Question de M. BASQUIN Alexandre (Nord - CRCE-K) publiée le 29/05/2025

M. Alexandre Basquin attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur la baisse constante de moyens alloués à l'audiovisuel public. Le Gouvernement ne cesse de diminuer les crédits prévus pour l'audiovisuel public. Dans les entreprises concernées, les salariés ont les plus grandes difficultés à tenir les objectifs qui leurs sont assignés. Ainsi, partout les moyens des rédactions de l'audiovisuel public régressent, avec des missions réduites quand elles ne sont pas annulées, comme en témoignent, notamment, les journalistes de France Médias Monde. Le projet de holding qu'elle a annoncé avec la fusion de France Télévisions, France Médias Monde, Radio France, l'INA, etc. va au-delà de cette baisse constante de moyens : il remet purement et simplement en cause la légitimité de l'audiovisuel public. Alors que les fake news, la désinformation et les ingérences se multiplient, tout devrait être mis en oeuvre pour renforcer les médias publics, seuls véritables gages d'une information fiable, précise, sourcée, vérifiée et indépendante des lobbys privés. La bonne santé de ces médias est indispensable pour notre démocratie et notre République. Il est regrettable que le Gouvernement aborde la question à rebours. En effet, comment peut-on comprendre la disparition de la radio Mouv', pour ne citer que cet exemple, radio pourtant destinée à un jeune public ? Pourquoi déstabiliser la rédaction de France Inter alors que c'est la radio la plus écoutée de France avec sept millions d'auditeurs par jour ? Il lui demande donc si elle a conscience que la lutte contre la désinformation passe par un engagement massif en direction de l'audiovisuel public, bien loin de ce qui est annoncé aujourd'hui.

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Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement publiée le 11/06/2025

Réponse apportée en séance publique le 10/06/2025

M. le président. La parole est à M. Alexandre Basquin, auteur de la question n° 568, adressée à Mme la ministre de la culture.

M. Alexandre Basquin. Madame la ministre, le Gouvernement ne cesse, hélas ! de diminuer les crédits affectés à l'audiovisuel public. Dans les entreprises concernées, les salariés éprouvent les plus grandes difficultés à atteindre les objectifs qui leur sont assignés. Partout, les moyens des rédactions de l'audiovisuel public régressent et leurs missions sont réduites, quand elles ne sont pas purement et simplement supprimées.

Le projet de holding que Mme la ministre de la culture a annoncé avec le regroupement de France Télévisions, France Médias Monde, Radio France et l'Institut national de l'audiovisuel (INA) va au-delà de cette baisse constante de moyens : il remet purement et simplement en cause l'indépendance budgétaire et peut-être, à terme, éditoriale de chaque composante de l'audiovisuel public. En effet, cette holding n'est-elle pas, comme le craignent les syndicats, un premier pas vers des synergies éditoriales ?

Les représentants syndicaux s'interrogent également sur le risque d'ingérence du futur responsable de cette nouvelle structure, s'agissant d'une holding exécutive placée sous l'autorité d'un PDG aux commandes des différentes filiales.

Pourtant, nous pourrions emprunter une autre voie, avec un investissement beaucoup plus important dans l'audiovisuel public, comme le fait l'Allemagne. Alors que les fake news, la désinformation et les ingérences se multiplient, tout devrait être mis en oeuvre pour renforcer les médias publics, seuls véritables garants d'une information fiable, précise, sourcée, vérifiée et indépendante des lobbys privés.

La bonne santé de ces médias est indispensable pour notre démocratie et pour notre République. Il est regrettable que le Gouvernement aborde la question à rebours de ce qu'il faudrait. Comment comprendre, par exemple, la disparition de la radio Mouv', pourtant destinée à un jeune public ? Pourquoi déstabiliser la rédaction de France Inter, radio pourtant la plus écoutée de France ?

Nous ne pouvons continuer d'aller dans ce sens. Le Gouvernement doit avoir conscience que la lutte contre la désinformation, si forte de nos jours, passe par un engagement massif en faveur de l'audiovisuel public.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Sophie Primas, ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Alexandre Basquin, dans la situation extrêmement contrainte de nos finances, il a été demandé aux entreprises audiovisuelles publiques, comme à l'ensemble des administrations et des opérateurs de l'État, de contribuer à l'effort de maîtrise de la dépense publique. Tous les pans de l'action publique sont concernés ; il n'y a pas de raison pour que l'audiovisuel public s'y soustraie.

Pour France Télévisions comme pour Radio France, ces efforts n'ont pas déstabilisé l'équilibre des comptes de 2024, grâce aux efforts d'économie de ces entreprises. Ces dernières ont pu poursuivre l'accomplissement de leur mission de service public et la mise en oeuvre de leur stratégie. Pour ce qui concerne 2025, le dialogue continue entre les entreprises et les administrations de tutelle, afin de déterminer les modalités d'absorption de l'effort demandé cette année.

C'est la trajectoire budgétaire 2024-2028, arbitrée à l'automne 2023, qui doit en revanche être révisée, afin de tenir compte du nouveau contexte budgétaire. Des échanges ont été engagés en ce sens et ils conduiront, pour le PLF 2026, à une redéfinition du triennal de dépenses.

Au-delà du seul cadre budgétaire, nous sommes toujours persuadés de la nécessité de mener à bien la réforme de la gouvernance du secteur audiovisuel public. Vous semblez craindre que cette réforme n'affaiblisse le secteur ; or l'ambition du Gouvernement est exactement contraire : permettre à ce secteur de se renforcer en étoffant son offre éditoriale pour nos concitoyens et en organisant son action de manière plus efficiente. C'est tout particulièrement le cas, et vous l'avez souligné, en matière de lutte contre la désinformation, qui reste une priorité incontournable.

Vous évoquez enfin la disparition de Mouv' du groupe Radio France. Il s'agit plus exactement d'une transformation de cette antenne, qui a vocation à devenir une offre musicale exclusivement disponible en numérique. Plus généralement, Radio France va enrichir ses offres destinées au jeune public, via ses podcasts pour la jeunesse, le renouvellement de ses formats et écritures et la recherche de nouvelles incarnations à l'écran. Ces évolutions stratégiques se feront bien sûr dans le respect du personnel actuellement en poste dans cette radio.

M. le président. La parole est à M. Alexandre Basquin, pour la réplique.

M. Alexandre Basquin. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre, mais j'y décèle une véritable contradiction : d'un côté, vous voulez lutter contre la désinformation ; de l'autre, vous réduisez comme peau de chagrin les moyens de l'audiovisuel public.

Mme Sophie Primas, ministre déléguée. Nous le rendons plus efficace !

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