Question de Mme CUKIERMAN Cécile (Loire - CRCE-K) publiée le 26/06/2025

Question posée en séance publique le 25/06/2025

M. le président. La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

Mme Cécile Cukierman. Monsieur le Premier ministre, le conclave sur les retraites, celui-là même dont la promesse vous a permis d'échapper à la censure cet hiver, s'est achevé sur un échec des négociations - il faut le dire.

Cet échec était prévisible, puisque vous avez refusé de mettre sur la table l'abrogation de la retraite à 64 ans.

Cet échec est aussi la conséquence de l'obstination du patronat à ne céder ni sur la pénibilité ni sur les carrières anticipées.

Ma question est donc simple : allez-vous présenter, comme vous vous y êtes engagé, un projet de loi au Parlement ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K. - Mme Colombe Brossel et M. Hervé Gillé applaudissent également.)


Réponse du Premier ministre publiée le 26/06/2025

Réponse apportée en séance publique le 25/06/2025

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. François Bayrou, Premier ministre. Madame la présidente Cukierman, je l'ai dit et je le répète : à mes yeux, pour avoir suivi minute par minute, depuis quatre mois, les négociations qui se sont déroulées avec tous les participants au conclave, représentants des salariés ou représentants des entreprises, des progrès considérables ont été accomplis. Comme beaucoup l'ont dit, l'accord était à portée de la main : on était à quelques centimètres de la réussite du conclave. (Exclamations ironiques sur des travées du groupe Les Républicains.)

Allons-nous laisser ces progrès sans suite ? Ma réponse est non.

Nous allons, autant que possible, prendre en compte la totalité des concessions consenties et des compromis dessinés par les salariés et les entreprises.

M. Pascal Savoldelli. C'est vaporeux, ça !

M. François Bayrou, Premier ministre. Le Gouvernement prendra ses responsabilités,...

M. Rachid Temal. Que faites-vous du Parlement ?

M. François Bayrou, Premier ministre. ... et cela n'a rien à voir, monsieur le président Kanner, avec la menace d'une censure. Puis-je vous rappeler que nous sommes tous les jours sous la menace de la censure ? Il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale et chacun s'en est aperçu !

M. Pascal Savoldelli. Il y a une majorité populaire contre les retraites !

M. François Bayrou, Premier ministre. Il est donc inutile de penser, comme Chantecler, que c'est le chant du coq qui fait se lever le soleil.

Mme Laurence Rossignol. Répondez plutôt à Mme Cukierman !

M. François Bayrou, Premier ministre. Nous avançons de manière déterminée...

M. Rachid Temal. ... vers la fin...

M. François Bayrou, Premier ministre. ... sur la voie, tracée par les Français eux-mêmes via leurs représentants, des progrès de la société française. Je suis un défenseur de la démocratie sociale ; tout le monde ici le sait. La présidente Cukierman peut donc être assurée que ce travail ne sera ni oublié ni annulé. (Mme Cécile Cukierman fait la moue.) Nous allons l'assumer devant les Français dans le cadre des responsabilités gouvernementales qui sont les nôtres. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI. - MM. Emmanuel Capus, Daniel Chasseing et Loïc Hervé applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme Cécile Cukierman, pour la réplique.

Mme Cécile Cukierman. Monsieur le Premier ministre, votre totem d'immunité reposait sur deux choses : l'organisation d'une négociation sur la réforme des retraites et le retour devant le Parlement avec un projet de loi. Quatre mois se sont écoulés, vous l'avez rappelé, et vous n'avez respecté aucune des conditions de l'accord que vous aviez passé avec les parlementaires socialistes.

Vous affirmiez pourtant le 16 janvier - ce sont vos propres termes - « que cette discussion aurait lieu sans totem ni tabou ».

« Comme je l'ai indiqué hier au Sénat, ajoutiez-vous, le Parlement aura, en tout état de cause, le dernier mot. »

Or vous avez déclaré dès le début du conclave que le retour de l'âge légal à 62 ans était exclu des issues possibles et vous avez ajouté que les propositions qui seraient émises devaient permettre de dégager 6 milliards d'euros pour équilibrer le système. Vous avez donc sciemment dénaturé la négociation et empêché le dialogue social, auquel vous semblez si attaché, de se tenir avec sérénité.

Il y a dix jours, vous annonciez qu'il existait un chemin pour un accord. Hier et encore aujourd'hui, vous nous répondez qu'un chemin existe pour sortir de l'impasse. Pardonnez-moi, monsieur le Premier ministre : si je crois en votre goût de la randonnée, je ne vous accompagnerai toutefois pas dans le Jurançon, de crainte de m'égarer sur un de vos fameux « chemins » qui ne sont, de fait, que des impasses.

L'abrogation - oui ! - demeure à ce jour fortement attendue et exigée par une grande majorité de nos concitoyens. Elle reste la seule issue pour ce qui est de répondre à leurs attentes, y compris celles qui ont trait à la pénibilité et au temps de travail. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et SER. - Mme Raymonde Poncet Monge applaudit également.)

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