Question de M. GROSPERRIN Jacques (Doubs - Les Républicains) publiée le 13/10/2022

Question posée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jacques Grosperrin. Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, le 13 juillet dernier, je vous interrogeais en commission de la culture sur mes vives inquiétudes concernant votre ministère et la situation de l'école en France après votre nomination. Je vous demandais de nous rassurer ; trois mois plus tard, mes inquiétudes demeurent.

Le Président de la République a décidé de lancer lui-même l'année scolaire en réunissant les recteurs d'académie. Pensez-vous que l'élan pour transformer l'école doit être si puissant qu'il ne puisse venir que du chef de l'État ? Cette verticalité interroge sur votre rôle et vos marges de manœuvre, tout en posant de nouveau la question : rupture ou continuité après votre prédécesseur ?

Monsieur le ministre, les faits et les réalités vous rattrapent. La rentrée scolaire n'a pas été à la hauteur : il n'y avait pas un enseignant devant chaque classe et d'aucuns étaient même formés en quatre jours.

Les difficultés de terrain se multiplient : désenchantement général des enseignants et hausse des signalements pour atteintes à la laïcité. Votre communication prudente est, là encore, insuffisante.

La communauté éducative a besoin de directives claires, d'une volonté politique ferme et de soutien.

Vos récents propos tenus à l'étranger m'ont également inquiété. Monsieur le ministre, vous avez pensé pouvoir affirmer à New York qu'il y avait des traces d'anti-américanisme dans le discours politique français. Vous avez suggéré l'impossibilité d'évoquer avec nuances les inégalités raciales dans notre pays.

Non, monsieur le ministre, la France n'est pas raciste. Nous sommes, nous aussi, sensibles aux questions d'inégalités. N'abîmez pas à l'étranger nos principes fondateurs. Cessez de vous positionner comme universitaire militant, ne tentez pas de nous imposer un « wokisme de salon », cher à notre président Retailleau, incompatible avec vos responsabilités politiques. Soyez ministre !

Je vous poserai enfin les seules questions qui s'imposent : quelle est votre vision de l'école ? Où voulez-vous emmener les enseignants et nos enfants ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 13/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 12/10/2022

M. le président. La parole est à M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Grosperrin, vous m'aviez déjà interrogé devant la commission de la culture, de l'éducation et de la communication et je veux bien répondre de nouveau, mais il est difficile de développer une réflexion en deux minutes, ce qui est toujours préférable aux citations approximatives que j'ai vues circuler ici et là.

J'ai déjà dit que j'étais moi-même un enfant de la République et que je devais à peu près tout à l'école publique. À cet égard, je lui demeure profondément reconnaissant.

Je suis aussi de ceux qui estiment que la lutte contre les différentes formes de discrimination, contre le racisme, contre l'antisémitisme et la haine anti-LGBT n'affaiblit pas la République, mais la renforce. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, GEST et SER. – Mmes Marie-Noëlle Lienemann, Esther Benbassa et Nassimah Dindar applaudissent également.)

C'est une manière d'exprimer concrètement notre attachement aux valeurs qui sont les nôtres, celles de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité.

M. Jean-Raymond Hugonet. La laïcité n'est pas une « valeur » !

M. Pap Ndiaye, ministre. Je tiens à la laïcité et la loi de 2004 est et sera respectée fermement et avec transparence.

J'ai aussi dit mon attachement à une République fidèle à ses valeurs, celles des droits humains, et qui, non contente d'inscrire ses principes au frontispice de ses bâtiments, les met en œuvre. (Mme Esther Benbassa applaudit.) En tant que ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, je ne suis pas simplement attaché à la lettre, mais aussi à la mise en œuvre concrète des politiques de cohésion sociale, de réussite pour tous les élèves et d'égalité des chances.

M. Max Brisson. Des actes !

M. Pap Ndiaye, ministre. Monsieur le sénateur, ne voyez ici point de « wokisme de salon », mais mon seul attachement, en tant que citoyen, en tant que ministre, aux valeurs universelles de la République. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, RDSE, GEST et SER, ainsi que sur des travées du groupe UC. – Mmes Esther Benbassa et Marie-Noëlle Lienemann applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin, pour la réplique.

M. Jacques Grosperrin. Monsieur le ministre, nous sommes tous ici des enfants de la République. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous n'avez pas répondu sur votre vision de l'école. Or les Français attendent encore de la connaître. Vous n'aviez sans doute pas le temps de la développer en quelques minutes, mais cela fait déjà quelques mois que vous avez été choisi par le Président de la République.

Vos mots ne répondent ni à l'effondrement des connaissances et à la crise de la transmission ni aux immenses défis posés à l'école. Monsieur le ministre, apportez à votre ministère, apportez aux Français la sérénité dont nous avons tous besoin ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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