Question de M. JOLY Patrice (Nièvre - SER) publiée le 15/05/2025
M. Patrice Joly attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur la situation alarmante de la gynécologie médicale en France, relayée par les représentantes du comité de défense de la spécialité.
Supprimée en 1987 puis rétablie en 2003, la gynécologie médicale traverse une crise profonde. Le nombre de gynécologues médicaux a chuté de façon spectaculaire : on comptait 1 945 praticiens en 2007 contre seulement 816 en 2023, pour près de 30 millions de femmes en âge de consulter.
Cette pénurie a des conséquences concrètes et graves : 11 départements sont aujourd'hui dépourvus de tout gynécologue médical, et 130 centres d'interruption volontaire de grossesse (IVG) ont fermé en quinze ans. Près d'un quart des Françaises vivent dans un désert médical gynécologique, et la situation est encore plus critique pour celles qui n'ont pas les moyens de payer des dépassements d'honoraires, ce qui porte à 67 % la proportion de femmes concernées dans certains territoires.
Ce déficit de professionnels a des répercussions majeures sur la santé des femmes : difficultés d'accès à l'IVG, à la contraception, à la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), au diagnostic et au traitement de l'endométriose, au dépistage précoce et au suivi des cancers. Les femmes les plus jeunes sont particulièrement pénalisées, privées du travail d'éducation et de prévention assuré par les gynécologues médicaux. Par ailleurs, la pyramide des âges est défavorable : 60 % des gynécologues médicaux ont plus de 60 ans et 626 praticiens ont pris leur retraite entre 2010 et 2022.
Si le rétablissement du diplôme d'études spécialisées (DES) en 2003 a permis la formation de plus de 1 000 nouveaux gynécologues médicaux, ces efforts restent insuffisants pour compenser les départs massifs et répondre aux besoins croissants de la population féminine. Le nombre de postes ouverts à l'internat, bien qu'en légère augmentation ces dernières années (91 en 2023), demeure très en deçà des besoins, et la profession peine à attirer de nouveaux candidats.
Dans ce contexte, une politique ambitieuse de revalorisation et de promotion de la gynécologie médicale est d'autant plus urgente que les indicateurs de santé sexuelle des jeunes femmes se dégradent : baisse du recours à la contraception, recul de la vaccination contre les IST, hausse des grossesses non désirées, dé-médicalisation croissante et retards de diagnostic.
L'inscription de l'IVG dans la Constitution ne pourra être pleinement effective sans un accès équitable à la gynécologie médicale pour toutes les femmes. Il est donc indispensable de renforcer les moyens alloués à cette spécialité et d'augmenter significativement le nombre de postes d'internes ouverts chaque année.
Aussi, il lui demande ainsi quelles mesures concrètes il entend mettre en oeuvre pour résoudre cette question de santé publique et garantir à chaque femme un accès effectif à la gynécologie médicale, sur l'ensemble du territoire, tout au long de sa vie.
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En attente de réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins .
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