Question de Mme MULLER-BRONN Laurence (Bas-Rhin - Les Républicains-A) publiée le 03/10/2024
Mme Laurence Muller-Bronn interroge M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la rétractation de l'étude parue dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy, intitulée « Morts induites par l'utilisation de l'hydroxychloroquine durant la première vague de Covid19 » par son éditeur le 26 août 2024.
Après une analyse approfondie de sa fiabilité, celui-ci a en effet conclu que cette publication n'aurait pas dû avoir lieu. Depuis sa parution en janvier 2024, les auteurs de cette étude ont été sollicités par plusieurs chercheurs afin qu'ils mettent à disposition leurs données, en application de la Charte de Singapour sur l'éthique de la recherche.
Or, ces derniers n'ont pas répondu aux demandes des chercheurs, attestant d'un manque de transparence des auteurs d'autant plus problématique que leur étude affirmait que « la surmortalité chez les patients atteints du Covid-19 et soignés à l'hydroxychloroquine représente près de 17 000 décès, dans six pays dont la France, lors de la première vague de l'épidémie de Covid-19. »
Par ailleurs, cette rétraction n'est pas la première sur ce sujet. En 2020, le scandale de la revue The Lancet avait déjà conduit à la rétractation d'une étude frauduleuse dénoncée par des chercheurs du monde entier, mettant également en cause le refus de donner accès à la base de données.
Concernant la rétractation de l'étude française, celle-ci ayant été largement relayée dans les médias et notamment de service public, il paraît indispensable qu'un rétablissement des faits et informations à son sujet soit communiqué au grand public par ces mêmes médias. Si des articles ont été publiés à ce jour par des médias de service public en Belgique et en Suisse, en France, aucun média n'a apporté le démenti qui s'impose en pareil cas, ni évoqué la rétractation et ses raisons. Enfin, il est également essentiel que les autorités du ministère de la recherche s'en saisissent dans l'intérêt général et le respect, par les institutions de recherche, de leurs missions.
Il convient de réaffirmer l'exigence de probité de la recherche française, particulièrement lorsque ses représentants diffusent des informations de cette importance auprès des citoyens, censées les éclairer sur les décisions sanitaires qui les concernent.
Elle lui demande par conséquent quels sont les moyens envisagés par le ministère de la recherche pour rétablir la vérité scientifique et faire la lumière sur ce dysfonctionnement qui entache la crédibilité de la recherche française. et pourrait nuire à sa réputation au plan international.
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Transmise au Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche
Réponse du Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 03/07/2025
L'article scientifique intitulé « morts induites par l'utilisation de l'hydroxychloroquine durant la première vague de covid-19 » paru dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy n'a pas été rétracté pour des raisons de fraude scientifique mais suite à des échanges entre les lecteurs, les auteurs et l'éditeur. Les précautions des auteurs dans l'article signalaient que la méthodologie reposait sur des estimations et que l'intervalle de confiance (degré d'incertitude) était assez large, ce qui limitait fortement la portée du résultat. L'éditeur a d'ailleurs souligné qu'il n'y avait pas de fraude scientifique ni réglementaire qui justifiait ce retrait. Ce sont plus la qualité des données et les difficultés d'interpréter les résultats qui ont poussé l'éditeur à rétracter l'article, a posteriori. On peut aussi remettre en question la qualité du processus d'évaluation de l'article, qui n'aurait probablement pas dû aboutir à une publication. Il ne revient pas au ministère chargé de la recherche de commenter une décision qui a respecté un processus d'évaluation, puis de rétractation de la part de l'éditeur qui s'est exprimé publiquement sur les raisons. Les commentaires liés au processus d'évaluation ne sont d'ailleurs que très rarement rendus publics. Le sujet de la chloroquine fait l'objet de nombreux débats et contradictions basés sur des croyances parfois non fondées, de dossiers judiciaires et d'instructions règlementaires qui étaient et sont encore en cours pour certains. Un travail de fond est en cours pour assainir toutes les questions liées à la chloroquine et à la covid-19. Cette analyse, contrainte par des temporalités à la fois judiciaires et règlementaires, sera rendue publique lorsque toutes les actions seront terminées et documentées.
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