Question de Mme RAMIA Salama (Mayotte - RDPI) publiée le 23/01/2025

Mme Salama Ramia interroge M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur les mesures prises depuis le passage du cyclone Chido, pour stopper la vague de violence et les agressions qui s'intensifient jours après jours à Mayotte.
En sus de faire face à des dégâts matériels et à une grande détresse morale, la population est épuisée et en appelle à une intervention renforcée des forces de l'ordre voire de l'armée. Des individus mal intentionnés, des délinquants, pénètrent sans scrupule au sein des habitations fragilisées, de sorte que le sentiment d'insécurité est permanent.
Elle demande à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, de bien vouloir rassurer la population ainsi que les élus locaux, sur la place qu'il entend donner sans délais à l'ordre sur son territoire.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 12/06/2025

La sécurité à Mayotte est au coeur des préoccupations du ministère de l'interieur, tout comme de la gendarmerie et de la police nationales. Même si la violence n'est pas éradiquée, partout où elle se manifeste, que ce soit sur Grande ou Petite Terre, elle fait l'objet d'une réponse immédiate des forces déployées, permettant d'en contenir les effets. Pour rappel, immédiatement après le passage du cyclone, et afin de permettre au commandement de la gendarmerie de Mayotte de remplir du mieux possible l'intégralité de ses missions, la direction de la gendarmerie nationale a projeté sur place de nombreux renforts, soit en plus des 347 militaires permanents, jusqu'à 7 escadrons de gendarmerie mobile (523 personnels), 2 compagnies de marche (200 personnels, venus de La Réunion ou de l'hexagone) et 44 renforts individuels, issus notamment d'unités spécialisées (enquête judiciaire, systèmes d'information et de communication…). La police nationale s'est également immédiatement et fortement mobilisée pour envoyer des renforts : du mi décembre à fin avril 2025, ce sont plus de 360 policiers qui ont ainsi été projetés en renforts successifs dans l'archipel mahorais, Dès la levée de l'alerte, une « compagnie de marche » appuyée de l'antenne RAID avait procédé à une première mission de reconnaissance et de secours (le RAID ayant notamment sécurisé les urgences de l'hôpital). En collaboration avec les services de la préfecture, de la mairie et des organismes de secours, les policiers ont pleinement participé au bon fonctionnement de la chaîne logistique pour l'acheminement et la distribution de produits de première nécessité, alors que le maintien de l'ordre public était une condition indispensable pour l'efficacité des secours. La police nationale s'est fortement investie dans la sécurisation de la distribution de l'aide humanitaire. La solidarité des policiers s'est également révélée avec près de 1 500 volontaires déclarés, dans la semaine qui suivit le passage du cyclone, pour venir appuyer la DTPN et permettre d'assurer le secours à la population, la préservation de l'ordre public, la protection des infrastructures et la prévention des pillages. L'état des forces permet ainsi à ce jour de garantir l'ordre public, de répondre aux enjeux de la phase de stabilisation post-Chido et d'accompagner la phase de reconstruction, sans que soit obérée la capacité opérationnelle de la gendarmerie - comme de la police - de Mayotte. Concrètement, la phase de stabilisation s'est traduite par la sécurisation systématique des livraisons d'eau et de denrées alimentaires depuis le 19 décembre 2024, la sécurisation des établissements et des transports scolaires depuis la rentrée et le traitement des différents faits de violences urbaines. Pour garantir un fonctionnement efficace des unités de gendarmerie et des services de police, de nombreux matériels et équipements ont été acquis, dont une grande partie acheminée depuis l'Hexagone. Les contrôles de zone sont réalisés dans la profondeur avec un effort porté sur les emprises du port et de l'aéroport, y compris au profit de la zone de compétence de la police nationale où la DTPN a pu bénéficier de renforts de la gendarmerie mobile pour la sécurisation de ses zones commerciales, la pacification de certains quartiers et l'évacuation d'un établissement scolaire utilisé comme centre d'hébergement d'urgence. Par ailleurs, la continuité des missions de lutte contre l'immigration irrégulière sur terre et sur mer a pu être assurée, malgré la contrainte des moyens de détection détruits par le cyclone Chido. Enfin, la destruction de 3 casernes de gendarmerie, celles de Tsingoni, de Koungou et de la brigade nautique côtière de Pamandzi, n'a eu aucune conséquence opérationnelle, puisque les militaires continuent à assurer sans faille leurs missions au contact de la population. En zone police, a été mise en place après le cyclone une « cellule de coordination logistique », dans le cadre de la mise en oeuvre d'un schéma logistique dédié de gestion de crises, notamment pour rétablir les capacités opérationnelles de la direction territoriale de la police nationale (DTPN), qui avaient été fortement obérées par la violence du cyclone. Suite aux annonces du plan « Mayotte debout », faites le 30 décembre dernier, par M. le Premier ministre, de nombreuses avancées ont été initiées et obtenues par le Gouvernement. Les forces de l'ordre seront bénéficiaires du plan et des mesures législatives et réglementaires y afférentes (notamment la loi d'urgence, et la loi de programmation pour la refondation de Mayotte). Le volet « sécurité » du plan prévoit d'ailleurs plusieurs mesures pérennes de renforcement des moyens dédiés à la lutte contre les atteintes aux biens et aux personnes ainsi qu'à l'immigration irrégulière. La gendarmerie et la police s'inscriront dans le cadre fixé, avec le renforcement des patrouilles aériennes et maritimes et l'utilisation de drones, tandis que devraient être créées de nouvelles brigades de gendarmerie.

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