Question de M. HENNO Olivier (Nord - UC) publiée le 26/06/2025

M. Olivier Henno attire l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la crise persistante du recrutement dans l'éducation nationale et ses conséquences pour la continuité et la qualité du service public d'enseignement.

Depuis plusieurs années, l'école publique en France connaît une pénurie croissante d'enseignants dans de nombreuses disciplines fondamentales, telles que le français, les mathématiques, la physique-chimie ou encore les langues vivantes. Ce déficit est aggravé par une baisse alarmante du nombre de candidats aux concours de recrutement, avec certaines académies particulièrement touchées.

Dans l'académie de Dijon, par exemple, le rectorat a lancé une expérimentation controversée consistant à réaffecter des professeurs de mathématiques ou de sciences physiques à l'enseignement du français, faute de personnels qualifiés disponibles dans cette discipline. Cette initiative a suscité de vives réactions de la part des syndicats enseignants, qui dénoncent une atteinte à la spécialisation pédagogique et à la qualité de l'enseignement.

Cette situation soulève une question plus large sur l'attractivité du métier d'enseignant, confronté à une perte de sens, une précarisation croissante dans certaines académies, un manque de reconnaissance et des conditions d'exercice jugées de plus en plus difficiles, notamment en zone d'éducation prioritaire.

Alors que l'éducation nationale représente un pilier essentiel de la cohésion sociale et de l'émancipation individuelle, il paraît urgent de repenser la politique de recrutement et de revalorisation du métier afin de répondre aux besoins éducatifs des élèves et de garantir un enseignement de qualité sur l'ensemble du territoire.

Aussi, il est demandé au Gouvernement de préciser comment il entend revaloriser et moderniser le métier d'enseignant afin d'en améliorer l'attractivité et de prévenir la pénurie de candidats aux concours, tout en préservant la spécialisation pédagogique indispensable à la qualité de l'enseignement.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale


Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 30/10/2025

Depuis plusieurs années, le Gouvernement prend des mesures concrètes en faveur de la revalorisation des enseignants et de l'attractivité des métiers. Au 1er septembre 2023, l'ensemble des enseignants a bénéficié d'une hausse inconditionnelle de rémunération, quels que soient leur corps, leur statut (titulaire, contractuel ou stagiaire) et leur ancienneté. Pour reconnaître l'importance et la charge des missions d'accompagnement et d'orientation, le montant de l'indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves (1er degré) et de la part fixe de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (2nd degré) a été augmenté pour atteindre 2 550 euros bruts par an. La grande majorité des lauréats de concours bénéficie par ailleurs de la prime d'attractivité prévue par le décret n° 2021-276 du 12 mars 2021 instituant une prime d'attractivité au bénéfice notamment des personnels enseignants, dont les montants ont été revalorisés en septembre 2023. Cette prime est en effet ouverte aux enseignants qui sont situés entre les premier et neuvième échelons de la classe normale. En complément de la revalorisation de ces indemnités, des mesures de carrière offrent de meilleures perspectives d'évolution professionnelle en facilitant et en accélérant l'accès aux grades supérieurs des enseignants situés dans la deuxième moitié de carrière. Le taux de promotion à la hors-classe a été augmenté progressivement : il est passé de 18 % en 2022 à 21 % en 2023, 22 % en 2024 et 23 % en 2025. Depuis septembre 2024, un taux de promus/promouvables a remplacé la règle du contingentement pour l'accès à la classe exceptionnelle, qui a dans le même temps été défonctionnalisée : les enseignants ayant l'ancienneté requise pour prétendre à une promotion à la classe exceptionnelle sont ainsi tous promouvables quelles que soient les fonctions exercées au cours de leur carrière. Le contingentement à l'échelon spécial de la classe exceptionnelle a par ailleurs été supprimé : l'accès à l'échelon sommital de ce grade est désormais linéarisé. Ce passage facilité et accéléré aux grades supérieurs permet aux enseignants de terminer leur carrière à des indices plus élevés qu'auparavant, ce qui constitue un avantage pour la liquidation de leur retraite. En outre, le ministère offre de meilleures conditions d'entrée dans le métier aux lauréats des concours avec un chantier d'ampleur qui a été mené en 2022 et 2023 afin d'améliorer les règles de reprise des services antérieurs à l'occasion de la nomination dans les corps enseignants. Ces mesures permettent ainsi de diversifier les profils recrutés et d'offrir des secondes parties de carrière attractives. Outre cette revalorisation sans condition, sur la base du volontariat et selon les besoins identifiés dans chaque école et établissement, les professeurs effectuant des missions complémentaires peuvent bénéficier de gains de rémunération supplémentaires en adhérant eu Pacte. Enfin, la réforme du recrutement des personnels enseignants prévue par le décret n° 2025-352 du 17 avril 2025 modifiant les conditions de recrutement et de formation des corps enseignants, du personnel d'éducation et des maîtres de l'enseignement privé sous contrat du ministère chargé de l'éducation nationale vise à renforcer l'attractivité des métiers de l'enseignement et de l'éducation en offrant aux lauréats de ces concours la possibilité d'une entrée progressive dans le métier tout en étant rémunérés. Les concours de recrutement des personnels enseignants seront désormais accessibles dès le niveau bac + 3. Ces nouvelles modalités vont ainsi permettre aux candidats qui justifient à la date de publication des résultats d'admissibilité d'une inscription en dernière année d'études en vue de l'obtention d'une licence (ou titre ou diplôme reconnu de niveau équivalent), comme ceux qui justifient d'ores et déjà d'une licence, de se présenter aux concours de recrutement des personnels enseignants selon ces nouvelles modalités dès la session 2026. Après réussite au concours, les lauréats titulaires d'une licence bénéficieront d'une formation initiale rémunérée de deux ans. Ils effectueront une première année de formation dans un établissement d'enseignement supérieur en qualité d'élèves fonctionnaires et percevront une rémunération égale à l'indice minimum de traitement de la fonction publique. Ils seront ensuite nommés fonctionnaires stagiaires pour une durée d'un an suite à cette première année, sauf en cas de constat d'insuffisance manifeste. Grâce à l'ensemble de ces mesures, le ministère chargé de l'éducation nationale entend renforcer l'attractivité du métier d'enseignant et en améliorer les conditions d'exercice.

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