Question de M. CORBISEZ Jean-Pierre (Pas-de-Calais - CRCE-K) publiée le 12/06/2025

Question posée en séance publique le 11/06/2025

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Corbisez, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

M. Jean-Pierre Corbisez. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Depuis dix semaines, Gaza étouffe sous un blocus alimentaire meurtrier. Quelques maigres distributions sont certes organisées pour la forme, par une organisation proche d'Israël et des États-Unis. Ces distributions tournent souvent au carnage, l'armée israélienne n'hésitant pas à tirer sur la population affamée.

Gaza agonise, monsieur le ministre, avec deux millions de vies au bord de la famine et plus de 52 000 personnes massacrées, dont 15 000 enfants. Le gouvernement Netanyahou poursuit, quant à lui, son plan de conquête totale de la bande de Gaza, au prix d'une accélération des massacres de civils. Cette opération doit achever la destruction du territoire, commencée il y a deux ans avec, à terme, la déportation de sa population vers des pays tiers.

Pourtant, en 2024, la Cour internationale de justice a publié trois ordonnances dénonçant la situation à Gaza comme un génocide imminent. Monsieur le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, nous assistons à un génocide, mais ces décisions ont été ignorées par le gouvernement israélien.

Dimanche dernier, l'acte de piraterie contre le navire Madleen, avec son arraisonnement, la détention de son équipage, alors qu'il était hors des eaux territoriales d'Israël, constitue un crime supplémentaire commis par l'occupant israélien.

Je salue l'initiative du Madleen, qui est, certes, loin d'être purement humanitaire, ainsi que la détermination de ses membres à naviguer vers Gaza, malgré les menaces israéliennes : ils sont venus constater le génocide en cours. Mes collègues et moi-même appelons à élargir et à poursuivre les mouvements de solidarité afin de briser le siège de Gaza et d'intensifier l'isolement de l'État israélien.

Monsieur le ministre, face à cette horreur, que fait la France ? Quand les otages français, dont une députée de la République, seront-ils libérés ? (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Les otages ne sont pas en Israël !

M. Jean-Pierre Corbisez. Pourquoi le Gouvernement français, alors que la justice ne peut le faire, n'a-t-il pas exclu les exposants militaires israéliens du prochain salon du Bourget ?

Les bavardages, monsieur le ministre, doivent laisser la place à une action ferme et résolue. La France doit parler d'une voix forte pour briser le siège de Gaza et mettre fin à ce génocide. Nous ne pouvons plus détourner les yeux, monsieur le ministre. L'Histoire jugera les nations complices par leur silence ou leur inaction. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K et sur des travées des groupes SER et GEST.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 12/06/2025

Réponse apportée en séance publique le 11/06/2025

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Bayrou, Premier ministre. Monsieur le sénateur, je vous réponds parce que je trouve inacceptable qu'un certain nombre de forces politiques utilisent, pour désigner les trois ou quatre personnes détenues depuis deux jours en Israël, le mot d'otage. (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP. - M. Bernard Fialaire applaudit également.)

Je veux rappeler simplement les faits. (Protestations sur les travées du groupe GEST.) Après l'arraisonnement de ce navire, les six Français à bord se sont vu offrir la possibilité de rentrer dans notre pays immédiatement, ce qu'un certain nombre d'entre eux ont refusé.

Mme Cécile Cukierman. C'est scandaleux !

M. François Bayrou, Premier ministre. Monsieur le Sénateur, si les vrais otages, ceux qui sont détenus à Gaza, s'étaient vus offrir la possibilité de rentrer dans leur pays immédiatement, je vous assure qu'ils l'auraient fait, et que l'on n'utiliserait plus le mot d'otage pour eux. Il est inacceptable d'instrumentaliser les événements de cette manière ! (Bravo ! et applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

Mme Cécile Cukierman. Vous récrivez l'histoire ! (Les membres du groupe CRCE-K se lèvent et quittent l'hémicycle, sous les huées du groupe Les Républicains.)

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