Question de M. CAPUS Emmanuel (Maine-et-Loire - Les Indépendants) publiée le 01/05/2025
M. Emmanuel Capus attire l'attention de Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles sur les conséquences préoccupantes de la tendance dite « Skinny Tok », largement relayée sur les réseau sociaux et notamment TikTok.
Cette tendance, qui valorise de manière répétée des comportements alimentaires restrictifs et des idéaux de minceur extrême, est de plus en plus visible auprès des jeunes publics, notamment les adolescents et jeunes adultes. Les contenus associés, souvent présentés sous des apparences anodines ou esthétiques, peuvent avoir un impact direct sur la santé mentale des jeunes en contribuant à la dévalorisation de l'image corporelle, à l'obsession du contrôle du poids, voire à l'émergence de troubles du comportement alimentaire.
Les réseaux sociaux sont le support et le vecteur amplificateur de ces contenus. Le fonctionnement algorithmique de certaines plateformes favorise la viralité de ces messages, qui peuvent rapidement envahir le fil d'actualité d'un jeune utilisateur, sans que celui-ci en ait conscience.
Aussi, il lui demande quelles sont les mesures que le Gouvernement entend mettre en oeuvre pour lutter contre la promotion de la maigreur extrême sur les réseaux sociaux, mieux réguler les contenus à risque pour la santé mentale et physique des jeunes et renforcer les dispositifs de prévention et de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaire.
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Transmise au Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins
Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 11/09/2025
Depuis la publication, en avril 2024, du rapport « Enfants et Ecrans. A la recherche du temps perdu. », commandé par le Président de la République, le Gouvernement s'est pleinement saisi des risques d'une surexposition des enfants aux écrans. En effet, les écrans - et leurs mésusages - peuvent affecter la socialisation, le bon développement, les apprentissages, ainsi que la santé physique et mentale des enfants et des adolescents. La tendance dite « Skinny Tok » est à la jonction de deux phénomènes numériques qui se déroulent sur les réseaux sociaux : la désinformation en santé et l'émergence de tendances virales, à la fois populaires et dangereuses pour la santé physique et mentale des jeunes. Ainsi, les Skinny Tok sont une nouvelle manifestation de ces dérives, faisant suite à d'autres, répondant au même mode opératoire comme le « Bluewhale challenge » (Twitter, Facebook, Instagram, 2015-2016) qui encourageait le suicide ou le « Paracétamol challenge » (TikTok, 2024-2025) qui poussait à l'auto-intoxication au paracétamol. Face à ces dérives préoccupantes et plus particulièrement face à l'actuelle tendance des Skinny Tok, trois axes de travail émergent : - agir pour la prévention en santé, notamment des Troubles des conduites alimentaires (TCA). - agir pour la prise en charge des troubles des conduites alimentaires. - agir pour lutter de manière générale contre ces phénomènes nocifs en ligne. La prévention générale des TCA nécessite d'agir à la fois sur l'information et la promotion de la santé mentale ainsi que sur le développement des compétences psychosociales des enfants et des adolescents, leur permettant notamment de développer leur esprit critique. Afin de renforcer l'information et la promotion de la santé mentale, plusieurs dispositifs ont été mis en place par les partenaires du ministère chargé de la santé grâce à son soutien financier. Ainsi, une ligne d'information et d'orientation téléphonique concernant les TCA a pu être créée depuis mai 2023 par la fédération française anorexie boulimie. Une information de qualité au travers de brochures et de contenus numériques relatifs à l'anorexie et la boulimie est disponible sur le site Internet de PSYCOM, l'organisme public d'information, de formation et de lutte contre la stigmatisation en santé mentale. Enfin, Fil Santé Jeunes informe les 12-25 ans sur les différents aspects de la santé, notamment relatifs à l'anorexie, et leur offre un forum, un tchat et un numéro d'appel anonymes et gratuits. Depuis août 2022, le ministère chargé de la santé, en lien avec le ministère de l'éducation nationale et six autres ministères, a lancé une stratégie nationale visant à développer les Compétences psychosociales (CPS) dans tous les milieux de vie et dès le plus jeune âge. En effet, ces compétences, en améliorant notamment l'estime de soi, la résistance aux pressions des pairs, l'esprit d'analyse et de synthèse, ainsi qu'en favorisant l'adoption de comportements favorables à la santé, sont essentielles pour le bien-être et la santé des enfants et des adolescents. Le développement d'un environnement favorable à l'acquisition des CPS leur permettra de mieux prendre soin de leur santé mentale, et renforcera leur capacité à faire preuve d'esprit critique vis-à-vis des tendances nocives en lignes comme les Skinny Tok. La réponse à ces tendances passe aussi par le travail sur l'accès aux soins. Il existe en France un réseau national de centres spécialisés dans la prise en charge des TCA, allant du niveau 1 (repérage) au niveau 3 (unités de recours spécialisées). Depuis 2020, dans le cadre du fonds d'innovation organisationnelle en psychiatrie ou de l'appel à projets « psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent », 7 nouveaux projets portant sur la prise en charge hospitalière des TCA ont été financés par le ministère chargé de la santé. Le dispositif « Mon soutien psy », créé à la suite des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie de 2021, constitue également un dispositif de renforcement de l'accès aux soins en permettant la prise en charge de 12 séances par an avec un psychologue libéral conventionné, pour tous, dès l'âge de 3 ans. D'autres mesures clés favorisent l'accès aux soins des jeunes comme le renforcement du réseau des maisons des adolescents, l'augmentation des effectifs des centres médico-psychologiques pour enfants et adolescents, ainsi que le renforcement en psychologues dans les maisons de santé et centres de santé. Pour ce qui est du 3ème axe, le ministère chargé de la santé travaille en étroite collaboration avec l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) et la fédération française anorexie boulimie pour mieux documenter les impacts du phénomène « Skinny Tok ». La collaboration avec l'ARCOM s'ancre dans une stratégie plus globale de protection de la santé des enfants face aux écrans portée activement par le ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles. Par ailleurs, la France est extrêmement active dans l'élaboration d'une position forte de la France au niveau européen, pour faire émerger des mesures imposant aux plateformes numériques de prendre en compte l'impact de leurs conceptions (« designs ») sur la santé des enfants et adolescents, afin de mieux les protéger.
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