Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 12/06/2025

Question posée en séance publique le 11/06/2025

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre des affaires étrangères, ma question est simple : pouvez-vous nous rappeler les conditions posées par la France pour reconnaître un État palestinien ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 12/06/2025

Réponse apportée en séance publique le 11/06/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Roger Karoutchi, j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, la France est indéfectiblement attachée à la sécurité d'Israël. Elle l'a démontré en mobilisant par deux fois ses moyens militaires l'année dernière, pour soutenir Israël et lui permettre de parer les attaques balistiques iraniennes. Elle le démontre de nouveau en figurant en première ligne des efforts visant à contrer l'Iran nucléaire, à empêcher l'Iran d'accéder à l'arme atomique.

Nous en sommes convaincus depuis longtemps - c'était la position française bien avant ce gouvernement, et même bien avant l'élection du Président de la République -, à terme, la sécurité des Israéliens ne sera assurée que par une solution politique, reposant sur deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité.

Évidemment, cette solution suppose que l'ensemble des pays de la région consentent, d'une part, à normaliser leurs relations avec Israël et, de l'autre, à apporter des garanties de sécurité à Israël.

Il y a deux ans, nous y étions presque. Comme l'a rappelé M. le Premier ministre hier devant l'Assemblée nationale, l'Arabie saoudite, les États-Unis et Israël s'apprêtaient, dans la logique des accords d'Abraham, à faire aboutir cette perspective. Mais, par le massacre antisémite du 7 octobre, le Hamas a profondément fragilisé le travail accompli.

Soit nous nous résignons à cette fragilisation, mais alors nous prenons le risque que la région ne s'enfonce durablement dans une instabilité qui nuira à la sécurité d'Israël ; soit nous prenons l'initiative de créer un mouvement devant s'appuyer sur la reconnaissance de l'État palestinien par la France et par d'autres pays,...

M. Pascal Savoldelli. Oui, 149 États !

M. Jean-Noël Barrot, ministre. ... ainsi que sur des engagements très fermes de la part de l'Autorité palestinienne et des pays arabes de la région, pour dépasser ce que le Hamas a provoqué en menaçant cette perspective. C'est ainsi que l'on pourra réenclencher un mouvement conduisant vers cette solution politique, qui est la seule soutenable, dans l'intérêt d'Israël et du peuple israélien. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour la réplique.

M. Roger Karoutchi. Monsieur le ministre, si j'étais le Président de la République, je vous dirais : « Champion, mon frère ! », à moins que je ne fasse allusion aux brainwashers...

Comme le Président de la République, vous avez vous-même déclaré qu'il y avait quatre conditions : la libération de tous les otages (M. Francis Szpiner applaudit.) ; l'éviction complète du Hamas ; le renouvellement de l'Autorité palestinienne ; et l'accord avec les États arabes. (Mme Valérie Boyer applaudit.)

Il s'agit à mon sens d'une position raisonnable, car c'est une position d'équilibre. (Protestations sur les travées des groupes CRCE-K et GEST.) Chers collègues, je vous ai écoutés, pas très attentivement, certes, mais je vous ai écoutés... (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Aujourd'hui, aucune de ces quatre conditions n'est remplie. Or, le 18 juin prochain, le chef de l'État s'apprêterait à reconnaître l'État de Palestine, sans que l'on sache à quelles conditions, avec quels dirigeants ou avec quel gouvernement.

M. Pascal Savoldelli. En Pologne, en Hongrie, on ne pose pas la question !

M. Roger Karoutchi. Quant aux otages, seront-ils libérés d'ici là ? Évidemment non... (Protestations sur les travées du groupe CRCE-K.)

M. Bruno Sido. Silence !

M. Roger Karoutchi. Merci de me laisser la parole.

Monsieur le ministre, je vous dis simplement ceci : le 18 juin 1940, le général de Gaulle a dit non à l'horreur nazie. Ne donnez pas le sentiment, le 18 juin 2025, que la France et son chef de l'État se soumettent à l'horreur islamiste. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. - Protestations sur les travées des groupes CRCE-K et GEST.)

M. Thomas Dossus. C'est une honte !

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