Question de M. CARDON Rémi (Somme - SER) publiée le 01/05/2025
M. Rémi Cardon attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche à propos du risque majeur d'extinction de l'anguille européenne.
Un chiffre, d'abord : 90 %. C'est la baisse vertigineuse de la population d'anguilles européennes depuis les années 1980. Ce chiffre, à lui seul, résume l'urgence. Cette chute alarmante est reconnue par l'Union internationale pour la conservation de la nature, qui a classé l'espèce en danger critique d'extinction dès 2008. Le signal est clair : sans action forte et immédiate, ce poisson emblématique - notamment dans la Somme - pourrait disparaître.
L'anguille européenne est un poisson migrateur au cycle de vie fascinant, mais extrêmement vulnérable. Née dans la mer des Sargasses, elle traverse l'océan Atlantique pour rejoindre les rivières européennes, où elle grandit avant de repartir vers sa zone de reproduction. Ce voyage vital, qui traverse trois stades (civelle, anguille jaune, anguille argentée), est aujourd'hui entravé à chaque étape par une multitude d'obstacles : barrages, turbines, pollution, braconnage, parasites, assèchement des zones humides... et surtout une pêche trop intensive. En particulier, la pêche de la civelle, stade juvénile de l'anguille, constitue la phase la plus critique pour la survie de l'espèce.
Au-delà de l'aspect dramatique lié à la disparition possible de cette espèce, son extinction aurait des conséquences majeures, compromettant l'équilibre de la biodiversité aquatique et marine, avec des répercussions durables.
Alerté par la Fédération de la Somme pour la pêche et la protection du milieu aquatique, il exprime une vive inquiétude quant à l'impact de la pêche actuelle sur la civelle. Cette pression compromet directement les efforts de repeuplement entrepris depuis plusieurs années. Bien que le règlement européen n°1100/2007 encadre la pêche de l'anguille dans un objectif de recolonisation naturelle, ce cadre apparaît aujourd'hui insuffisant, notamment dans des territoires sensibles comme le département de la Somme. C'est pourquoi, il serait opportun d'étudier des dispositions telles que : l'instauration d'un moratoire sur le quota de consommation, au profit d'un quota 100 % dédié au repeuplement, pour la saison 2025-2026 (contre 60 % actuellement consacré au repeuplement, et 40 % à la consommation) ; la mise en place d'un dispositif d'indemnisation pour les pêcheurs professionnels impactés par cette transition, à hauteur de 40 000 euros dans le département de la Somme, afin de concilier protection de la biodiversité et soutien à l'économie locale.
Le repeuplement de l'anguille n'est plus une option : c'est une urgence écologique, pour éviter une extinction désormais imminente. Il est temps de faire de la préservation des espèces une priorité de la politique de pêche durable. Il lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement sur cette problématique.
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En attente de réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche.
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