Question de M. SAURY Hugues (Loiret - Les Républicains) publiée le 24/04/2025

M. Hugues Saury attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la nécessité de protéger la population face aux dangers des chenilles processionnaires.
L'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) affirme que tous les départements français sont désormais concernés par ces insectes, qu'ils proviennent du pin ou du chêne. Les poils urticants qu'ils libèrent sur plusieurs dizaines de mètres contiennent une toxine appelée thaumétopoéine. Dans 90 % des cas, cette substance provoque des réactions cutanées similaires à celles causées par les orties : cloques, rougeurs, démangeaisons. Des complications plus graves peuvent arriver en cas de contact avec les yeux (risque de kératite et troubles visuels) ou d'inhalation (toux, asthme). Chez les enfants et les personnes vulnérables, l'ingestion peut entraîner un oedème du visage et des troubles respiratoires.
Si l'État reconnaît le risque sanitaire causé par les chenilles processionnaires, les réponses s'avèrent insuffisantes au regard des conséquences sanitaires engendrées. Certaines collectivités territoriales aident financièrement les particuliers notamment pour l'installation de pièges, parfois en partenariat avec des organismes privés (FREDON, POLLENIZ). Des méthodes peuvent être mises en place, qu'elles soient mécaniques (éco-pièges, destruction de nids) ou biologiques (pulvérisation de bacillus thuringiensis kurstaki, encouragement des prédateurs naturels). Enfin, il est nécessaire de renforcer la prévention auprès des citoyens par le biais d'affiches par exemple.
Il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement entend mettre en place pour améliorer la prévention et la protection des citoyens français en proportion de la menace que représentent les chenilles processionnaires.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 19/06/2025

Les chenilles processionnaires sont des insectes dotés de poils urticants pouvant être relâchés en cas de stress, de conditions météorologiques particulières ou au cours de leur croissance. Ces poils urticants induisent des symptômes handicapants (démangeaisons, kératites, syndromes respiratoires) parfois graves chez les promeneurs, les professionnels travaillant dans les espaces verts et les espaces forestiers ainsi que les animaux domestiques. Face à la prolifération des chenilles processionnaires du pin et du chêne, le ministère chargé de la santé a saisi l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail afin d'objectiver le phénomène. Un recensement des cas symptomatiques rapportés aux centres antipoison a été mené et a permis d'identifier 1 338 cas d'exposition entre 2012 et 2019, avec un risque majoré chez les professionnels et les enfants. Le ministère chargé de la santé a donc classé les chenilles processionnaires du pin et du chêne en tant qu'espèces dont la prolifération constitue une menace pour la santé humaine au titre de l'article D. 1338-1 du code de la santé publique. Cette classification permet aux préfets des départements impactés par ces espèces de mettre en place diverses mesures de lutte au moyen d'arrêtés préfectoraux : mesures de surveillance, gestion des espaces colonisés par ces espèces, destruction des spécimens, information du public et diffusion des résultats de recherche scientifique. Les préfets sont appuyés sur ces actions par un centre national de référence créé par l'arrêté du 2 juin 2017 portant désignation des organismes contribuant à certaines mesures nationales de prévention et de lutte relatives aux espèces dont la prolifération constitue une menace pour la santé humaine. L'Observatoire des chenilles processionnaires dont il s'agit, participe à l'information du public, notamment sur les résultats de la surveillance, à la valorisation des connaissances scientifiques relatives à ces espèces et l'information ainsi qu'à la coordination des actions de prévention, de lutte et de formation. Un recueil des méthodes de lutte disponibles a été rédigé afin d'informer et d'accompagner les collectivités et les particuliers sur les possibilités de gestion de ces espèces. La prévention des citoyens a été renforcée en 2025 avec le lancement d'une plateforme de signalement des chenilles processionnaires répondant à un triple objectif. En effet, cet outil permet à tous les citoyens de s'informer sur la présence de ces espèces sur le territoire national, mais aussi de signaler la présence des chenilles processionnaires et ainsi participer à la surveillance de la progression des chenilles processionnaires et de faciliter la mise en place d'actions de lutte dans les zones où des risques pour la santé de la population sont présents. Toutefois, il est important de noter que les chenilles processionnaires constituent des espèces autochtones et qu'une lutte intensive, notamment dans les massifs forestiers, s'avèrerait délétère pour la biodiversité et l'équilibre des écosystèmes. La lutte raisonnée dans les espaces où un risque pour la santé est présent pour la population reste en conséquence à privilégier.

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