Question de M. RUELLE Jean-Luc (Français établis hors de France - Les Républicains-R) publiée le 24/04/2025
M. Jean-Luc Ruelle attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur les suites concrètes données par la France au XIXème sommet international de la Francophonie dans le domaine de l'intelligence artificielle. Ce sommet, organisé à Villers-Cotterêts en octobre 2024, a marqué un tournant dans la stratégie française pour une intelligence artificielle francophone, avec l'inauguration de plusieurs dispositifs majeurs. L'infrastructure européenne ALT-EDIC, portée par la France, vise à garantir un accès libre à des modèles de langue entraînés en français et à structurer un écosystème européen autour des technologies linguistiques. Le pôle national LANGU:IA, en cours de création, a pour ambition de fédérer les acteurs culturels, scientifiques et économiques afin de soutenir la recherche, la formation et l'innovation autour des usages francophones de l'intelligence artificielle (IA). Enfin, le service public Compar:IA, accessible gratuitement, permet de tester et de comparer différents modèles conversationnels afin de sensibiliser le public aux enjeux de pluralisme, de transparence et d'éthique dans l'IA générative. Ces trois dispositifs s'inscrivent dans une logique de souveraineté numérique, de promotion du français dans les technologies émergentes, et de coopération au sein de l'espace francophone.
Il lui demande quels moyens concrets ont été mobilisés depuis le sommet pour garantir la mise en oeuvre et la diffusion de ces projets, en France comme à l'international, et pour faire valoir la position française dans les discussions européennes sur la régulation des IA. Il voudrait également connaître le calendrier de déploiement des différents projets mentionnés. Enfin, il souhaite savoir si un bilan des retombées du sommet a été établi, et dans quelles mesures ces dispositifs influencent désormais la politique linguistique, éducative et numérique de la France.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 12/06/2025
Le XIXe Sommet de la Francophonie a marqué un temps fort dans l'engagement pour une IA francophone, dans la dynamique du Plan présidentiel pour la langue française et le plurilinguisme et de la création de la Cité internationale de la langue française (CILF) à Villers-Cotterêts. Ce sommet fait actuellement l'objet d'un bilan au ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Le Rapport au Parlement sur la langue française 2025 présente les avancées des grands projets portés par le ministère de la culture parmi lesquelles : L'Alliance pour les technologies de langues (ALT-EDIC) : Créée en février 2024 par décision de la Commission européenne, l'ALT-EDIC a été installé à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts le 20 mars dernier, en présence de la ministre de la culture, de la ministre déléguée chargée de l'intelligence artificielle et du numérique, et des représentants de la commission DG CONNECT. Cet événement a réuni pour la première fois les membres du consortium. L'Alliance rassemble à ce jour 26 États, dont dix-huit membres (Bulgarie, Croatie, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovénie et Tchéquie, ainsi que la région Flandre) et huit observateurs (Autriche, Belgique, Chypre, Estonie, Malte, Portugal, Roumanie et Slovaquie). Son directeur, Monsieur Edouard Geffrois, a pris ses fonctions en janvier 2025 et procède actuellement au recrutement d'une équipe. Cette Alliance a déjà obtenu le financement de quatre nouveaux projets dans le cadre du programme Europe numérique. Au total, près de 80 partenaires de tous les pays de l'Union européenne (UE) sont impliqués dans ces projets, pour un budget total de plus de 88 millions d'euros, dont 48.1 millions d'euros de la Commission européenne, le reste des fonds provenant des partenaires d'ALT-EDIC en Europe (entreprises, centres de recherche et universités notamment). Ces quatre projets vont conduire l'ALT-EDIC à : développer son infrastructure globale, avec notamment la création d'un centre européen d'évaluation des technologies des langues, et à travailler sur une plate-forme de mise à disposition et de monétisation de données (projet ALT-EDIC4EU, débuté le 1er janvier 2025 pour une durée de 4 ans, en lien avec l'espace de données linguistiques ou LDS) ; collecter des données dans toutes les langues d'Europe et à développer des cas d'usage en entreprise (projet LLMs4EU, débuté le 1er février 2025 pour une durée de 3 ans) ; contribuer au développement d'un grand modèle de langue européen plurilingue et à code source ouvert (projet OpenEuroLLM, débuté le 1er mars 2025 pour une durée de 3 ans) ; accompagner au mieux l'écosystème et notamment les jeunes pousses qui démarrent leur activité sur les technologies des langues en Europe (projet LLM-BRIDGE, qui doit débuter le 1er octobre 2025 pour une durée de 3 ans). L'implication d'entreprises privées, comme Lighton, Pléias, Giskard, mais aussi EDF, Orange ou Thales permet à ce consortium de se faire connaître par les acteurs économiques français. Le projet LANGU : IA : Le projet LANGU : IA complète l'ALT-EDIC et confirme l'engagement de l'État pour sa souveraineté et sa détermination à associer les partenaires nationaux et francophones en matière d'intelligence artificielle et technologies des langues. Le projet, soutenu par France 2030, est en cours de développement, sous l'impulsion d'un préfigurateur nommé le 1er avril qui rendra ses conclusions à l'automne 2025, pour un objectif de création de LANGU : IA en 2026. LANGU : IA vise à développer un écosystème d'innovation pour le français et les langues de France, notamment à travers l'accompagnement des acteurs industriels et académiques (accompagnement de projets de recherche notamment en phase de montage, développement et mise à disposition de données, etc.). Son hébergement est également prévu à la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts. Le projet cherche à se positionner comme le guichet unique pour les projets de traitement automatique du français. La découvrabilité des contenus scientifiques francophones, outillée par l'IA, pourrait constituer l'un des axes d'intervention. Le service Compar : IA : Ce service a pour objet de comparer les propositions d'IA conversationnelles. Depuis son lancement en octobre 2024, il a touché plus de 180 000 utilisateurs et recueilli plus de 250 000 questions et 100 000 préférences. Celles-ci alimentent des jeux de données francophones partagés sous licence ouverte (Etalab 2.0) et constituent une ressource précieuse pour l'écosystème académique et industriel de l'IA générative. Permettant de sensibiliser le public aux enjeux éthiques de l'IA (diversité des modèles, impact environnemental et biais culturels et linguistiques), Compar : IA est intégré à une dizaine de dispositifs éducatifs tels que PIX, Canopé ou le CLEMI, à destination des élèves et des enseignants de tous niveaux, mais aussi des acteurs de la sphère de médiation numérique. D'ici fin 2025, l'objectif est d'élargir son déploiement, d'enrichir ses fonctionnalités, de valoriser ses données et d'ouvrir à d'autres langues européennes. Lors du Conseil des ministres de la culture et de l'audiovisuel de l'UE du 13 mai dernier, le ministère a confirmé ces engagements et défendu tant le modèle de l'exception culturelle française face aux enjeux de l'IA que le principe fondateur européen de préservation de la diversité culturelle et linguistique. L'ensemble de ces initiatives du ministère de la culture s'inscrit dans une logique de souveraineté culturelle, numérique et technologique et de compétitivité du marché intérieur, mais aussi de promotion d'une IA éthique et de confiance, de promotion du français et de la diversité culturelle et linguistique, et de coopération au sein de l'espace européen et francophone.
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