Question de M. ROIRON Pierre-Alain (Indre-et-Loire - SER) publiée le 12/06/2025
Question posée en séance publique le 11/06/2025
M. le président. La parole est à M. Pierre-Alain Roiron, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. Pierre-Alain Roiron. Madame la ministre, depuis Nice, Emmanuel Macron s'érige en grand défenseur des océans, mobilise la communauté internationale et vante son leadership.
Pendant ce temps, en France, le réel tangue : réintroduction des pesticides interdits, suppression des zones à faibles émissions et, désormais, suspension brutale de MaPrimeRénov'. « Ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas » : l'engagement pris en 2022 à Marseille n'est plus qu'un souvenir dissipé par les courants budgétaires.
Résultat : des millions de ménages modestes vont renoncer à rénover leur logement. Des artisans du bâtiment, déjà fragilisés, vont voir leurs carnets de commandes se vider. Dans les zones les plus polluées, les habitants continueront de respirer un air vicié, faute de politiques de mobilité urbaine. Et nos agriculteurs, eux, doivent composer avec un brouillard réglementaire où l'on autorise d'une main les insecticides que l'on avait interdits de l'autre.
Mais le plus sidérant, c'est que ce même Président de la République, celui-là même qui a dissous l'Assemblée nationale il y a déjà un an, reproche aujourd'hui à son propre gouvernement ainsi qu'aux parlementaires qui sont proches de lui les reculs qu'il a lui-même rendus possibles. Depuis Nice, il fustige la destruction des politiques écologiques, qu'il a pourtant laissées s'éroder dans un silence prolongé. Il appelle à maintenir un cap après avoir sabordé la boussole... À l'international, on sermonne ; à domicile, on détricote.
Ma question est simple : quelles mesures concrètes prendrez-vous, ici et maintenant, pour que les classes les plus modestes ne soient plus les variables d'ajustement de votre renoncement écologique, lequel résulte des plus de 1 000 milliards d'euros de dettes dont vous êtes les comptables ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement publiée le 12/06/2025
Réponse apportée en séance publique le 11/06/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée, porte-parole du Gouvernement.
Mme Sophie Primas, ministre déléguée auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Pierre-Alain Roiron, je vous remercie de votre interpellation, car elle touche en réalité à l'un des engagements les plus importants du Gouvernement. Non, monsieur le sénateur, le Gouvernement ne recule pas et n'a pas l'intention de le faire. (Ah ! sur les travées du groupe SER.)
M. Patrick Kanner. Mais cette majorité, oui !
Mme Sophie Primas, ministre déléguée. Il s'adapte aux réalités, il ajuste ses politiques publiques, qu'il évalue, mais il avance. Il avance résolument vers un modèle sobre en carbone, plus respectueux de la biodiversité, plus en phase avec les réalités économiques et sociales de notre pays.
Mme Laurence Rossignol. Vraiment ?
Mme Sophie Primas, ministre déléguée. Tous ensemble, nous avons engagé des transformations profondes dans tous les secteurs. Ainsi, dans le domaine des mobilités, nous avons procédé à des investissements sans précédent dans les transports en commun et nous avons favorisé l'essor de la filière électrique en France, avec un plan Vélo massif.
Pour les océans, dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l'océan (Unoc), nous avons porté haut la voix de la France pour sanctuariser, par exemple, les aires marines protégées. Grâce à notre action, les zones de protection forte sont passées de 0,1 % à plus de 4 % de notre zone économique exclusive. Et ce n'est qu'un début !
Dans le bâtiment, secteur qui représente 10 % de nos émissions de gaz à effet de serre, l'effort est également massif. Cependant, monsieur le sénateur, il doit être maîtrisé pour être soutenable et pérenne au regard de nos finances publiques. C'est la raison des ajustements opérés sur MaPrimeRénov', qui tendent à en assurer l'efficacité, à éviter les abus et à répondre concrètement aux attentes des Français.
S'adapter aux contraintes des Français, c'est non pas renoncer, mais chercher un chemin pour atteindre notre objectif de façon efficace. L'écologie que nous défendons tous ensemble, nous la voulons positive, nous la voulons concrète, nous la voulons ambitieuse et nous la voulons partagée par les Français. C'est une écologie du quotidien, qui protège les plus vulnérables sans faire peser le poids de la transition sur les épaules de ceux qui ont le moins de marge.
Mme Laurence Rossignol. C'est pour la postérité !
Mme Sophie Primas, ministre déléguée. C'est aussi une écologie compétitive pour nos entreprises, pour nos chercheurs, pour nos territoires qui innovent.
La réduction de l'empreinte carbone est non pas un frein, mais une occasion de consommer mieux, de produire autrement et de créer de l'emploi local. Monsieur le sénateur, ce qui est en jeu, c'est la souveraineté, la santé et la prospérité de notre pays.
Nous ne fermons pas les yeux. Personne ne ferme les yeux, ni le président de la République, ni les membres du Gouvernement, ni, je le sais, ceux de cette assemblée. (Exclamations sur les travées des groupes SER et GEST.)
M. Michaël Weber. Nous voilà sauvés !
Mme Sophie Primas, ministre déléguée. Nous ne nous résignerons pas et, surtout, nous voulons bâtir avec vous un avenir durable pour les Français. (MM. Bernard Buis et François Patriat applaudissent.)
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