Question de Mme FÉRET Corinne (Calvados - SER) publiée le 07/07/2022

Mme Corinne Féret attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la précarité et même la pauvreté d'un nombre croissant d'étudiants.

Difficultés financières et matérielles, mal-être, manque de perspectives, décrochage scolaire, aucune composante de la vie étudiante n'a été épargnée par la crise sanitaire. En réalité, le covid-19 n'a été que le révélateur et l'amplificateur de difficultés préexistantes, particulièrement prégnantes dans trois domaines : la santé, le logement et l'alimentation. Dans les faits, l'état de santé des étudiants continue de se dégrader, un nombre important d'entre eux déclarant renoncer aux soins pour des raisons financières. Aussi, dans de nombreuses villes universitaires, les loyers ne cessent d'augmenter. Les jeunes ont du mal à se loger, et ce d'autant plus que les places en résidences universitaires sont encore trop rares.

Certains étudiants manquent de tout, au point de ne pas pouvoir se nourrir. Il n'est plus rare de voir de longues files d'attente de jeunes devant les banques alimentaires. De plus en plus d'étudiants poussent leurs portes pour bénéficier de produits alimentaires et de première nécessité, à bas prix. À Caen, par exemple, sur le campus de l'université, l'épicerie solidaire AGORAé est un lieu d'échange et de partage qui participe à la lutte contre la précarité étudiante et l'exclusion. Elle propose notamment des denrées alimentaires à 10 % de leur valeur réelle.

En France, 20 % des étudiants vivent aujourd'hui en-dessous du seuil de pauvreté. Le coût de la vie ne cessant d'augmenter, ils sont toujours plus nombreux à être dans une situation financière et psychologique difficiles, qui a trop souvent une incidence directe sur leurs résultats universitaires. Ce faisant, elle souhaiterait connaître les mesures que le Gouvernement entend mettre en œuvre afin de lutter contre la précarité et la pauvreté étudiantes.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 06/10/2022

Les conditions de vie et d'égale réussite des étudiants sont une priorité du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. En réponse à une précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire, le Gouvernement a multiplié les dispositifs de soutien financier destinés à préserver le pouvoir d'achat des étudiants, en agissant sur ses principaux postes de dépenses tels que le logement (gel des loyers en résidences universitaires Crous) ou la restauration (repas à 1€ au bénéfice des étudiants boursiers et précaires, et à 3,30 € pour les autres). Ces mesures seront maintenues tout au long de l'année universitaire 2022-2023. Par ailleurs, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche soutient les dispositifs de solidarité et accompagne les acteurs porteurs de projets tels que les épiceries sociales et solidaires. Pour le développement du logement étudiant, le foncier disponible et bien situé constitue le principal obstacle, dans un contexte de concurrence des autres publics, de raréfaction et de cherté de ce foncier. Afin d'amplifier la production dans le parc public pour dégonfler la pression forte à chaque rentrée universitaire et suivre la hausse continue des effectifs étudiants, le ministère, en coordination avec le ministère chargé du logement, mobilise tous les acteurs et poursuit une démarche de recensements de fonciers universitaires constructiblesauprès des préfets de région, des recteurs ainsi que des acteurs locaux (collectivités, bailleurs, Crous, associations) pour concrétiser les opportunités et permettre rapidement le lancement d'opérations supplémentaires, dans la continuité du plan 60.000 logements. Afin de continuer à préserver le pouvoir d'achat des étudiants boursiers, le Gouvernement a décidé de revaloriser les bourses sur critères sociaux à hauteur de 4 % à la rentrée 2022. Chaque étudiant a donc vu sa bourse augmenter, quel que soit son échelon. De même, les droits d'inscription à l'université continuent d'être gelés en cette rentrée. Les étudiants boursiers jusque 28 ans pourront également bénéficier du « Pass'Sport » au titre de l'année 2022-2023 (allocation de rentrée sportive de 50 € pour financer tout ou partie de son inscription dans une association sportive agréée). Une aide exceptionnelle de solidarité, d'un montant de 100 €, est en outre versée à la rentrée 2022 aux étudiants boursiers sur critères sociaux, aux bénéficiaires d'une aide annuelle des Crous et aux bénéficiaires de l'allocation personnalisée au logement (APL). Les étudiants bénéficiaires d'une allocation logement bénéficieront également d'une revalorisation de l'APL de 3,5 %. Afin d'accompagner les étudiants les plus précaires, des aides exceptionnelles (pour l'ensemble des étudiants boursiers) ou d'urgence pour les autres étudiants confrontés à de graves difficultés financières peuvent également être accordées par les Crous (aides ponctuelles spécifiques). Pour améliorer le taux de recours à ces aides spécifiques, les CROUS veillent au renforcement de leurs services sociaux. Concernant l'accès aux soins des étudiants et la lutte contre le non-recours aux droits, les étudiants peuvent bénéficier, sous conditions, de la Complémentaire santé solidaire. Une convention avec l'assurance maladie a par ailleurs été signée au premier semestre 2022, renforçant la coopération avec les acteurs de l'enseignement supérieur et de l'assurance maladie. Cette convention prévoit notamment la désignation dans chaque caisse primaire d'un référent « enseignement supérieur », contact privilégié pour le public étudiant. Le dispositif « Santé Psy Etudiant » est maintenu. Il permet aux étudiants d'accéder à des séances de suivi psychologique gratuitement, sans avance de frais. Par ailleurs, les services de santé universitaires ont été dotés d'emplois de psychologues supplémentaires pour assurer un suivi et un accompagnement renforcé des étudiants. Enfin, les distributeurs de protections périodiques gratuites seront plus largement déployés dans les universités, les résidences universitaires des Crous et dans certains espaces de restauration. Ce sont déjà plus de 800 sites du réseau des Crous qui ont été équipés de ces distributeurs. Le Gouvernement a donc agi pour contenir la hausse des prix impactant les étudiants, et développé des aides directes et indirectes. Il s'agit là de mesures d'urgence et exceptionnelles. A côté de ces mesures, une concertation nationale va être lancée pour réformer le système de bourses sur critères sociaux et ainsi consolider une réponse structurelle aux difficultés rencontrées.

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