quelques semaines, le Premier ministre, le garde des sceaux et moi-même avons visité Pharos (plateforme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements) et le parquet de lutte contre la haine en ligne, qui protègent et mettent en œuvre les dispositifs de la loi confortant les principes de la République.

Ainsi, vous le voyez, le Gouvernement agit. (M. Roger Karoutchi proteste.) Nous faisons fermer les établissements qui représentent une menace, grâce à l'action des cellules départementales de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire (CLIR) et grâce à la loi qui a été renforcée, ce dont je vous remercie encore. (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Des mots, encore des mots, toujours des mots…

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Non, c'est une loi !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Et toujours cette ambiguïté !

En novembre 2019, le Sénat mettait en place une commission d'enquête sur la radicalisation islamiste et, pour la première fois, le 24 janvier 2020 – juste après la constitution de notre commission, comme par hasard –, le Président de la République parlait enfin de séparatisme.

Le Sénat a voulu vous tendre la main à plusieurs reprises, au travers d'amendements que certains d'entre vous, mes chers collègues, qualifient hypocritement d'« amendements textiles » : interdiction de signes religieux ostentatoires lors des accompagnements scolaires et lors des compétitions sportives – on l'a encore vu récemment – ou encore interdiction du burkini.

Or vous avez toujours renoncé, refusé,…

M. Roger Karoutchi. Absolument !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. … préférant subir les pressions de minorités agitées par peur de combattre ces dernières, par lâcheté et au moyen d'accommodements qui s'apparentent, selon moi, à du clientélisme.

Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. C'est faux !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Pendant ce temps, la base arrière des Frères musulmans, l'Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon et celui de Saint-Denis, participerait à la formation des imams dans le cadre du Conseil national des imams.

Madame la ministre, les Français en ont assez des paroles.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ils veulent des actes, des preuves et vous ne leur en donnez pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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