Question de M. GILLÉ Hervé (Gironde - SER) publiée le 15/05/2025

M. Hervé Gillé interroge M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur l'abandon du projet d'installation d'une seconde base aérienne de sécurité civile à Mont-de-Marsan, initialement annoncée à la suite des incendies dévastateurs de 2022 dans le Sud-Ouest et notamment en Gironde. Le 2 août 2023, alors ministre de l'intérieur, M. Gérald Darmanin déclarait publiquement que « le Président de la République a souhaité, le Parlement l'a d'ailleurs confirmé, une deuxième base de Canadairs », précisant même que celle-ci serait localisée à Mont-de-Marsan. Cette annonce avait suscité une attente forte dans les départements du Sud-Ouest, notamment dans les Landes et en Gironde, où se trouve le plus vaste massif de résineux d'Europe, particulièrement inflammable en période estivale. Or, le conseil départemental des Landes vient d'annoncer, sur la base d'un courrier reçu de sa part, en qualité de ministre de l'intérieur, que « l'installation d'une deuxième base aérienne pérenne dans le Sud-Ouest n'est pas prévue pour l'instant ». Cette décision, qualifiée de « revirement » par les élus locaux, suscite l'incompréhension alors même que les conditions climatiques et le risque croissant de méga-feux appellent un renforcement durable des moyens aériens de lutte contre les incendies. Dans ce contexte, si la Gironde bénéficie, depuis peu, du déploiement saisonnier de quatre Air-Tractor et d'un hélicoptère bombardier d'eau, cette dotation, bien que précieuse, demeure fragile tant qu'aucun engagement pérenne ne vient la sécuriser. Le désengagement de l'État dans le dossier de Mont-de-Marsan interroge ainsi plus largement sur la stabilité des moyens promis, et sur la capacité réelle du dispositif actuel à répondre efficacement à des départs de feu majeurs dans le Sud-Ouest. En conséquence, il lui demande de clarifier les raisons de ce changement de stratégie, d'indiquer si les moyens déployés, notamment en Gironde, seront maintenus durablement, et s'il entend réévaluer l'opportunité d'un ancrage territorial renforcé des moyens de la sécurité civile dans cette région.

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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur publiée le 21/05/2025

Réponse apportée en séance publique le 20/05/2025

M. le président. La parole est à M. Hervé Gillé, auteur de la question n° 530, adressée à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

M. Hervé Gillé. Monsieur le ministre, je souhaite vous interroger sur l'abandon du projet d'installation d'une seconde base aérienne de sécurité civile à Mont-de-Marsan.

Ce projet avait pourtant été annoncé à la suite des incendies dramatiques qui ont ravagé le Sud-Ouest, notamment la Gironde, durant l'été 2022. Le 2 août 2023, M. Gérald Darmanin avait publiquement confirmé la création d'un second projet d'installation de canadairs dans le Sud-Ouest, souhaité par le Président de la République.

Cette annonce avait suscité une attente très forte sur notre territoire, en particulier dans les Landes et en Gironde, où s'étend le plus vaste massif de résineux d'Europe, extrêmement vulnérable aux incendies en période estivale.

Or nous avons récemment appris par un courrier que l'installation d'une deuxième base aérienne pérenne dans le Sud-Ouest n'est pas prévue pour l'instant. Ce désengagement soudain n'est pas compréhensible pour de nombreux élus locaux au regard des besoins ; elle suscite une réelle incompréhension.

Pourquoi un tel changement, alors même que le dérèglement climatique accroît chaque année un peu plus la fréquence et la violence des feux de forêt dans notre région ? Pourquoi renoncer à un outil aussi stratégique alors que la nécessité de renforcer nos moyens de lutte contre les mégafeux ne fait plus débat ?

Certes, la Gironde bénéficie depuis peu du déploiement saisonnier de quatre avions Air Tractor et d'un hélicoptère bombardier d'eau. Ces moyens sont précieux, mais ils restent fragiles, car rien ne garantit à ce stade leur maintien dans la durée.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous éclairer sur les raisons qui ont conduit à ce revirement ? Pouvez-vous nous dire si les moyens actuellement déployés seront sécurisés dans le temps, notamment en Gironde ? Enfin, entendez-vous réévaluer l'opportunité de doter durablement le Sud-Ouest, notre région, d'une implantation renforcée des moyens de sécurité civile ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Hervé Gillé, lors des deux dernières saisons des feux de forêt, des moyens aériens de la flotte de la sécurité civile - un Dash - ainsi que des moyens complémentaires loués - six Air Tractor et un hélicoptère bombardier d'eau - ont été prépositionnés sur des aérodromes militaires de la zone concernée, accompagnés de toute la chaîne de soutien logistique nécessaire à leur exploitation et à la réalisation des missions - maintenance des aéronefs, personnels navigants, armement de pélicandromes pour le ravitaillement des aéronefs en produit retardant.

Ce prépositionnement estival a donné des résultats opérationnels très satisfaisants, avec la mise en oeuvre du dispositif de guet aérien armé, permettant une surveillance aérienne continue en journée et des largages de produit retardant dès les départs de feux. C'est une stratégie que nos services appliquent.

Ainsi, entre le 16 juillet et le 30 septembre 2024, les moyens que j'ai évoqués ont été positionnés en zone Sud-Ouest, principalement à Bordeaux. Au total, ces moyens ont été engagés sur dix feux de forêt et de nombreux circuits de guet aérien armé dans le massif des Landes de Gascogne. Ils ont effectué quarante-huit largages au cours de 200 heures de vol. L'engagement financier de la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC) dans le cadre de ce renforcement s'est élevé à 6,5 millions d'euros.

Fort de ce bilan encourageant, je confirme que ces détachements saisonniers seront donc reconduits pour 2025 et pour les années à venir. Selon le risque de feux de forêt, ces détachements peuvent également être complétés par d'autres moyens aériens, comme des canadairs.

Ce dispositif, agile et adaptable, est piloté au quotidien par un centre national de coordination avancé de sécurité civile. Il correspond aux enjeux de renforcement de la stratégie de lutte contre les feux de forêt.

En outre, dans le contexte budgétaire actuel, les crédits d'investissement de la sécurité civile sont fortement mobilisés et prioritairement orientés pour permettre le renouvellement de ses flottes d'aéronefs à l'horizon de 2035.

Je rappelle que la flotte d'hélicoptères est en cours de renouvellement pour un montant de 450 millions d'euros et que la flotte d'avions doit également faire l'objet d'une programmation budgétaire pluriannuelle, pour permettre son remplacement et son renforcement dans la perspective de l'augmentation des risques à l'horizon de 2030-2035.

Au-delà, les conclusions du Beauvau de la sécurité civile nous permettront de conduire une réflexion sur l'ambition capacitaire des moyens nationaux de la sécurité civile de façon que le maillage territorial soit parfaitement assuré.

M. le président. La parole est à M. Hervé Gillé, pour la réplique.

M. Hervé Gillé. Cette réponse confirme l'abandon de la seconde base aérienne de sécurité civile à Mont-de-Marsan. C'était pourtant un engagement et une promesse du Président de la République et du ministre Gérard Darmanin.

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