Question de M. IACOVELLI Xavier (Hauts-de-Seine - RDPI) publiée le 08/09/2022

M. Xavier Iacovelli attire l'attention de M. le ministre délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications sur le déploiement de la fibre optique.

Dans un monde où le numérique prend une place grandissante dans notre quotidien, les moyens de télécommunication sont en constante amélioration avec l'apparition de la fibre optique, permettant aux foyers français d'acquérir un wifi à très haut débit.

Si la crise sanitaire a bouleversé les modes de vie, elle a également permis à bon nombre d'entreprises de se réinventer. Le télétravail, jusqu'alors peu expérimenté, s'est démocratisé et s'inscrira durablement dans un grand nombre de secteurs.

En dépit des avancées salutaires, des inégalités perdurent en fonction des territoires.

Pour faciliter le raccordement à la fibre le gouvernement a mis en place une compensation financière destinée aux opérateurs afin de favoriser l'accès au très haut débit dans les zones rurales.

L'intégralité du département des Hauts-de-Seine est classée comme une Zone Très Dense, où les opérateurs d'infrastructure déploient la fibre à leur rythme, sans aucune contrainte de calendrier contrairement à des zones rurales où l'État a contraint les opérateurs à déployer la fibre car ces zones ne sont pas rentables économiquement.

Néanmoins, les Hauts-de-Seine disposent de nombreuses villes et quartiers à faible densité de populations, notamment dans les rues et quartiers pavillonnaires où la fibre tarde à être déployée. Certaines communes sont à 60 % de foyers raccordés à la fibre optique. L'un des deux opérateurs d'infrastructures sollicité par la ville de Rueil-Malmaison concernant le quartier du Plateau a réaffirmé qu'il ne déploierait pas ces quartiers dans un futur proche, notamment en raison du niveau de rentabilité dans les rues pavillonnaires.

Les opérateurs attendent une aide de l'État pour compenser la rentabilité dans ces zones. La crainte de la collectivité et des habitants est que la fibre n'y soit jamais déployée à court et moyen terme.

Afin de ne pas créer de fractures numériques dans les zones urbaines, et de disparités entre zones rurales et zones urbaines à faible densité de population, il lui demande quelles mesures ou compensations sont envisagées par le Gouvernement.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de la transition numérique et des télécommunications publiée le 23/02/2023

Lancé en février 2013, le plan France très haut débit (PFTHD) visait initialement à couvrir l'intégralité du territoire en très haut débit d'ici 2022, en mobilisant un investissement de 20 milliards d'euros en dix ans, dont plus de 3,3 milliards d'euros de l'État, pour déployer les infrastructures de l'Internet très haut débit sur tout le territoire. Au regard du régime notifié en vigueur pour le PFTHD  et conformément aux règles d'attribution en matière d'aides d'Etat, les subventions sont mobilisées seulement sur la zone moins dense du territoire, où la carence de l'initiative privée est établie. Historiquement, ce sont les décisions n° 2009-1106 et n° 2013-1475 de l'ARCEP qui  ont défini la liste des communes constituant les zones très denses du territoire. Ces zones ont été dessinées pour recenser « les communes à forte concentration de population pour lesquelles, sur une partie significative de leur territoire, il est économiquement viable pour plusieurs opérateurs de déployer leurs propres infrastructures, en l'occurrence leurs réseaux de fibre optique, au plus près des logements ». Par complément, le reste du territoire français est couramment désigné sous le terme « zone moins dense ». Afin de s'assurer de la carence de l'initiative privée au sein de la zone moins dense, le Gouvernement a recueilli en 2011 les intentions des opérateurs à déployer sur fonds propres des réseaux dans cette zone dans le cadre d'un premier appel à manifestation d'intérêt d'investissement (« AMII »), puis dès 2017  dans le cadre d'un second appel à investissement dit « AMEL » (Appel à Manifestation d'Engagement Local). Ces engagements AMII et AMEL ont été matérialisés par des engagements de déploiement juridiquement opposables pris par les opérateurs privés au titre de l'article L 33-13 du code des postes et des communications électroniques. Dans les zones très denses et les zones moins denses d'initiative privée (AMII et AMEL), les déploiements des réseaux FttH sont financés intégralement par les opérateurs privés. Par défaut d'initiative privée, les zones moins denses restantes nécessitent l'initiative publique pour le déploiement des réseaux à très haut débit. Ces dernières sont désignées comme des zones de réseaux d'initiative publique (RIP), et bénéficient des subventions prévues dans le cadre du PFTHD. En dehors des zones très denses, la décision n° 2010-1312 de l'Arcep prévoit que « L'opérateur d'immeuble installe un point de mutualisation suffisamment dimensionné pour desservir l'ensemble des logements ou locaux à usage professionnel de la zone arrière correspondante. Depuis ce point de mutualisation, il déploie vers les logements et locaux à usage professionnel, dans un délai raisonnable à la suite de la déclaration de la zone arrière de son point de mutualisation, un réseau horizontal permettant de raccorder l'ensemble des logements ou locaux à usage professionnel de la zone arrière à proximité immédiate de ces logements. » : Cette obligation est dite « de complétude ». Dans les zones très denses, dans un contexte où les opérateurs font part de leur souhait d'y déployer largement la fibre optique, le cadre réglementaire de l'Arcep précisant les modalités de l'accès aux lignes FttH a considéré qu'il était économiquement viable pour plusieurs opérateurs de déployer leurs propres réseaux à proximité des logements situés dans ces zones de forte densité. Toutefois en poches de basse densité des zones très denses, la recommandation de l'Arcep du 14 juin 2011  prévoit que « à l'instar des obligations posées par la décision n° 2010-1312 du 14 décembre 2010 concernant les déploiements en dehors des zones très denses, il est recommandé que tout opérateur déployant un point de mutualisation dans une poche de basse densité anticipe le raccordement ultérieur de tout immeuble de la zone arrière de ce point de mutualisation, afin que les immeubles puissent tous être raccordés à son réseau horizontal irriguant ladite zone et, ainsi, que l'ensemble des lignes soient regroupées au sein du même point de mutualisation. » Enfin, dans le contexte de transition du cuivre vers la fibre, le Gouvernement est attaché à assurer une véritable montée en qualité de la connectivité des utilisateurs, qui doit se traduire par des garanties particulières notamment concernant la disponibilité effective de la fibre jusqu'à l'abonné, partout sur le territoire français. Dans le cadre de ses décisions d'analyse des marchés fixes adoptées en décembre 2020, l'Arcep a défini les conditions encadrant la fermeture du réseau cuivre d'Orange. Ces décisions prévoient en particulier que la fermeture du cuivre implique que, au préalable, le réseau fibre soit entièrement déployé. Ces règles s'appliquent sur tout le territoire donc a fortiori dans les zones très denses.

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