Question de M. MASSON Jean Louis (Moselle - NI) publiée le 08/12/2022

Question posée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à M. Jean Louis Masson, pour la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe.

M. Jean Louis Masson. Madame le ministre chargé des collectivités territoriales, étant aussi grande que deux fois la Belgique, la région Grand Est ne permet aucune gestion de proximité. De plus, elle étouffe l'ancienne région d'Alsace, dont l'identité est très forte.

M. André Reichardt. Oui !

M. Jean Louis Masson. Tous les sondages montrent qu'une écrasante majorité des Alsaciens souhaite sortir du Grand Est.

M. André Reichardt. Tout à fait !

M. Jean Louis Masson. Malheureusement, les membres de l'exécutif régional s'accrochent à leurs prébendes et prétendent le contraire.

M. François Bonhomme. Ce n'est pas gentil !

M. Jean Louis Masson. Le sujet du Grand Est sera inévitablement évoqué lors de l'examen du prochain projet de loi de différenciation annoncé pour le début de l'année 2024.

Auparavant, il faut cependant clarifier la situation pour couper court aux controverses politiciennes. Un référendum préalable – j'insiste sur ce mot – et non a posteriori est donc indispensable pour connaître l'avis des Alsaciens de manière démocratique et incontestable.

Sans vous demander de vous prononcer sur l'opportunité d'un redécoupage de la région Grand Est, je vous pose donc, madame le ministre, la question suivante : acceptez-vous le principe de l'organisation d'un tel référendum ?

Mme Véronique Guillotin. Non !


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé des collectivités territoriales et de la ruralité publiée le 08/12/2022

Réponse apportée en séance publique le 07/12/2022

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales et de la ruralité.

Mme Dominique Faure, ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée des collectivités territoriales et de la ruralité. Monsieur le sénateur Masson, la question du statut de l'Alsace au sein de la région Grand Est a fait l'objet, depuis la création de cette dernière, de débats locaux et nationaux que nous avons tous entendus.

Comme vous le savez, les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ont fusionné le 1er janvier 2021, donnant naissance à la Communauté européenne d'Alsace (CEA). Cette évolution institutionnelle, qui a été accompagnée par le Gouvernement et le législateur, a apporté une réponse consensuelle aux demandes des citoyens et des élus alsaciens. Elle a permis d'adapter l'organisation des collectivités alsaciennes aux besoins spécifiques de leur territoire, en dotant la CEA de compétences supplémentaires justifiées par les enjeux particuliers auxquels cette collectivité fait face, notamment en matière de coopération transfrontalière.

Une organisation différenciée existe donc déjà en Alsace ; je crois qu'il est important que nous lui donnions le temps de produire ses effets.

Du point de vue juridique, notons ensemble que le législateur a prévu que la modification des limites territoriales d'une région ne peut intervenir que par le biais de la loi, soit sur l'initiative du Gouvernement, après consultation du conseil régional et des conseils départementaux concernés, soit à la demande de ces conseils.

Je crois, monsieur le sénateur, que le Gouvernement a déjà largement démontré sa volonté de permettre aux collectivités territoriales d'adapter leur organisation. Il a ainsi notamment voulu faciliter, dans le cadre de la loi 3DS, la création de collectivités territoriales uniques regroupant la région et ses départements. Ce principe d'adaptation est essentiel à nos yeux, car il permet aux collectivités de mieux répondre aux enjeux auxquels elles font face.

J'estime donc que nous devons d'abord pleinement investir les possibilités que nous offre déjà la loi. (M. Ludovic Haye ainsi que Mmes Patricia Schillinger et Véronique Guillotin applaudissent.)

M. André Reichardt. C'est décevant !

Mme la présidente. La parole est à M. Jean Louis Masson, pour la réplique.

M. Jean Louis Masson. Madame le ministre, je suis quand même un peu surpris que vous puissiez dire que tous les Alsaciens sont contents ! Si tel est le cas, pourquoi donc ne voulez-vous pas organiser un référendum ? Votre réponse, madame le ministre, c'est n'importe quoi ! (Rires sur des travées du groupe Les Républicains.)

En réalité, tout le monde est mécontent en Alsace, et tout le monde l'est également dans les autres départements du Grand Est, car nous sommes victimes d'une région tentaculaire.

Alors, si tout était comme vous le dites, madame le ministre, et que tout le monde était content en Alsace, vous ne prendriez aucun risque à organiser un référendum pour demander l'avis des gens. Pourquoi en avez-vous peur ?

Vous n'exprimez donc pas votre point de vue réel quand vous dites que tout va bien : c'est un mensonge ! À chaque consultation par sondage, on constate que les Alsaciens sont mécontents et qu'il se trouve également en Lorraine et en Champagne-Ardenne une majorité désireuse de remettre en cause la taille de la région Grand Est.

Alors, madame le ministre, laissez-moi vous dire une chose : le Gouvernement fait ce qu'il veut, mais il faut quand même arrêter de mentir ! (MM. Alain Duffourg et Sébastien Meurant applaudissent.)

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