Question de M. DUPLOMB Laurent (Haute-Loire - Les Républicains) publiée le 13/10/2022

Question posée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Monsieur le ministre, production de pommes divisée par deux, explosion des importations de poulets polonais et de tomates marocaines, chute des surfaces de blé, recul du cheptel laitier faute d'un revenu suffisant pour les éleveurs… C'est incontestable, la ferme France produit de moins en moins.

Depuis 2017, vous prônez la montée en gamme dans tous les secteurs, avec plus de contraintes et de charges, quitte à importer davantage. Depuis le discours de Rungis du Président de la République, voilà quelle est votre politique !

Vous faites fausse route, monsieur le ministre. Vous mettez en danger notre souveraineté alimentaire en condamnant certains de nos concitoyens à n'acheter que des produits importés. On marche sur la tête !

Notre manque de compétitivité est à la racine de nos maux : coût de la main-d'œuvre, surtransposition, suradministration, manque d'investissements, signature d'accords de libre-échange qui condamnent nos agriculteurs au lieu de les protéger. Tout cela sans parler du climat politico-médiatique délétère avec son flot de critiques : voilà le mal français !

Monsieur le ministre, vous devez enfin agir. Que comptez-vous faire pour inverser cette tendance ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains – Mme Françoise Férat applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 13/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Duplomb, je voudrais tout d'abord saluer la qualité du rapport d'information que vous avez rendu, avec deux de vos collègues, et qui pose un certain nombre de diagnostics sur les trente-deux dernières années, qui ont vu six présidents de la République et dix-sept ministres de l'agriculture se succéder. Le sujet de la souveraineté est manifestement sur la table depuis longtemps. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous soulevez plusieurs questions. Je vais m'efforcer de répondre à certaines d'entre elles, à commencer par celle de la rémunération. Depuis 2017, nous avons essayé, au travers de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite Égalim 1, corrigée ensuite par la loi Égalim 2, de porter le débat sur la rémunération des agriculteurs. Ces dispositions avaient porté leurs fruits jusqu'à l'arrivée de la crise ukrainienne : pour la première fois en dix ans, la rémunération, qui est la base de la souveraineté alimentaire, en ce qu'elle permet au monde agricole de se maintenir, avait augmenté.

Depuis 2017, nous avons investi massivement. Tout d'abord dans le cadre du plan France Relance, qui touche à son terme : 1,5 milliard d'euros auront été ainsi quasiment intégralement consommés, après la reventilation des dernières enveloppes à laquelle je viens de procéder, pour moderniser l'outil de production. De même, le plan France 2030 consacre près de 3 milliards d'euros à l'innovation, à la recherche et à l'adaptation de l'agriculture.

Monsieur le sénateur, la souveraineté alimentaire passe aussi par la question de l'eau, que vous connaissez bien. Le Varenne de l'eau a mis l'accent sur trois points, à savoir la solidification du système assurantiel, sur laquelle le Sénat a particulièrement travaillé, l'adaptation des pratiques et l'accès à l'eau. Il faut désormais déployer ces projets sur le terrain, car sans eau, il n'y a pas d'agriculture.

Enfin, il nous faut travailler sur deux sujets complémentaires : l'adaptation au dérèglement climatique, qui peut avoir des conséquences sur notre souveraineté, nos modèles de production ayant été singulièrement chahutés l'été dernier ; et le renouvellement des générations, sans lequel il ne saurait y avoir de souveraineté, en offrant de nouvelles perspectives aux jeunes agriculteurs. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.

M. Laurent Duplomb. Tout cela, monsieur le ministre, ce sont des mots, et l'on ne voit que bien peu d'action.

Ce qui nous arrive aujourd'hui pour l'énergie nous arrivera bientôt pour l'alimentation. Je ne suis pas énarque, juste paysan. Comme beaucoup de Français, j'en ai marre de cette technocratie abrutissante qui finira, afin de résoudre notre problème de souveraineté, par nous condamner à ne manger qu'un jour par semaine ! Plutôt que la décroissance, il nous faut un vrai choc de compétitivité !

Madame la Première ministre, après le théâtre Guignol du col roulé et de la doudoune, enfilez enfin vos bottes pour comprendre la situation préoccupante de notre agriculture. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Françoise Férat applaudit également.)

- page 3744

Page mise à jour le