Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 22/05/2025
M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur la diffusion massive, via les réseaux sociaux, de contenus remettant en cause l'origine de fabrication des produits de luxe français et européens, et les conséquences économiques et sociales qui en découlent.
Depuis plusieurs semaines, des vidéos virales circulent sur les réseaux sociaux, notamment le réseau chinois TikTok, prétendant que la majorité des produits des maisons de luxe françaises et européennes serait fabriquée en Chine, puis réétiquetée en Europe, avant d'être vendue comme « made in France » ou « made in Italy ». Certains auteurs avancent que plus de 80 % des sacs à main de luxe seraient fabriqués en Chine, sans preuves tangibles. Il ne s'agit pas seulement d'un phénomène de désinformation, mais d'une véritable campagne de diffamation, impactant fortement la réputation de ces marques. Si ces informations sont démenties par les maisons concernées, elles engendrent une défiance des consommateurs, remettant en cause leur authenticité et leur savoir-faire.
Ces contenus ne se contentent pas de relayer des accusations : ils participent activement à la promotion de la contrefaçon. Ils mettent en avant de faux articles de luxe, accompagnés de liens permettant d'acheter directement ces produits. Cette situation met en danger les consommateurs, incités à acheter des produits de contrefaçon, souvent fabriqués dans des conditions précaires, avec des matériaux parfois toxiques ou dangereux pour la santé.
Ce phénomène nuit également au savoir-faire français et européen. Nos entreprises du luxe fabriquent des produits de grande qualité, grâce à des artisans hautement qualifiés et à des techniques précises et exigeantes. Les vidéos qui laissent penser que tout est produit à bas coût en Chine dévalorisent ce travail et peuvent nuire aux emplois liés à ces filières. Dans de nombreux territoires, des maisons de luxe continuent de produire localement. C'est le cas dans mon département de l'Allier, avec les ateliers Louis Vuitton de Saint-Pourçain-sur-Sioule. Dans les trois unités de production spécialisées dans la maroquinerie, on y fabrique des articles comme des portefeuilles, pochettes ou valises, à partir de cuirs travaillés sur place par des artisans qualifiés et dans des conditions de travail conformes aux standards élevés de la filière.
Les conséquences économiques et sociales sont lourdes. À l'échelle européenne, la contrefaçon représente un manque à gagner estimé à 83 milliards d'euros et près de 790 000 emplois perdus chaque année. En France, les pertes annuelles sont évaluées à plus de 9,4 milliards d'euros, avec 69 600 emplois impactés. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il intervient dans un contexte de banalisation de la contrefaçon, notamment chez les jeunes. Selon une étude de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), 52 % des Européens âgés de 15 à 24 ans ont acheté au moins un produit contrefait en 2022, intentionnellement ou par accident. En France, 29 % des jeunes de cette tranche d'âge ont sciemment acquis un produit contrefait.
Face à cette situation, il souhaite savoir quelles mesures le Gouvernement envisage de prendre afin de renforcer la lutte contre la diffusion de contenus mensongers et la promotion de la contrefaçon sur les réseaux sociaux, qui portent atteinte à la réputation de nos entreprises et mettent en danger les consommateurs.
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En attente de réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
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