Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 24/02/2022

M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le Premier ministre à propos de la lutte contre l'illettrisme.
Il rappelle que déclaré « grande cause nationale » en 2013, l'illettrisme touche des millions de personnes en France.
À l'occasion de l'examen de la gestion de l'agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI), la Cour des comptes a fait un certain nombre de constats et émis des recommandations.
À propos de l'agence, la Cour souligne « son approche restrictive et datée du phénomène de l'illettrisme qui ne répond pas aux besoins actuels en matière d'acquisition par tous des compétences de base » et qui exclut de son champ d'action « près de deux millions de personnes ».
Les données sur lesquelles l'ANLCI fonde son action n'auraient pas été mises à jour depuis dix ans. Enfin, la lutte contre l'illettrisme ne ferait pas l'objet d'une évaluation d'ensemble.
Par conséquent, il souhaite savoir comment le Gouvernement entend donner suite aux recommandations de la Cour des comptes en matière de lutte contre l'illettrisme.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 28/04/2022

Le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS), administrateur du GIP ANLCI, est pleinement mobilisé sur la question de la prévention et de la lutte contre l'illettrisme. Dans le cadre de la sécurisation des parcours de tous les élèves, le développement et la consolidation des compétences de base (y compris les compétences numériques) constituent un réel enjeu en faveur de l'égalité des chances, de l'élévation du niveau de qualification, de l'insertion professionnelle et sociale. Le ministère œuvre pour agir, à titre préventif, au quotidien, dans la classe, dès la scolarité obligatoire à trois ans et tout au long du parcours des élèves ; l'acquisition et la maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter, respecter autrui) étant des priorités. L'action est également conduite, en aval, auprès des plus de 16 ans, pour lutter contre le phénomène, avec une attention toute particulière aux jeunes de 16 à 18 ans relevant de l'obligation de formation, le cas échéant dans une dynamique partenariale ; au sein de l'éducation nationale avec les membres de la mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS), les centres académiques de formation continue (CAFOC) et les GRETA, ou bien avec l'ANLCI, les acteurs relevant des autres ministères et les associations. Dans le cadre d'une feuille de route partagée, le MENJS propose d'impulser des actions de sensibilisation des équipes pédagogiques et éducatives des établissements scolaires, de favoriser la mutualisation des pratiques et des outils visant à répondre aux besoins recensés et à favoriser la mise en œuvre de réponses adaptées. Le MENJS participe ainsi pleinement au travail réalisé, avec les autres ministères, pour prendre en compte tous les publics concernés. Les actions de prévention et de lutte contre l'illettrisme sont évaluées. La direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui contribue à l'évaluation des politiques conduites par le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, traite les données issues des résultats aux tests d'évaluation de la lecture, lors de la journée défense et citoyenneté (JDC) et publie annuellement une note d'information. Une étude portant sur la JDC signale qu'en 2020, 9,5% des participants « rencontrent des difficultés dans le domaine de la lecture » dont la moitié peut être considérée en situation d'illettrisme. (Source : DEPP n.i 21.27, juin 2021). Les JDC participent à la détection et au repérage des jeunes qui ne maîtrisent pas le « savoir lire-écrire » indispensable à la sécurisation des parcours et à toute insertion sociale professionnelle et citoyenne. La direction du service national et de la jeunesse (DSNJ) du ministère des armées, via ses centres régionaux du service national et de la jeunesse (CSNJ), transmet tous les mois, les listes et les coordonnées des jeunes sous statut scolaire, repérés, lors des JDC, aux directeurs académiques des services de l'éducation nationale (DASEN). Le MENJS a contribué à l'analyse du phénomène et des profils identifiés dans les académies jusqu'en 2013, en s'appuyant sur les JDC pour les jeunes âgés de plus de 16 ans ; une nouvelle enquête actualisée est à l'étude. Un état des lieux régulier des mesures déployées dans les académies par l'éducation nationale est en cours afin de constituer une cartographie des territoires. Le réseau de référents académiques « illettrisme » est consolidé et remobilisé afin de recenser des données chiffrées, de renforcer le pilotage de la prise en charge et de l'accompagnement des jeunes concernés. L'ANLCI peut être mobilisée à cet effet pour ses outils de mesure, d'évaluation ou de positionnement. De plus, la feuille de route partagée entre le MENJS et l'ANLCI vise à engager une démarche de résultats, avec des objectifs partagés, qui feront l'objet d'une évaluation régulière. La tenue de comités de pilotage mensuels depuis septembre 2021 consolide le travail conjoint mené. Des pistes de travail et de coopération sont également étudiées au sein d'un groupe national, nouvellement constitué, rapprochant les services centraux du MENJS et les chargés de mission régionaux de l'ANLCI ; participation à des événements nationaux (Journées nationales d'action contre l'illettrisme, Coopératives des solutions), échanges et mutualisation de pratiques. Enfin, un programme d'activité et des actions prioritaires (2022-2023), qui feront l'objet d'une évaluation, sont déclinés par l'ANLCI et ses administrateurs parmi lesquels le MENJS est pleinement engagé.

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