Question de M. BARGETON Julien (Paris - RDPI) publiée le 27/10/2022

Question posée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à M. Julien Bargeton, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Julien Bargeton. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture.

Madame la ministre, la baisse de fréquentation des salles de cinéma, d'environ 25 % par rapport à 2019, inquiète les professionnels du secteur. D'autres évolutions, comme la consommation de films ou de séries sur les plateformes à domicile, les inquiètent également.

Le cinéma français doit certainement se réinventer, mais nous devons le préserver. Simone, Les Harkis, Novembre, Un Beau Matin, L'Innocent : la rentrée montre la vitalité, la diversité et la singularité du cinéma français.

Son système repose sur la mutualisation, les films à succès finançant les films plus fragiles. N'oublions pas que le cinéma d'auteur est né en France dans les années 1950, en réaction au cinéma américain, plus industriel, qui faisait appel aux têtes d'affiche. N'oublions pas non plus que les films dits « du milieu », qui font aussi la spécificité du cinéma en France, souffrent beaucoup.

« La photographie, c'est la vérité, et le cinéma, c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde » disait Jean-Luc Godard. Pour que cette vérité émerge, il faut choisir une mise en scène, il faut un chef opérateur, il faut des comédiens, des dialogues écrits ou des silences, des ellipses. Il faut de la qualité. (Marques d'impatience sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jérôme Bascher. Et la question ?

M. Julien Bargeton. Madame la ministre, quelles appréciations portez-vous sur les évolutions en cours, qu'elles soient structurelles ou conjoncturelles ? Quelles perspectives pouvez-vous offrir aux professionnels ? Enfin, comment redonner aux Français l'envie de rejoindre les salles obscures et garantir le financement de notre système unique ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Laurence Rossignol applaudit également.)


Réponse du Ministère de la culture publiée le 27/10/2022

Réponse apportée en séance publique le 26/10/2022

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture.

Mme Rima Abdul-Malak, ministre de la culture. Monsieur le sénateur Julien Bargeton, je vous remercie de nous donner l'occasion de parler de cinéma en ce jour où nous lançons une campagne de communication pour soutenir les salles. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Question téléphonée !

M. Jérôme Bascher. Allô, allô !

Mme Rima Abdul-Malak, ministre. Nous avons tous une bonne raison d'aller au cinéma – je suis sûre que c'est aussi votre cas, mesdames, messieurs les sénateurs.

Le but de cette campagne, qui doit durer un mois, est de mobiliser nos citoyens et de leur donner envie d'aller en salle voir les films en grand. À plus long terme, je suis persuadée que nous avons tous de bonnes raisons de croire en l'avenir du cinéma.

En effet, la France reste une nation de cinéphiles. Certes, nous avons perdu un quart du public par rapport à l'avant-covid, mais c'est bien pire ailleurs. La fréquentation a ainsi diminué de 60 % en Italie, de 50 % en Corée du Sud, de 40 % en Espagne ou en Allemagne. Notre filière résiste, et les Français demeurent cinéphiles.

Par ailleurs, l'État accompagne le nouvel élan de la jeunesse, en finançant partiellement avec le pass Culture 2,5 millions de places : 76 % des jeunes interrogés disent aller plus régulièrement au cinéma grâce à lui. Enfin, la filière se réinvente et reste très mobilisée.

Dans les années 1980 et 1990, on nous prédisait la mort du cinéma avec l'avènement de la télévision. La fréquentation avait chuté à 110 millions de spectateurs, avant de doubler par la suite, grâce aux efforts de la filière, qui s'est réinventée, et de l'État, qui a été à ses côtés.

Le soutien de l'État à la filière du cinéma n'a jamais été aussi fort, avec un arsenal unique au monde : 300 millions d'euros pendant la crise sanitaire, 500 millions d'euros d'aides annuelles versées par le Centre national du cinéma (CNC), 100 millions d'euros de crédits d'impôt et 350 millions d'euros dans le cadre du plan France 2030.

Je le dis à notre jeunesse : il y a énormément de bons films à voir en famille pendant les vacances de la Toussaint. (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.) Allez au cinéma, beaucoup d'émotions vous attendent ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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