Question de Mme BRIANTE GUILLEMONT Sophie (Français établis hors de France - RDSE-R) publiée le 08/05/2025

Mme Sophie Briante Guillemont interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur le programme d'invitation des personnalités d'avenir (PIPA). Créé en 1989, ce programme, inspiré du modèle états-unien, permet à de jeunes personnalités étrangères prometteuses, repérées par nos ambassades et issues de différents secteurs, de séjourner en France une semaine pour des rencontres de haut niveau liées à leurs domaines d'activité. À partir des thématiques proposées par chaque invité, un programme d'étude sur mesure est mis en place. Il comprend des entretiens ciblés, des visites de terrain adaptées à leurs intérêts ainsi que des activités culturelles. Depuis sa création, plus de 2 200 personnes originaires de 159 pays ont bénéficié de cette initiative. Elle souhaiterait savoir quel bilan peut être tiré de ce programme en termes d'influence pour la France, quels sont les projets à venir et si le lien avec les personnalités invitées est bien maintenu à l'issue de leur séjour et dans la durée.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 10/07/2025

Depuis sa création en 1989, le programme d'invitation des personnalités d'avenir (PIPA) est placé sous la responsabilité du Centre d'analyse et de prévision (CAPS) du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE), dans une double dynamique qui articule une vision de long terme et un levier d'action immédiat : le programme s'adresse à des personnalités qui ont, en général, moins de 40 ans, et dont nos ambassades estiment qu'elles sont prometteuses dans leur secteur et seront, dans l'avenir, une force vive pour leur pays. Les lauréats sont sélectionnés au mois de septembre et invités à effectuer, l'année suivante, une visite d'une semaine en France, avec un programme individuel et sur mesure. De ces deux dynamiques, on peut tirer un bilan positif en termes d'influence : -- sur le long terme et s'agissant d'un programme dont la nature même est un pari sur l'avenir, l'analyse des 2 300 profils accueillis depuis 1989 démontre qu'il est devenu ce qu'il avait l'ambition de devenir : un outil agile et bien ciblé au service de notre attractivité. Ainsi, le PIPA a notamment accueilli : -- en 1992, Richard Goldstone (Afrique du sud), devenu Président du Tribunal pénal international pour le Rwanda et le Kosovo ; -- en 1999 Shirine Ebadi (Iran), alors avocate, devenue Prix Nobel de la Paix en 2003 ; -- en 2002, Heiko Maas (Allemagne), devenu ministre des Affaires étrangères ; -- en 2007, Federica Mogherini (Italie), devenue Haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Plus récemment, deux anciens invités du PIPA sont devenus membres de la Commission européenne (Piotr Serafin, Pologne, invité en 2006 et Glenn Micallef, Malte, invité en 2022) et Beate Meinl-Reisinger, invitée en 2015, a été nommée ministre des affaires étrangères d'Autriche en mars 2025. A court terme, le bilan des visites et des échanges avec les invités PIPA est également très positif, chaque invité ouvrant des angles morts et apportant des analyses qui lui sont propres et qui contribuent au débat d'idées au coeur des missions du CAPS, et plus largement de notre diplomatie. S'agissant du lien avec les anciens invités, il est assuré de deux manières. D'abord par nos ambassades, qui entretiennent avec leurs anciens lauréats des relations individuelles régulières, animent et fidélisent un réseau d'alumni et suivent avec attention l'évolution de leurs carrières. Ce suivi recueille l'attention de l'administration centrale, qui s'attache à nourrir les contacts et projets initiés pendant les visites de travail, notamment à l'occasion d'éventuels déplacements ultérieurs des personnalités d'avenir en France. Ainsi, la visite à Paris, en avril dernier d'Angelika Sharygina, d'origine afghano-ukrainienne, qui avait fait partie en février 2025 d'une visite PIPA de groupe consacrée à l'Intelligence artificielle, a donné lieu à l'organisation, au MEAE, d'une table ronde en partenariat avec Sciences Po Paris consacrée aux usages du numérique. De même, les 7 membres du "groupe Océan", organisé en septembre 2024, seront de nouveau accueillis dans le cadre du PIPA pour présenter un projet commun de side event à la Conférence des Nations unies sur l'Océan, à Nice, en juin prochain. Le suivi et le maintien du lien avec les invités est une priorité du programme. C'est notamment l'objectif de plateforme numérique d'alumni en cours de déploiement. Cette plateforme, lancée à la rentrée 2024 vise précisément à optimiser le suivi des anciens invités en facilitant l'établissement d'un lien pérenne avec la France. Initialement déployée en phase pilote auprès de 12 postes diplomatiques (Népal, Malaisie, Canada, Canada/Québec, Mexique, République tchèque, Ouzbékistan, Cameroun, Angola, Rwanda, Jordanie, Qatar), elle devrait être étendue à l'ensemble de nos ambassades d'ici la rentrée 2025.

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