Question de M. DUROX Aymeric (Seine-et-Marne - NI) publiée le 26/06/2025

M. Aymeric Durox expose à Mme la ministre de la culture que Chateaubriand vint à Fontainebleau en novembre 1834 après avoir définitivement abandonné toute ambition politique. À l'époque, Prosper Mérimée est nommé inspecteur général des monuments historiques et l'archéologie française bénéficie pour la première fois d'une véritable attention des pouvoirs publics.

Pour enrichir sa carrière dans la diplomatie, Chateaubriand explora cette nouvelle science, en s'intéressant aux fouilles de la riche région de Campanie, berceau de la cité antique de Pompéi au sud de Naples.

En souvenir de l'héritage des Jeux olympiques en Île-de-France, il conviendrait d'approfondir les recherches entreprises par Chateaubriand et son professeur, l'abbé Revert, au sujet des autels tauroboliques du Mont-Dol dont les origines antiques restent encore à élucider et dont les héritages grec et perse font partie des recherches inédites figurant dans le fameux manuscrit du professeur Marie-François Rever (1753-1828) : aux origines des observations archéologiques de Chateaubriand.

Si la Galerie du temps dans l'enceinte du Louvre à Lens explore l'importance des traces de ce culte d'origine perse et ses autels tauroboliques, d'autres villes ont récemment entrepris des découvertes archéologiques sur ce sujet comme Angers, Dol-de-Bretagne et Strasbourg. Ce travail de prospection pourrait fortement intéresser d'autres sociétés savantes dont le passé archéologique remontant à l'Antiquité reste encore à explorer.

La vasque olympique est de retour à Paris et celle-ci offre une opportunité de valoriser le patrimoine francilien des autels tauroboliques.

Par conséquent, il lui demande si ses services peuvent étudier l'opportunité de mettre en valeur les autels tauroboliques que Chateaubriand avait explorés dans ses travaux.

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Transmise au Ministère de la culture


Réponse du Ministère de la culture publiée le 30/10/2025

L'autel taurobolique est un monument de pierre réalisé en commémoration d'un acte rituel pratiqué en l'honneur de la déesse Cybèle, qui consistait à sacrifier un taureau. Depuis les années 1970, plus de 71 autels de cette nature ont été répertoriés pour la Gaule, dont une majorité dans la vallée du Rhône, en Narbonnaise et Aquitaine. La plus grande collection est visible au musée Eugène-Camoreyt de Lectoure (Gers) qui en conserve une vingtaine ; sept ont été découverts à Die, six à Lyon… Ces objets, qui renseignent sur les cultes à mystères concernant des divinités d'origine orientale importées en Gaule, ici Cybèle à qui l'on offrait ordinairement ce genre d'autel ou bien Mithra, ont depuis longtemps suscité l'intérêt des chercheurs. La première iconographie chrétienne a largement puisé à cette dimension sacrificielle des autels tauroboliques pour renforcer la symbolique globale du paganisme, ouvrant la voie au développement d'un imaginaire collectif qui perdure encore aujourd'hui. Ces cultes ont ainsi souvent alimenté les discours romantiques sur les origines de la France, accrochant une approche du merveilleux à quelques vestiges antiques retrouvés. C'est notamment le cas de Chateaubriand qui, dans ses écrits sur le christianisme, comme son roman « Les Martyrs », n'hésite pas à mêler plusieurs divinités des cultes antiques, à grand renfort d'anachronismes. Son approche est alors essentiellement littéraire. Depuis quelques années, cependant, la recherche archéologique permet de renouveler la connaissance des cultes à mystères, grâce à la mise au jour de lieux de culte comme ceux d'Angers (Pays de la Loire) ou de Lucciana (Corse), au cours d'opérations archéologiques de fouille conduites avec rigueur. Les résultats de ces recherches scientifiques ont d'ailleurs fait l'objet de publications, comme en 2001, concernant la musique sur les autels tauroboliques, ou de valorisation, comme en 2022, avec l'exposition du musée Saint-Raymond de Toulouse, « Le Mystère Mithra, plongée au coeur d'un culte romain », qui a reçu le label « Exposition d'intérêt national » du ministère de la culture. Dans ce contexte, les travaux des érudits de la fin du 18e ou du début du 19e siècle, comme François Rever, intéressent aujourd'hui les chercheurs moins pour les données qu'ils contiennent que pour le matériau qu'ils fournissent aux études historiographiques ou épistémologiques. En effet, ils constituent les témoignages des différentes étapes de l'histoire de la recherche et de son évolution. Néanmoins, la recherche archéologique, soutenue aujourd'hui par le ministère de la culture, a bien quitté l'âge du narratif romantique pour celui d'une démarche scientifique diachronique et transversale permettant ainsi de mieux connaître et de mettre en valeur l'ensemble du patrimoine archéologique national depuis la Préhistoire la plus ancienne jusqu'à la période contemporaine.

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