Question de Mme HERZOG Christine (Moselle - UC-R) publiée le 01/09/2022

Mme Christine Herzog interroge M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur la situation ubuesque de la société d'électricité historique EDF. Alors que les grandes entreprises telles que Total ou Engie ont déclaré des résultats nets d'exploitation records pour 2021 et 2022, EDF, producteur et revendeur d'énergie, affiche une situation financière dégradée au point que l'État a décidé de venir à son secours en la renationalisant. Elle lui demande ainsi les raisons de ce paradoxe en précisant les prix du kilowatt/heure vendus de 2021 à ce jour.

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Transmise au Ministère de la transition énergétique


Réponse du Ministère de la transition énergétique publiée le 08/06/2023

La situation financière d'EDF est effectivement marquée par une augmentation importante du chiffre d'affaires qui est passé de 84 Mdseuros en 2021 à 143 Mdseuros en 2022, qui s'explique par la forte augmentation des prix de vente de l'électricité et du gaz, et concomitamment une forte baisse de l'EBITDA. Cette évolution de l'EBITDA d'EDF est tirée par l'effondrement de l'EBITDA spécifique aux activités de production et de commercialisation en France. L'essentiel de la baisse de l'EBITDA de cette activité résulte de la diminution historique de la production d'électricité en France et de la stratégie de vente à terme d'EDF qui a conduit à baisse d'EBITDA par rapport à 2021 de 32,6 Mdeuros (l'EBITDA en 2021 était pour rappel de 18 Mdeuros) : - d'une part avec l'atteinte d'un niveau historiquement bas de la production nucléaire (279 TWh sur l'année 2022, contre 360 TWh en 2021), induite par les problèmes de corrosion sous contraintes, qui, par rapport à l'année 2021, dégrade l'EBITDA de 29,1 Mdseuros. Cet impact très important sur l'EBITDA s'explique par le fait qu'EDF, qui avait déjà largement vendu sa production avant de découvrir les problèmes de productible, a été contraint de racheter de l'électricité sur les marchés dans un contexte de prix de marché très élevés, du fait des conséquences de la guerre en Ukraine mais aussi de la tension crée par les indisponibilités de son parc ; - de l'incidence de la faible production hydraulique due au phénomène inédit de sécheresse rencontrée à l'été 2022 (32 TWh sur l'année 2022, en baisse de 20 % environ par rapport à une année d'hydrométrie normale) qui a eu un impact négatif de 2,7 Mdseuros sur l'EBITDA. Les mesures régulatoires exceptionnelles adoptées par le gouvernement en vue de limiter la hausse des prix aux consommateurs en 2022, et notamment l'augmentation du plafond de l'ARENH, ont eu un impact négatif de 8,2 Mdseuros sur l'EBITDA. L'effet favorable des prix de vente de l'énergie et les bonnes performances des autres activités du Groupe n'ont pas permis de compenser l'impact de ces différents évènements sur les résultats d'EDF. Le sujet des prix du kilowattheure vendu par EDF en 2021 et 2022 relève de la stratégie commerciale d'EDF. Il s'agit d'informations confidentielles, protégées au titre du secret des affaires. Toutefois, s'agissant du tarif réglementé de vente, le prix moyen perçu par EDF, supérieur au prix payé par les ménages depuis 2022 compte tenu de la mise en place du bouclier tarifaire par lequel l'Etat prend en charge une part importante de la facture, est passé de 128 euros/MWh en 2021, à 188 euros/MWh en 2022 et à 337 euros/MWh en 2023. Enfin, s'agissant du retrait de la cote (à l'issue de l'offre publique d'achat simplifiée), équivalent à une nationalisation, il s'inscrit avant tout comme la volonté, telle qu'annoncée par le Président de la République lors de son discours de Belfort, d'assurer un meilleur pilotage de cette entreprise stratégique pour la politique énergétique française sur ses enjeux opérationnel, notamment dans le contexte de la relance historique passant par un programme de nouveaux réacteurs nucléaires. Cette évolution du capital de l'entreprise contribue également à consolider et renforcer sa situation financière. Cette démarche s'inscrit dans un contexte d'urgence climatique et alors que la situation géopolitique impose des décisions fortes pour assurer l'indépendance et la souveraineté énergétique de la France, dont celle de pouvoir planifier sur le très long terme les moyens de production, de transport et de distribution d'électricité.

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