Question de Mme JOUVE Mireille (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 20/02/2025
Mme Mireille Jouve appelle l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la présence de l'aspartame dans de nombreux aliments et boissons.
L'aspartame (E951) est connu pour se substituer au sucre dans les produits allégés ou « zéro ». Il est présent dans plus de 2 500 aliments et boissons en Europe, notamment des boissons gazeuses, des desserts, des chewing-gums ou des yaourts. Or, depuis plus de trente ans, de nombreuses études pointent cet édulcorant comme faisant courir un risque accru de perturbations du microbiome intestinal, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, voire de surpoids à long terme.
En juillet 2023, il est même classé comme « cancérigène possible pour l'être humain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cela corroborait les résultats d'une vaste étude de l'nstitut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) menée sur 102 865 adultes en France.
Le 4 février 2025, la Ligue contre le cancer, Foodwatch, et Yuka ont lancé une pétition européenne afin d'exiger l'interdiction de l'aspartame en Europe.
Face aux risques sanitaires encourus, elle lui demande s'il ne serait pas judicieux, par principe de précaution, de bannir cet additif de notre alimentation.
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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 03/07/2025
L'aspartame fait partie des édulcorants dits intenses, qui sont des additifs alimentaires utilisés pour donner une saveur sucrée aux aliments. Comme tous les additifs alimentaires, les édulcorants intenses font l'objet d'une procédure d'autorisation harmonisée à l'échelle européenne. Avant d'être autorisés ou non par la commission européenne, les additifs sont soumis à une évaluation de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). L'évaluation des additifs (dont les édulcorants intenses) repose sur l'examen des données toxicologiques disponibles. Est ainsi déterminée la Dose journalière admissible (DJA) qui correspond à la dose de l'additif alimentaire qui peut être consommée quotidiennement, tout au long de la vie, sans causer de problèmes de santé. Dans son avis sur l'aspartame publié le 10 décembre 2013, l'EFSA a conclu que la DJA de 40 mg/kg de poids corporel par jour était protectrice pour la population générale (à l'exception des personnes souffrant de phénylcétonurie). Cette DJA a été confirmée le 14 juillet 2023 par l'Organisation mondiale de la santé, à l'issue d'une évaluation approfondie des données disponibles relatives à l'aspartame, menée conjointement par le centre international de recherche sur le cancer et le comité d'experts sur les additifs alimentaires. A titre de comparaison, le dépassement de cette DJA impliquerait pour un adulte de 70 kg de consommer tous les jours plus de 9 canettes de soda contenant 300 mg d'aspartame, en supposant que le reste de son alimentation soit exempte d'aspartame. Au niveau national, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a mené en 2011 une évaluation des risques et bénéfices nutritionnels de l'ensemble des édulcorants intenses. Dans ce cadre, elle a expertisé l'intérêt nutritionnel des édulcorants intenses pour la population générale. Ce travail n'a démontré aucun bénéfice de la consommation d'édulcorants intenses sur le contrôle du poids, la glycémie chez les sujets diabétiques ou l'incidence du diabète de type 2. Il n'a pas non plus conduit à établir de lien entre la consommation des édulcorants et l'habituation au goût sucré, ni de lien avec des risques accrus de diabète ou de cancers. L'ANSES estime qu'il n'existe pas d'élément probant permettant d'encourager, dans le cadre d'une politique de santé publique, la substitution des sucres par des édulcorants intenses. Cet objectif de réduction des apports en sucres doit être atteint par la réduction globale du goût sucré de l'alimentation, et ce, dès le plus jeune âge. Le Programme national nutrition santé (PNNS), porté par le ministère chargé de la santé, met ainsi en oeuvre un ensemble de mesures de prévention nutritionnelle afin de promouvoir une alimentation saine et équilibrée. Parmi les différentes mesures, le PNNS recommande, via notamment le site mangerbouger.fr, de limiter la consommation de produits sucrés et édulcorés. Une taxe sur les boissons sucrées et édulcorées a également été créée en 2012 et révisée en 2025 afin d'optimiser son efficacité. En effet, afin de réduire l'usage des édulcorants de synthèse par les industriels, dont l'aspartame, et encourager une diminution des achats de boissons édulcorées, le barème de taxation des boissons édulcorées a ainsi été renforcé avec deux paliers de taxation selon la teneur en édulcorants. Enfin, l'évolution de l'algorithme du Nutri-Score adopté par la France et par les pays engagés dans le Nutri-Score, introduit une pénalisation du score pour les boissons édulcorées afin de s'aligner sur les recommandations de santé publique et de limiter l'usage des édulcorants en substitution du sucre dans les boissons.
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