Question de M. FOUASSIN Stéphane (La Réunion - RDPI-A) publiée le 01/05/2025
Question posée en séance publique le 30/04/2025
M. le président. La parole est à M. Stéphane Fouassin, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.
M. Stéphane Fouassin. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, Viviane Malet et moi-même souhaitons appeler l'attention du Gouvernement sur l'aggravation de la situation sanitaire à La Réunion.
Depuis plusieurs mois, l'île traverse une crise sanitaire préoccupante, marquée par une recrudescence rapide de l'épidémie de chikungunya. Chaque jour, le nombre de cas graves augmente, ce qui alimente l'inquiétude de la population et met en péril un système de santé déjà fragilisé.
Samedi dernier, le décès d'une personne récemment vaccinée a conduit à suspendre la vaccination pour les plus de 65 ans. Cette décision a ravivé une méfiance déjà forte contre ce vaccin, compliquant davantage la mise en oeuvre d'une réponse de santé publique efficace.
Pourtant, des stratégies alternatives, éprouvées ailleurs, offrent des perspectives concrètes. Fondées sur des approches biologiques innovantes, ces méthodes mériteraient d'être sérieusement étudiées et surtout soutenues par le Gouvernement.
C'est notamment le cas du programme Wolbachia, qui pourrait être utilisé aux Antilles et en Guyane. Déployé avec succès en Nouvelle-Calédonie en 2019, il a démontré son efficacité dans la lutte contre la dengue en agissant sur les moustiques Aedes aegypti.
Parallèlement, la technique de l'insecte stérile (TIS), qui cible les moustiques tigres Aedes albopictus, représente une autre solution prometteuse pour des territoires comme La Réunion et Mayotte.
Dans l'immédiat, des mesures simples mais fortes peuvent être engagées sans délai. La distribution gratuite de répulsifs antimoustiques dans les zones à risque, la fabrication de moustiquaires, en associant les communes et les centres communaux d'action sociale (CCAS), et la suspension des jours de carence pour les personnes contaminées relèveraient du bon sens et traduiraient un engagement en faveur de l'équité sanitaire.
Au-delà de la réponse d'urgence, il est impératif de renforcer durablement nos infrastructures de santé, qui sont aujourd'hui au bord de la rupture.
Quelles mesures concrètes, à court, à moyen et à long terme, le Gouvernement entend-il prendre pour prévenir la progression de cette épidémie et soutenir nos concitoyens dans cette épreuve ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et SER.)
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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 01/05/2025
Réponse apportée en séance publique le 30/04/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins. Monsieur le sénateur Fouassin, la lutte contre l'épidémie de chikungunya est un combat partagé par tous : les élus de La Réunion, naturellement, mais aussi les élus nationaux et le Gouvernement. Vous l'avez rappelé, cette épidémie nous oblige à mener une lutte antivectorielle de chaque instant. Nous mobilisons ainsi près de 200 agents de l'agence régionale de santé (ARS), 250 militaires et 800 parcours emploi compétences (PEC).
Par ailleurs, nous avons intégré dans le bouclier qualité prix (BQP) des répulsifs afin d'assurer la protection de la population, en particulier des personnes les plus vulnérables. Je pense aux jeunes mères et aux nouveau-nés ; en effet, c'est au cours des trois premiers mois de vie que les bébés sont particulièrement fragiles. C'est avant tout pour eux que nous distribuons des moustiquaires.
Enfin, nous menons des campagnes de vaccination, sans ignorer les risques que ces dernières impliquent. J'ai une pensée pour l'ensemble des victimes du chikungunya et le patient qui est récemment décédé.
Son décès étant éventuellement imputable au vaccin, nous avons pris des mesures de précaution, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui nous permettront de protéger au mieux la population.
Lorsque j'ai visité le Cyclotron Réunion Océan Indien (Cyroi), j'ai constaté que les moustiques stériles pouvaient contribuer de façon importante à la lutte contre l'épidémie de chikungunya. Nous pourrons envisager de les commercialiser dès le mois de juillet prochain.
Bpifrance et l'Agence de l'innovation en santé (AIS) sont également mobilisées, dans l'espoir de ne pas avoir à enregistrer un plus grand nombre de décès dans la deuxième année de l'épidémie, comme ce fut malheureusement le cas en 2005 et en 2006.
Vous le voyez, le Gouvernement est engagé dans une mobilisation de tous les instants pour soulager notre système de santé et prendre soin de nos compatriotes de La Réunion, fortement affectés par l'épidémie de chikungunya et le cyclone Garance. (M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit.)
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