Question de M. SAVOLDELLI Pascal (Val-de-Marne - CRCE-K) publiée le 26/12/2024

M. Pascal Savoldelli attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères au sujet de la situation des populations Kurdes de Syrie.

La chute du régime de Bachar-El-Assad constitue un espoir sans précédent pour les Syriens. C'est l'aboutissement d'une révolution entamée en 2011 et dont l'issue est aujourd'hui très incertaine.

Au sein de cette révolution, les Kurdes de Syrie ont porté depuis plus d'une décennie un projet politique inclusif, fondé sur l'autonomie démocratique et la coexistence pacifique entre toutes les communautés. Ce modèle est aujourd'hui une référence pour la construction d'une Syrie nouvelle, inclusive, démocratique, fondée sur la justice, l'égalité et les droits de toutes ses composantes.

Il rappelle que les forces kurdes ont demeuré des alliés précieux pour la France et la coalition dans la lutte contre Daesh, particulièrement dans le contexte des attaques orchestrées sur le sol français et contre la population française par les terroristes islamistes en 2015.

Toutefois, le 8 décembre 2024, et alors que le groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) prenait le pouvoir à Damas, plusieurs groupes obscurantistes armés, soutenus notamment par la République de Türkiye ont lancé une offensive contre les forces démocratiques Syriennes et particulièrement les villes à majorité kurde dans le nord-est du pays. Ils ont notamment pris le contrôle des municipalités de Deir Ezzor et de Manbij. Plusieurs témoignages y rapportent le massacre de populations civiles.

C'est pourquoi il l'interroge sur la manière dont la France entend peser de tout son poids pour soutenir ses alliés Kurdes et leur modèle de gouvernance démocratique, garantir leur inclusion dans tout processus politique visant à reconstruire la Syrie et condamner fermement les ingérences étrangères, notamment issue de la République de Türkiye, qui alimentent les divisions et les tensions. Alors que le risque d'une nouvelle catastrophe humanitaire n'est pas négligeable, il appelle le Gouvernement à ne pas abandonner les alliés Kurdes de la France.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/07/2025

La France suit avec une attention particulière la situation des Kurdes en Syrie, nos alliés historiques dans la lutte contre le terrorisme. La répression sanglante orchestrée par Bachar al-Assad contre son peuple depuis 2011 a eu pour conséquence directe la montée de la menace terroriste islamiste de Daech, que nous avons combattue inlassablement aux côtés des Forces démocratiques syriennes, dans le cadre de la Coalition internationale contre Daech. Depuis le 8 décembre 2024 et la chute de la dictature de Bachar al-Assad, un nouvel espoir renaît en Syrie. Dans cette nouvelle Syrie, les Kurdes doivent pouvoir participer pleinement à la réappropriation de leur nation, accéder à une pleine citoyenneté et voir leurs droits, en particulier culturels, reconnus. La France est attachée à la mise en oeuvre d'un processus de transition politique pacifique et inclusif, comme l'a réaffirmé le Président de la République lors de sa rencontre avec le Président de transition syrien, Ahmad al-Charaa, à Paris le 7 mai dernier. Cette transition politique doit réunir l'ensemble des composantes du tissu social syrien. L'accord de principe entre les nouvelles autorités syriennes et les Forces démocratiques syriennes, conclu le 10 mars dernier, est un premier pas positif en ce sens, qui doit permettre, à terme, la réunification de la Syrie et l'intégration des Kurdes. Nous avons contribué, par nos efforts de médiation, à ce dialogue et continuons de soutenir les négociations devant mener à la pleine application de cet accord. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères s'entretient régulièrement avec le général Mazloum Abdi, commandant des Forces démocratiques syriennes, qu'il a eu l'occasion de rencontrer à Erbil le 24 avril dernier, pour discuter des moyens de garantir la sécurité de la population kurde du Nord-Est syrien. Par ailleurs, nous oeuvrons à assurer l'intégration des Kurdes syriens dans leur environnement régional. Nous avons effectué un travail de médiation entre les Kurdes du Nord-Est syrien et les autorités turques, que nous appelons, lors de nos consultations régulières, à favoriser la désescalade, à cesser toute situation conflictuelle et à trouver un modus vivendi qui convienne à toutes les parties. En outre, nous sommes engagés pour faciliter les discussions entre les Kurdes syriens et les Kurdes d'Irak.

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