Question de M. BASQUIN Alexandre (Nord - CRCE-K) publiée le 22/05/2025

M. Alexandre Basquin attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche au sujet du mauvais état des forêts françaises.
Selon une étude à laquelle a contribué l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), le pouvoir d'absorption de nos émissions de CO2 a fortement baissé dans les forêts au niveau mondial.
La France n'est pas épargnée, même si ses forets n'ont cessé de s'étendre depuis deux siècles. En effet, l'état des arbres se dégrade fortement avec un taux de mortalité qui a doublé en dix ans.
Cela entraîne une forte baisse de l'absorption du CO2 que nous émettons. Entre 2014 et 2022, les arbres en croissance de la forêt métropolitaine n'ont absorbé que 39 millions de tonnes de CO2 par an contre 63 millions entre 2005 et 2013.
Cette dégradation a des conséquences écologiques et sanitaires puisque la qualité de l'air que nous respirons dépend aussi de la quantité de carbone captée par les arbres en France.
Il lui demande quelles mesures le Gouvernement compte prendre pour préserver et améliorer la santé de nos forêts.

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Transmise au Ministère de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature


Réponse du Ministère de la transition écologique, de la biodiversité et des négociations internationales sur le climat et la nature publiée le 04/12/2025

Le puits de carbone constitué par les forêts françaises tend à se dégrader sous l'effet du changement climatique (augmentation des épisodes caniculaires et de sécheresse pendant la saison de végétation), et ce malgré l'augmentation de la surface forestière en France et le maintien de prélèvements en bois en-deçà de l'accroissement biologique des forêts, garant d'une gestion durable des forêts. Ces nouvelles conditions climatiques induisent à la fois une fragilisation des écosystèmes forestiers, une augmentation des dépérissements, une hausse de la mortalité en forêt et un ralentissement de la vitesse de croissance des arbres. Les objectifs du programme national de la forêt et du bois (2016-2026), les conclusions des Assises de la forêt et du bois (2021-2022), ainsi que la feuille de route de la planification écologique, précisent les grands axes stratégiques de la politique nationale en faveur de la gestion durable de la forêt et du bois. Leur mise en oeuvre intervient en cohérence avec la stratégie française pour l'énergie et le climat, ainsi que ses trois composantes : le plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Ces documents stratégiques intègrent des priorités d'atténuation (préservation des puits de carbone et réduction des émissions de gaz à effet de serre), ainsi que d'adaptation (pour la forêt, il s'agit de préserver et de renforcer la résilience des forêts françaises et de faciliter leur adaptation aux conditions climatiques futures). Les actions prévues s'articulent autour des leviers de la gestion durable de la forêt, qui figurent à l'article L. 121-1 du Code forestier. Elles permettent de ralentir la dégradation du puits de carbone, de préserver et d'améliorer la santé des forêts. Elles renforcent les nombreux services écosystémiques procurés par les forêts, dans le cadre d'une gestion à vocation multifonctionnelle, à la fois économique (production de bois pour la bioéconomie), écologique (conservation de la biodiversité, services relatifs à l'air, à l'eau et au sol, dont la prévention des risques d'érosion) et sociale (activités récréatives du public). Les différentes mesures visent les objectifs suivants : 1 - Adapter la forêt au changement climatique en accélérant le renouvellement forestier : dans le cadre des documents de gestion forestière durable, l'adaptation en continu des peuplements au climat présent et futur favorise la résilience des forêts. Ces travaux mobilisent l'ensemble des techniques sylvicoles, notamment les éclaircies sélectives, la diversification des essences, la migration assistée ou la régénération naturelle quand elles sont appropriées. C'est le levier principal pour reconstituer les forêts sinistrées, adapter au changement climatique les forêts identifiées comme vulnérables et améliorer les forêts à potentiel sylvicole. Des aides au renouvellement forestier sont prévues par l'État dans le cadre de France Nation Verte. Des financements privés peuvent aussi être mobilisés pour le boisement et le reboisement via le dispositif Label bas carbone. Le Président de la République a fixé un objectif de plantation d'un milliard d'arbres d'ici 2032 et le renouvellement de 10 % de la forêt hexagonale en dix ans. Les cahiers des charges des dispositifs d'aides intègrent des exigences renforcées en matière de protection de la biodiversité et de diversification des essences forestières. L'étude IGN-FCBA "Projections des disponibilités en bois et des stocks et flux de carbone du secteur forestier français" (2024) précise, qu'à l'horizon 2050, les peuplements renouvelés avec les aides de l'État présenteront un stockage de carbone à l'hectare plus de deux fois supérieur aux autres peuplements, à condition de bien cibler les peuplements à renouveler et de réussir les plantations et leur entretien. 2- Faire évoluer et améliorer la gestion sylvicole, la préservation de la biodiversité, par une gestion sylvicole adaptative, attentive aux sols et à la biodiversité : Dans le cadre de la planification écologique, des dispositifs complémentaires soutiennent la conduite de travaux sylvicoles respectueux des sols forestiers (appel à projets exploitation forestière et sylviculture performantes et résilientes - ESPR). Les actions entreprises poursuivent un objectif double au regard du carbone : limiter le déstockage du carbone du sol lors des travaux forestiers et maintenir la fertilité, essentielle pour la croissance des arbres (récolte raisonnée des menus bois et des souches). Le plan d'action de préservation des sols forestiers (PASF), publié en juillet 2025, prévoit une série d'actions portant sur le développement des connaissances sur les fonctionnalités des sols forestiers et sur les impacts des changements globaux et activités humaines. Il préconise le développement de pratiques forestières préservant les sols forestiers (cloisonnements d'exploitation, débardage par câble), l'échange de bonnes pratiques et l'expérimentation, la formation des professionnels, ainsi que l'intégration de spécificités relatives aux sols forestiers dans les outils d'aide à la gestion et à la rédaction des documents de gestion forestière durable. Pour faciliter la régénération des forêts, il convient par ailleurs de rétablir l'équilibre forêt-ongulés. 3- Enfin, la prévention des risques naturels, notamment d'incendie, s'avère essentielle pour éviter de relarguer dans l'atmosphère le carbone stocké par les forêts : les périodes de sécheresse et de canicule de plus en plus intenses entraînent une extension géographique et temporelle du risque d'incendie. La défense des forêts contre les incendies vise prioritairement à diminuer le nombre d'éclosions de feux de forêt et à réduire les superficies forestières parcourues par le feu dans les régions les plus à risque. Enfin, le Gouvernement est en lien avec ses homologues européens et internationaux, qui sont également concernés par les défis de baisse du puits de carbone et de gestion durable et multifonctionnelle des forêts, afin d'identifier les meilleurs pratiques possibles.

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